Appel à vos souvenirs …

Connaissez-vous le nom de ces graines ?

photo Jadette SALVA (nov.2025)

Non ???

Je vous donne un indice :

Ce sont les fruits d’un arbre qui pousse autour de la MÉDITERRANÉE.

Les graines sur cette photo, proviennent d’un arbre de notre village d’ ALGÉRIE. Elles dormaient dans un coin du placard où sont regroupées les archives de l’ AMICALE.

Est-ce qu’elles « vous parlent  » comme disent mes amis sétois !

Toujours pas trouvé ?

Deuxième indice :

Je peux ajouter, que ce ne sont pas des noix ! ni des châtaignes grillées! encore moins des petites figues sèches !

Alors ? Vous donnez votre « langue au chat » ?

Ces graines, nous les appelions des NOIX de SAPINDUS. Les fruits du sapindus contiennent une à trois noix et murissent en automne.

Quelques-unes de ces noix proviennent d’un arbre, le SAPINDUS, qui poussait dans la cour de la maison de mon oncle. La principale qualité de cet arbre, en plus de nous offrir, en été, une ombre appréciable, était le « pouvoir  » de ses noix à coques très dures qui n’étaient pas comestibles, mais qui moussaient lorsqu’on les frottait l’une contre l’autre dans une bassine d’eau. Les noix de SAPINDUS avaient les mêmes propriétés qu’une … « savonnette » . Enfants, nous prenions une de ces billes et nous allions laver nos mains sous l’eau du robinet. À notre grande joie, elles moussaient comme du savon.

Les noix de SAPINDUS, appelées « NOIX DE LAVAGE« , étaient d’utilité réduite. On ne s’en servait que pour laver du « petit de linge » ou du « linge délicat ». Trois ou quatre noix dans de l’ eau chaude et vous aviez là une eau savonneuse prête à l’ emploi.

«Bof ! Un gadget, ces noix !» m’ont rétorqué mes jeunes.

C’est vrai !

C’est vrai maintenant !

Mais en ALGÉRIE, dans les années 45, pour laver le linge, nous n’avions pas le choix. Vous ne risquiez pas de trouver des poudres genre OMO, PERSIL ou ARIEL. Il y avait bien le gros cube verdâtre de savon de Marseille. Encore fallait- il en trouver!….Alors pour laver notre linge, nous avions ces noix de SAPINDUS, et l’eau des lavoirs .

Et vous pensez sans doute, comme mes enfants, que ces noix étaient un gadget ? Alors je vais vous rapporter une conversation que nous avons eu entre amis, il n’ y a pas si longtemps. J’ai posé la question à toutes ces dames d’âges différents :

« Connaissez vous les noix de SAPINDUS ? » Suivie d’une courte explication.

« Jamais entendu parler ! » fut la réponse générale.

Mais l’ une d’entre-elles m’ a dit :

« Attendez, je me suis servie de ces graines ! Je ne connais pas le nom. Mais un moment dans ma vie, je me sentais écolo à fond, et pour laver mon linge, on me proposa dans une boutique spécialisée, un petit sac contenant trois ou quatre graines. Je mettais le sac avec ses graines dans la machine à laver. J’ai pu faire ainsi deux ou trois lavages. C’était valable ! »

La conversation s’est arrêtée là !

photo Jadette SAZLVA (nov.2025)

Donc cela confirme : je ne dis pas de bêtises. Ces noix de lavage ne sont pas des gadgets ! Vos grands mères, comme cette jeune dame, n’ont pas persévéré. A la première occasion, elles ont laissé tomber ce mode de lavage pour une autre méthode plus pratique pour elles. Elles ont fabriqué le savon qu’elles ne pouvaient avoir. Fabrication toute artisanale où les noix de SAPINDUS n’intervenaient plus. Je me souviens encore de ces journées « spéciales savon ». J’essayais toujours de me trouver dans les parages de la buanderie lorsqu’on le fabriquait . Je ne sais combien de fois je fus mise à la porte :

« Va jouer dans la cour ! »

Mais je revenais assister à ce travail en famille qui me fascinait. La buanderie était spécialement réservée à cet usage. La cheminée, noircie pas les multiples préparations, occupait tout un angle de la pièce. Dans un chaudron posé sur un trépied, cuisait un mélange d’eau, de graisse de porc et de soude caustique, que l’on touillait avec une grande cuillère en bois. Le tout mijotait allègrement diffusant une odeur pas très agréable, je dois l’avouer. Les femmes s’activaient, surveillaient ou alimentaient le feu. Bref ! Une vraie fourmilière où chacune bavardait de plus belle.

