Hérisson ou châtaigne ?

Jacques a trouvé cette « chose-là ». Est-ce qu’elle vous parle ? comme disent nos amis Sétois? …

Hérisson ou châtaigne ?(photo Jadette SALVA).

                                  

Non, non, vous faites erreur! Ce n’est pas un petit hérisson. Encore moins une grosse châtaigne. Mais un gros oursin de profondeur. C’est un oursin émoussé. C’est son nom. C’est un oursin comme ceux que l’on pêchait aux « BLANQUISSARDS » , une crique entre BOU HADJAR et SASSEL . Pas très loin du CAP FIGALO.

Les oursins que Jacques a trouvés ne viennent pas de là-bas, mais de CONCARNEAU. Bien sûr, ils n’ ont pas le goût, la saveur de ceux de la MÉDITERRANÉE. Mais ils sont chargés de belles gonades, et … d’agréables souvenirs.

                                       

un plat d’oursins (photo jadette SALVA).

                                        

Un plat d’oursins bien appétissant (photo Jadette SALVA)

Le dattier de Chine de l’ ORÉE du BOIS.

Savez-vous quel est l’arbre qui se cache sous le nom de dattier de Chine ? Vous le connaissez bien sûr. Mais chez nous, il avait un autre nom: le jujubier. Qui n’ a pas dans un coin de sa mémoire, un jujubier perdu au fond d’une cour! Le mien se trouvait dans la partie sauvage du jardin de chez mes grands-parents. On y accédait par une porte en bois. Là, il poussait libre comme l’air, sans soin, dans le plus total abandon. Mais que ces fruits étaient savoureux ! Aussi, lorsque nous avons eu notre jardin, il me fallait « obligatoirement » un palmier Phénix, comme ceux du square de RIO SALADO; un galant de nuit, ( jasmin de nuit pour les non-initiés) de la villa CARREGA, une treille de chez mon père, un figuier comme celui de la cave SALVA…..

Le galant de nuit (photo Jadette SALVA)
La treille (photo Jasette Salva)

et…un jujubier ! Vous me comprenez, vous qui venez de Là-Bas ! N’est-ce pas ? Mon beau-père a comblé toutes mes envies ou presque. Pour le jujubier, ce fut une autre affaire. Nous avons cherché longtemps cet arbre chargé de souvenirs ! Un jour, Gérard LAMBERT me proposa un rejet d’un jujubier qui poussait dans la propriété du Docteur FIESCHI, dans le VAR. Merci Gérard ! Enfin j’allais avoir cet arbre qui me tenait tant à cœur !

Le jujubier (Photo Jadette SALVA)
Jujube ou date chinoise (Jadette Salva)

Depuis, il est dans mon jardin, dans une grosse jarre en terre cuite, agrémenté d’une fine guirlande électrique qui l’ illumine à la tombée de la nuit. Il ne se contente pas de « faire le beau« , il m’ offre chaque année un panier de jujubes. Et quels jujubes ! Rouges, renflés, croquants, sucrés à souhaits ! Un délice qui me fait « voyager » chaque fois que j’en croque un. !

Admirative devant ces fruits, j’eus la bonne idée d’en offrir un magnifique à mon beau fils : -Tiens ! Goûte le jujube! Aïe! Parole malheureuse! -Pas le jujube, la jujube! me répondit-il. -Qu’est ce que tu racontes ? On dit: UN jujube, pas UNE jujube. Où tu as vu ça toi? Et nous voilà en guerre… Des jujubiers, il y en a dans SETE. Le mien n’est pas le premier. Je cours chercher confirmation dans les différents dictionnaires que je possède. Le premier que j’ouvre est un LAROUSSE en deux volumes du grand-père SALVA, une belle édition de 1923. Et là ! Catastrophe!: «  Jujube: nom féminin : la jujube fruit du jujubier«  M….!, je plonge dans le LAROUSSE 2000 : « Jujube : nom masculin: le jujube fruit du jujubier« .

Un mot peut-il être des deux genres à la fois ? GOOGLE finira de me convaincre. Et oui! Le jujubier donne un jujube ou une jujube. Notre « belle langue » française a parfois des termes qui nous déroutent: le mot JUJUBE est ÉPICÈNE . Il s’emploie au féminin comme au masculin. Voyez-vous ça ! Je vous avoue humblement que je viens d’apprendre : ÉPICÈNE ! Et notre guerre prit fin . Et mon jujubier continue à me régaler quand je déguste ses belles jujubes!

Dernière récolte (photo Jadette Salva)

Quelques conseils avisés de nos amis:

Pour Joseph: c’est à consommer avec modération.

