EN DESCENDANT le BOULEVARD : 2ème balade.

Si nous reprenions notre promenade! Tiens? Des nouveaux venus dans notre groupe? Soyez les bienvenus parmi nous! Suivez-nous! Nous allons déambuler d’une maison à une autre, au gré de mes souvenirs. Nous sommes maintenant, en continuant notre parcours initial, devant la maison de M. GRAS.

Devant la porte, sa fille Paulette accompagnée de ses amies Joujou SEMPÉRÉ, Olympe CALLAMAND, Paulette et Lucienne LAMBERT, Gisèle MACIA, paraissent bien animées. Elles projettent sûrement une sortie. Laissons-les à leurs papotages. Savez-vous que cette maison fut, dans les années 57-58, une crèche? C’est l’action Catholique, dirigée par madame BOUR et une trentaine de bénévoles, qui l’a créée et mise sur pied. En avançant un peu plus, nous voici devant la vieille maison de Joseph POVEDA, mon oncle. Nous l’avons habitée quelques temps. Elle est restée fermée jusqu’à …. ce 31 décembre 1959. Vous souvenez-vous du couvre-feu qui paralysait le village? Nous les jeunes, avions décidé avec l’aide de Sylviane et René mes cousins, de célébrer, malgré tout, la nouvelle année dans la salle à manger de la vieille maison. Il y a avait là : Eugénie, Norbert, Armande, Louis, Nadia, Blondine, Jocelyne, Michel, Josette, René, Sylviane, Jacques, Jadette, Odile, René, Chantal, Jean-Louis, Titou, Marie-Jo, Paul et d’autres dont les noms m’échappent. Que de souvenirs!!! Dès 8h du soir, jusque vers 6h du matin, plus personne dans les rues. Nous étions une vingtaine de copains enfermés, à enterrer l’année 59. C’était l’année du BIG BISOU, des PLATTERS, de GLORIA LASSO, de DALIDA, de Paul ANKA, de Harry BELAFONTE, de BILL HALEY…..et les cha-cha-cha, les mambos, les calypsos, les slows, les rock se succédaient. Les jupes, en tissus d’ameublement et fort juponnées, tournoyaient de plus belles! OUF!! Ça « crépite » dans ma tête! Un vrai feu d’artifice!!!!,!!! !!!