Quand le mélange avait atteint la texture homogène, elle était versée dans des moules en fer genre moule à cakes, mais très longs et étroits , où elle finissait de se solidifier en se refroidissant .

Les barres de savon étaient prêtes. On les démoulait. Il suffisait alors de les découper au couteau, en tranches de deux ou trois doigts d’épaisseur, et nous avions là de beaux morceaux de savon qui serviraient pour les lavages futurs de toute la famille. Pour clore ce tableau, je me souviens d’une lessiveuse en zinc posée sur un tabouret, de sa planche à laver en bois, et des fastidieuses séances de lavage.

photo Jadette SALVA (nov. 2025)

Pas de sourires ironiques, s’ il vous plaît ! Sachez que c’est au lavoir que vos grands mères allaient laver leur linge !

Carte postale tirée du site de l’amicale du Rio Salado.

Bon ! Allez vous laver les mains, il y a des noix de SAPINDUS sur le lavabo. Je vous offre un café. Je viens de moudre les grains. Il est encore dans le tiroir du moulin à café. Versez- le dans le filtre de la cafetière. Je verserai l’eau chaude doucement. Et voilà ! Avec sucre ou sans sucre ? Mince ! J’ai oublié de couper des morceaux dans ce pain de sucre ! Quel travail pour un café ! ! !

10 réflexions sur « Appel à vos souvenirs … »

  1. Génial ce reportage ! Les souvenirs grâce aux anciens revivent. Et ceux qui les lisent en parlent aux enfants et petits-enfants .. L’archéologie pieds-noirs n’a pas dit son dernier mot …
    C’est comme le café que faisait maman. Lorsque je travaillais, j’ai proposé un café à mon unité de soin. Le médecin décline l’invitation sous prétexte que cela lui engendrait une gastralgie dans l’heure ! Je fais le pari que le café de ma mère ne lui donnerait que du plaisir …Toute l’équipe prend du café. Certains me disent qu’il est bon.
    Avant de quitter le service, je prends des nouvelles du médecin : pas de douleurs ! Il a même dit qu’il avait pris un second café. Il voulait le mode d’emploi.
    Résultat : c’est moi qui me colle le café quand le médecin est de garde .
    Si vous voulez savoir comment maman faisait le café : au prochain reportage !!!!!

  2. Merci Jadette pour ce rappel nostalgique de notre belle et unique enfance dont je me souviens si fort avec ces noix si utiles quand nous vivions à la ferme .
    Je ne te remercierai jamais assez de me faire revivre cette vie unique et extra-ordinaire .
    JMG.

  3. Coucou Jadette.
    J’avais reconnu les noix de sapindus.
    Maman s’en servait de temps en temps. Et ce baquet avec la planche que de souvenirs !! Je la revois faisant la lessive dans la cour. J’ai eu acheté ici du sapindus…en simple souvenir. Merci pour ton récit très intéressant.. gros bisous Denise.

    1. Denise, cette planche était celle de ma mère, mon père à la dernière minute l ‘a glissée dans le cadre au moment de leur départ. Pourquoi?
      trop tard pour le lui demander. Mais je la regarde toujours avec émotion , c’est un pan de notre vie à Rio !
      Bises à Vous Tous!

    1. Bonjour Jean-François.
      Non, le point commun entre le sapin et l’article de Jadette, c’est tout simplement le lien évident (à première lecture) qui unit :
      sapin et sapindus.
      Dans mon for intérieur, et compte tenu de la racine qu’on peut deviner, je pensais que sapin et sapindus faisaient partie de la même famille.
      Un tour chez mon moteur de recherche QWANT m’informe que :
      « Il n’y a aucun lien entre Sapindus (arbre à savon) et le sapin, ce sont deux genres d’arbres distincts. »
      Me voilà averti
      !
      Bonne journée.

    2. Non, Jean François, le fruit, du caroubier est une gousse longue et plate, sucrée et comestible. Le fruit du sapindus est rond et non comestible.
      Deux points communs : ils poussent tous les deux autour de la Méditerranée et leur coque est dure.
      Amitiés!

      1. Merci Jadette, une fois encore, tu nous racontes avec talent une scène intéressante de votre vie en Algérie. Elle me rappelle les parties de lessives en Provence avec le baquet, la planche et le gros cube vert de savon de Marseille. Les récits partagés des femmes entre elles, souvent sur ce qui se passait dans le quartier, et leurs rires, en faisaient des moments conviviaux et nullement une corvée.

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