Yves, quant à lui, les préfère « fofos » (un tantinet flétris,en français).

Quant à Petit Jacques, il recommande d’éviter de les acheter dans les magasins où l’on vous propose des jujubes verts, gros et ronds comme des prunes , durs comme des patates. Essayez de les trouver dans un marché local , mais ce n’ est pas évident.

Alors , vous voilà informés. Et mon jujubier continue à me régaler lorsque je mange ses belles jujubes.

Définition Larousse (photo jadette Salva)
Défintion GooGle (photo Jadette Salva)
Les jujubes (photo Jadette Salva)

Prêtes à être déguster (Jadette Salva)

Souvenir à la « une ».

(Archive « L’Écho d’Oranie -mars-avril 2021)

Comme beaucoup d’entre nous, je suis resté fidèle à l’Écho de l’Oranie . Et, j’avoue que je le lis toujours avec beaucoup de plaisir à chaque parution. Même si je ne retrouve plus les articles de notre pertinent et regretté (un peu chauvin) « Mimilo » Garait correspondant à Rio.

Dans le N° de Mars-Avril, à la « une », une photo que je trouve remarquable.Certes elle n’est pas de Raymond Depardon.
Elle n’est ni exceptionnelle ni artistique. Elle est tout simplement banale et tout à fait habituelle pour nous.
Pourtant elle est remarquable parce qu’elle nous montre -je cherche le mot – … l’A.D.N peut être de notre communauté simple, chaleureuse, dégourdie, ouverte, familiale, conviviale, toujours prête à partager de bons moments.
Regardez toute cette famille, « habillée en dimanche ». En cravate même*. Les parents, les grands-parents, les enfants. Deux poêles de paellas posées, l’une sur une corbeille, l’autre sur une caisse. La table ? Une planche sur des tréteaux .
Tout cela en plein air, sans « chiqu
é ».
Même si depuis nous avons reconstitué en famille avec des amis ces bons moments, il a toujours (pour moi) manqué « quelque chose » de là-bas.
Amicalement.
René
Abidjan

*Je vous rappelle la blague. A Rio, quand quelqu’un portait une cravate, il se faisait interpeler dans la rue: « Oh ! tu vas te marier ? ….. (ou) Tu vas à Oran ?« 

Une journée à Punta Morena.

Comment ne pas évoquer ces souvenirs qui nous ont tellement marqués? Des moments de pur bonheur que l’on ne peut oublier! …
Chaque année, nous étions cinq familles à nous y rendre: les Lopez, les Rico, les Millan, les Muñoz et enfin les Espagnoles, Maria Rosa et Luicita, venues de Madrid !…
Nous voilà donc partis par ces sentiers tortueux regroupés dans trois camionnettes: une avec les matelas, pelochons et couvertures, l’autre avec les géricans d’eau et autres vivres, la troisième avec le restant des membres de nos familles.
Arrivés à bon port, les camionnettes étaient disposées en U de façon à pouvoir dresser les bâches pour nous protéger.

1-Albert RICO. 2- Justico MILLAN. 3- Annette MILLAN. 4- Bernadette MILLAN. 5- Clémence MUÑOZ . 6- Maria Rosa. 7- Luisita. 8- André LOPEZ. 9- Mohamed. 10- Robert MUÑOZ . -11 Lucien MILLAN. 12-Marie-Jeanne MILLAN. 13- Henriette MUÑOZ . 14 Raymond RICO. (Photo Henriette ARACI-MUÑOZ )
(Photo Henriette ARACI-MUÑOZ )

Chacun avait sa petite mission à accomplir. Nos mamans : tata Carmen, Luisa, Marinette et Ascension (ma maman) s’occupaient de l’organisation, rangeaient les provisions dans un garde manger. Mais après, manger quoi ?… Le matin de bonne heure, les femmes partaient chercher les escargots de terre, accompagnées d’un homme bien sûr. Tonton Justo, fusil à l’épaule, était désigné pour la chasse au gibier. Quant à Tonton Bernard, Ramon et Antoñico, « el socatico » (mon papa), cannes et moulinets en mains, pantalons retroussés, partaient à la pêche.