Allez! Pas d’émotion! Coupons court! Refermons doucement la porte de notre « Nigth Club » d’un soir et passons à côté. Toujours la maison du Tonton Pépico. Le portail de la cour est entrouvert. Entrons! La curiosité est permise. Il y a bien du remue-ménage! Hum! l’agréable fumet! Voyez-vous ça ! Toute la famille semble être réunie. Je vois: on prépare des gaspachos! Chacun s’affaire. La poêle est sur le feu de bois. Le bouillon mijote. La table n’est pas encore dressée. Les plus jeunes, eux-aussi, donnent un coup de main. Ils débitent avec application des petits morceaux de galettes encore tièdes qu’ils amassent sur un torchon blanc, mangeant en cachette, de temps en temps, un petit carré de pâte. Le Gaspacho est en bonne voie et en bonne main. Nous reviendrons un peu plus tard prendre l’apéro avec eux. Sortons admirer la villa de l’autre côté de la rue : La villa ROSELLO. Que de fois je l’ai admirée! Les volets étaient toujours fermés! Cette famille, je l’appris plus tard, résidait à ALGER et venait à RIO quelques jours, puis repartait. Je n’ai jamais vu les enfants. Seulement madame LAGET, une respectable dame à cheveux blancs. Qui était-elle? Je ne l’ai jamais su. Continuons notre balade! Avançons jusqu’à l’angle de la maison et tournons à droite. Direction…. le cinéma d’ Alfred SALA et de Méméto VIRUEGA : « Le TRIUMPH »!! Quel beau cinéma ce TRIUMPH! Moderne! Rien à voir avec le VOX et le CASINO que nous visiterons plus tard. Le TRIUMPH est tout récent, grand écran fermé par des tentures de velours rouge, murs tapissés de toile de jute, fauteuils confortables en velours rouge aussi. Vous voyez l’ambiance!! Hé!… vous entendez cette musique? « La Danse du Feu « de Manuel de FALLA qui nous appelait l’entracte fini : « Mesdames et Messieurs veuillez regagner vos places, la séance va commencer». Oh! La! La! les souvenirs se bousculent! Et les soupirs aussi..!Arrêtons là! Regagnons le boulevard. Pas de mélancolie s’il vous plaît! En face la maison de la grand-mère ARACIL, grand-mère de Marie-Jeanne et de Marie-Paule. Mais où vécut aussi notre ami « Petit René » comme l’appelait sa mère, Fifine CARDONA. Tiens! Rose-Marie est assise sur les marches à l’entrée. Elle attend sûrement son frère Paul. Plus loin, sur ce trottoir, l’atelier de monsieur SEMPÉRÉ, bourrelier de son état, le père de Paule. Devant la porte, les colliers des mules attendent qu’on vienne les récupérer. Dans les années 30, monsieur NAVARRO, le grand-père d’ Eva, Gaby, Francine et Henri, cardait le crin, pendant que son épouse et ses ouvrières habillaient les belles saladéennes. Mais regardez donc qui s’avance vers nous? NINITCHE!!! Comment ? Vous ne vous souvenez pas de Ninitche! Le chien de monsieur et madame JEAN! Un caniche tout frisotté, comme moi, lorsque je sortais du salon de coiffure de monsieur JEAN! Le chien s’installait à l’entrée, sous le rideau de perles et il fallait lui demander pardon pour passer. Avec la mode de l’indéfrisable, monsieur JEAN eut besoin de renfort, Jeanine COLLMAN, Annette MILLAN et je pense Hermine JAÏME, vinrent coiffer la plupart des têtes saladéennes. Puis Claudine CHORRO prit la suite. C’est elle qui me fit un superbe chignon, pour mon mariage, à grand renfort de laque. Et oui! Vous m’entendez soupirer? Désolée! C’est que je n’ai plus jamais eu de chignon! Allez! Je galège comme disent les Sétois. Je plaisante quoi! Mes soupirs vont vers ce temps écoulé, bien sûr!!!Pas de regret! Laissons ces dames travailler et allons dire bonjour à madame MACIA, qui est au balcon juste au dessus de nos têtes. Elle attend François et Arlette. Gisèle a déjà convolé en justes noces avec Camille POVEDA. Et d’année en année, ma mémoire et mes souvenirs nous emmènent sur le trottoir en face où réside le docteur GUTIERREZ, son cabinet médical attenant à son logis. Savez-vous qu’en juillet 1953, le docteur Marcel RUIZ le remplaça le temps d’un été? Vous pouvez me croire : je vous l’assure. Je peux vous le confirmer. J’ai mes informateurs! C’est Michelle CHORRO qui, encore une fois, m’a rapporté l’info, et un gentil message du Docteur RUIZ lui même, qui garde un très bon souvenir de Rio et de la plage où il allait se baigner entre midi et deux heures. Après le départ du docteur GUTTIERREZ, c’est Maryse et ALFRED SALA qui s’y installèrent. Et…tout près de leur maison, enfin! Le premier d’une longue liste de cafés, le café de madame GATTI. Je dois vous dire ,vous les jeunes recrues de notre groupe, que chez nous il n’y avait pas de bars mais des cafés. Ça y est! René est content! Il ne les voyait pas arrivés ces cafés! «N’oublie pas de parler des cafés Jadette!». Comme si nous pouvions les oublier! Arrêtons un instant, le temps de déguster une boisson: «Nous prendrons bien un petit café, madame GATTI, nous avons encore une longue promenade à faire», Savez-vous qu’il y avait 13 débits de boisson dans le village. Nous irons les voir de plus près au cours de notre balade.! Allons! Continuons! Passons en face voir Madame Callamand. Elle nous donnera des nouvelles de Claude bientôt médecin. A côté, l’atelier de monsieur PEREZ le vulcanisateur, « ROJO« , comme l’appelle ses copains. Des colonnes de pneus s’entassent devant la porte. Une grande enseigne DUNLOP orne sa devanture. J’oublie sûrement quelque chose, mais je n’allais jamais voir monsieur PEREZ. Nous avions BOUDISSA pour nos vélos. Antoine et Christine, ses enfants, sont sûrement à la maison. Et nous voilà devant la banque C.F.A,T (Crédit Foncier d’ALGERIE et De TUNISIE). Belle bâtisse, n’est-ce pas! Monsieur ROSAS Marcelin assura la direction en 1928. Dans les années 45, monsieur DELPORTE prit la relève. Madame DELPORTE Madé et Hélène devinrent des saladéennes. Après leur départ, ce fut M. BONIOL qui prit les commandes. Il avait une fille dont j’ai oublié le nom qui fréquentait l’école primaire. Le dernier directeur fut monsieur Lucien GARAIT, le père de René, d’Yvette et de notre ami Christian. Bien sûr, vous n’avez pas oublié les employés Jean ESTÈVE,notre supporter sportif, Jeannot YVARS, et Lucien DION. Que tout cela est loin! Et cependant si présent dans ma mémoire!!!! Nous n’irons pas plus loin: la promenade a été longue et nos jeunes recrues s’y perdraient.