(Photo Henriette ARACI-MUÑOZ )

…Les plus jeunes -les moins de 20 ans- ramassaient oursins, moules, arapèdes et autres pour l’apéro (l’anisette maison et l’anis Gras). Au retour, tout le monde étalait son butin sur la table. Et à partir de là, nos mamans concoctaient de bons repas: grillades, paëllas, gaspachos, caracolades etc…

La salle à manger- réfectoire : anisette et gargoulette. (Photo Henriette ARACI-MUÑOZ )

Après le repas, petite sieste oblige et diverses occupations!…

Concours de plongeons. (Photo Henriette ARACI-MUÑOZ )
Sur la plage. (Photo Henriette ARACI-MUÑOZ )
1- Justo MILLAN. 2- Robert MUÑOZ . 3- Albert RICO. 4- Raymond RICO. 5- Annette MILLAN. 6- Bernadette MILLAN. 7-Maria Rosa. 8- Luisita. 9- Clémence MUÑOZ . (Photo Henriette ARACI-MUÑOZ )
1- Justico MILLAN. 2- Bernadette MILLAN. 3-Maria Rosa. 4- Albert RICO. 5- Mohamed. 6- Luisita. 7- Annette MILLAN. 8- Clémence MUÑOZ . (Photo Henriette ARACI-MUÑOZ )

Le soir, après « le souper », arrivait le moment festif: histoires, anecdotes et surtout des chants et danses avec nos Espagnoles, guitares et castagnettes en mains. « Viva la pepa »! Tout le monde s’en donnait à cœur joie. Personne n’avait envie de se coucher. Pourtant, la dernière étape de la journée devait être organisée: « la cama redonda »! Et là, c’était encore le folklore !… Bonne nuit. Faites de beaux rêves.

Henriette ARACI/MUÑOZ
N.B. : Saviez-vous qu’à Punta Morena, il y avait une source d’eau douce? Pour plus d’informations s’adresser à Albert Rico.

D’un boulevard à l’autre

D’un boulevard à l’autre les souvenirs n’ont pas le même âge,
Mais d’un boulevard à l’autre les balades sont en partage.
De Rio à Er-Rahel des noms sont dans les bagages
Et les lieux décrits comme des images
Facilitent les passages.
Les mots sont des ancrages.
Sur le boulevard à Er-Rahel les repérages sont en mémoire d’enfant faits des mêmes boutiques et du sud vers le nord, sur le trottoir de droite on passe devant l’ épicerie de l’aveugle ( Abdelkader Bellouati ?), puis devant celle de Jorro. Plus loin juste avant la mairie dans la rue transversale la charcuterie de chez Rodriguez.
Le cinéma /salle des fêtes, le bar de chez Cervantes, …le café boulangerie de chez Gauvin , la confiserie de chez Froment et plus haut le cabinet du docteur Grillot.
Et sur le trottoir d’en face en redescendant vers Rio, il y a la quincaillerie station d’essence de mon grand père Thomas Alcaraz , puis « le Cercle » où seuls les hommes peuvent entrer…la cordonnerie de chez Bénichou , la poste , le marché, le marchand de zlabias à la sortie de l’ école des filles et au coin de la rue de chez B.R. la pancarte Sassel.
( En 60/62 la station Shell à la sortie du village vers Lourmel est tenue par mon oncle Eugène Savall).
J’ai observé les lieux, gravé des itinéraires, mais pour conter des anecdotes il faudrait interroger des aînés-juste ceux qui ont de 6 à 10 ans de plus que moi- et les morts aussi!
Ils en ont tellement raconté dans nos repas de famille, à parler en français, en espagnol, et même en arabe pour que nous , enfants, ne puissions comprendre! Et ils ont beaucoup ri aussi !


Souvenirs… souvenirs: Pâques 1983.

Chaque année les retrouvailles entre amis de nos trois villages se déroulaient à PENTECÔTE.

Cette année 1983, elles eurent lieu le lundi 3 Avril 1983, un lundi de Pâques.

Je laisse notre Président ,Ernest REYNE, vous en parler: (tiré de « Amicale du Rio Salado: 40 ans d’histoire »).

« Pour 1983 toutefois, nous décidons de faire une pause. Aucun rassemblement cette année, mais, sur proposition de Jacques SALVA, une « journée capacete » au domaine KELLER, à POMEROLS, près de MEZE est programmée. M KELLER met à notre disposition un grand hangar et quelques commodités pour réunir le conseil élargi à nos parents, enfants et amis (nous étions tout de même plus de 150). L’Amicale prend en charge l’apéritif et le disc-jockey. Les participants arrivant avec le repas dans le « capacete ». Cette journée du 3 avril 1983 fut largement animée par Yvon SEGURA arrivé en grande star (Roland Magdane) et accompagné, en voiture de police, jusqu’à la porte du hangar par des agents bienveillants. »

Chacun mit du sien pour que cette journée soit mémorable. Les coutumes de nos lundi de Pâques resurgirent. On vit apparaître des visages enfarinés, au grand étonnement et à la grande joie de nos jeunes venus accompagner leurs aînés à cette fête de Pâques 1983.