11 réflexions sur « EN DESCENDANT le BOULEVARD : 2ème balade. »

  1. Bonsoir Jadette.
    Je t’ai suivi dans cette 2éme partie de la descente de notre célèbre Boulevard (le plus beau et le plus animé de l’axe Oran-Tlemcen).
    Tu as « ouvert » des portes et des souvenirs qui, s’ils n’étaient pas effacés, étaient un peu « emborriés ».
    Tu parles de ce fameux réveillon. Nous en avons souvent parlé pour nous demander, avec le recul, comment les parents des filles de Rio et d’ailleurs ont pu les autoriser à passer toute une nuit enfermées? Tout cela dans le contexte du couvre feu. Je pense que la présence de Sylviane a dû être déterminante.
    Qui se souvient que c’est le Docteur Gutierrez, qui le premier à Rio, a soigné par l’homéopathie? Ce qui rendait les anciens méfiants et moqueurs.
    Plus bas, tu t’arrêtes devant chez le vulcanisateur, le « Rojo ». Une figure du village. Là, je me souviens du compresseur : un Bibendum Michelin dont le long tuyau terminé par un manomètre de gonflage sortait de la bouche. Quand il était allumé, il tremblait et faisait un bruit infernal.
    A la banque, tu évoques Lucien Garait et son équipe. Mais tu as oublié Émile (Mimilo) Garait qui était également le correspondant de l’Écho d’Oran à Rio dont les articles toujours très pertinents et pas chauvins(?) étaient très attendus.
    Après l’indépendance, Jean Estève, Lucien Dion, et Mimilo avaient été mutés à Témouchent et comme je commençais à travailler à la Maison du Colon souvent je faisais la route avec l’un d’eux.
    Tu as parlé du premier café (Gatti).
    J’attends la suite et te donne RdV au dernier café(?) devant, bien sûr, une anisette avec une bonne kémia avant le Jardin Public avec tous les amis.
    Bien amicalement.
    René.
    Abidjan.

  2. Ma chère Jadette ,j’avais oublié ce réveillon ……mais les photos sont là !!!!
    Bravo pour tes recherches et tous ces souvenirs.
    Je t’embrasse.
    Nadia

  3. Bonjour Jadette , tu parles de la maison de la grand-mère ARACIL, à côté de chez le bourrelier, boulevard national. Ce n’était pas la maison de la grand-mère de Marie-Jeanne et de Marie-Paule mais celle de ma grand-mère Thérèse et de mon grand-père Paul ARACIL. Ils ont vécu là jusqu’en 1958, date à laquelle nous avons occupé la maison avec mes parents. Effectivement, après le retour de mon père en France, la famille Cardona s’y est installée.
    Très bonne année 2019
    Luce ARACIL

  4. Bonsoir Luce! Quel plaisir de t’avoir parmi nous! Merci de rectifier mes erreurs. J’ai confondu vos deux grands-mères, je la voyais souvent lorsque j’allais chez mon oncle et ma tante Poveda, ils habitaient la maison à côté .
    Bonne et heureuse année à toi aussi!

  5. Bonjour Jadette. Je viens de lire  » En Descendant le Boulevard ». Je n’en reviens pas, c’est le cas de le dire…Quand j’ai reçu ton mail hier, je croyait que tu étais à RIO. Quelle culture, et quelle précision dans les détails ! Et quand je dis  » quelle culture ! », je parle de la vraie culture, celle de la mémoire, de ce que nous étions culturellement, et qui a façonné ce que nous sommes aujourd’hui. Grâce à la gardienne de notre passé que tu es, je fais le pari ( la foi est un pari) que Rio Salado, le vrai, celui de nos racines, ne disparaîtra jamais. Merci.

  6. Rebonjour Jadette. A la deuxième ligne du commentaire que je viens d’envoyer, il convient de lire … »je croyais.. » et non … »je croyait… ». Comme j’étais prof et que j’ai fait passer le bac pendant 30 ans à des centaines d’élèves, ça la fout mal, comme on dit…Encore merci.

    1. Bonjour Marc! Je te remercie. Ton commentaire prouve que le but que je me proposais: faire revivre RIO et surtout l’empêcher de tomber dans l’oubli , est atteint .J je peux donc continuer à réveiller notre jeunesse passée « LÀ-BAS ».
      Quand à ta deuxième intervention, comme Andrée MONTERO, qui nous a régalés avec tant de romans, me l’avait écrit alors que je me trouvais dans la même situation que toi:
      «Pas d’ importance, Jadette, ce n’est qu’une « coquille! « » alors:
      «Pas d’ importance, Marc, ce n’est qu’une coquille. »
      Amitiès saladéennes!

  7. Bonjour Jadette,

    Dans votre belle balade « En descendant le boulevard », vous parlez de votre cher tonton Pépico. Je voulais savoir si c’est bien la même personne appelée Mr Miquel Joseph, natif de Aïn Temouchent, né en 1837 qui a construit le magnifique moulin, ainsi que le premier cinéma-théâtre, à l’angle de la rue Bugeaud à Aïn Temouchent. Cette place reste aujourd’hui très animée avec son marché.

    C’est un plaisir de vous lire…et de vous écrire.

    1. Désolée Nadia, de répondre aussi tard à votre commentaire. Mon oncle habitait RIO et n’avait aucun lien de parenté avec M. MIQUEL Joseph. Par contre, Je suis contente d’apprendre que vous nous suivez dans nos balades, et j’espère vous avoir avec nous lors de nos prochaines promenades à travers les rues de RIO. Amicalement Jadette

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