Joyeuses Pâques chez nous.

Jeudi Saint: semaine sainte pour certains Turgotiens et d’autres. Des femmes et des enfants vont se recueillir en l’église Saint Léon.

Cependant ce qui était attendu, c’était le Lundi de Pâques. Bien sûr, le traditionnel retour des cloches de Rome, nous, enfants nous y croyions profondément. Le samedi, vers 10 heures, l’envolée de la cloche de notre paroisse retentissait joyeusement. Et là, les coutumes des familles surgissaient: – Va te laver les yeux à l’eau claire de la fontaine, disait ma mère. – Jette des petits cailloux (ramassés dans la cour)… – Fais des petits tas… Nous attendions le dimanche de Pâques pour remettre nos vêtements neufs étrennés le dimanche des Rameaux : robes, chaussures, sandales sans oublier les foulards portés sur la tête lors de la cérémonie pascale. Enfin le lundi matin, c’était la fête pour tous. On déposait la cocotte de frita et le poulet rôti dans un grand panier en osier accompagnés de tomates, de tartes à la confiture,de monas. Sans oublier l’eau et le vin. En carriole ou dans le camion du voisin, nous partions passer la journée à la plage. Quelle joie! Marcher sur le sable chaud! Tremper ses pieds dans l’eau de mer un peu fraîche! Ramasser les coquillages. Grâce à nos casques et nos casquettes enfoncés sur nos têtes, nous étions protégés du soleil. Ne pas oublier nos descentes, nos montées, et nos glissades sur les pentes des dunes de la SOCOMAN. Le soir, las et tellement heureux, il fallait cependant enlever avec du beurre les plaques de goudron collées aux pieds et parfois aux vêtements. Après la toilette, nous pouvions aller nous coucher, la tête pleine de souvenirs et les yeux pleins d’étoiles.

Dans nos mémoires ainsi que dans nos cœurs, tous ces lieux tant aimés sont ancrés à jamais.

Tout cela pour vous souhaiter de BONNES FETES de PAQUES, chers amis Saladéens, Er Rahéliens. Avec une pensée toute particulière pour mes chers Turgotiens.

Autour de Pâques

Les cigognes.
Elles font toujours leur nid sur la haute cheminée de la cave coopérative à Er-Rahel. On le voit bien depuis la maison. Et c’est souvent un jour autour du dimanche de Pâques que les petites cigognes prennent leur envol. Un vrai spectacle!

Photo Colette INFANTES.



Le jour de Pâques chez ma tante Marie-Jeanne.
Je suis devant le magasin de Pépé Thomas, juste sur le bord du trottoir, comme pour regarder les voitures passer. Et je mange de la mona accompagnée d’une mandarine.
La mouna (on a toujours dit « mona ») est hors de portée des enfants, sur une haute étagère dans la cuisine. Mais papa en coupe deux tranches chaque fois que la première est mangée.  » Pour égaliser, dit-il, une pour moi , l’autre pour lui, en cachette ! »
Une autre fois, encore un jour de Pâques, je me suis étalée dans les orties en cherchant les œufs en chocolat. J’étais en short, et il en a fallu du vinaigre pour tamponner mes cuisses!

Mona 2015 (archive Colette INFANTES)




Saint Éloi à Turgot.

Merci René pour ton article sur la Saint Éloi, patron des travailleurs comme les forgerons, charrons et autres métiers se servant d’un marteau pour façonner le fer. A Turgot, les ateliers de charrons, forgerons, de maréchaux-ferrants étaient nombreux car l’entretien du matériel viticole et l’utilisation de mules et chevaux, nécessitaient l’intervention de tels métiers.

Mon père, Albert ARMAND, faisait partie de ce monde là. A 14ans, pupille de la Nation, il a été embauché dans l’atelier de monsieur MONZA. Puis, il a continué son apprentissage chez monsieur GATEAU. Plus tard, il s’associe à Robert LOPEZ avant de s’installer à son propre compte, dans la maison familiale pour exercer le métier de charron-forgeron.

Aussi, notre enfance a été bercée par les bruits de la forge. Enfants, celle-ci nous a toujours attirés malgré l’interdiction de rôder dans les parages. Pourtant, notre curiosité étant plus forte, nous étions captivés par ce foyer permanent, rougissant le fer enfoui dans les braises incandescentes. Avec une profonde admiration, nous regardions mon père portant un grand tablier de cuir et muni de gants épais qui le protégeaient. Son ouvrier, Mohamed, actionnait le grand soufflet. Le fer rougissant était transporté à l’aide de grosses pinces sur l’impressionnante enclume. Puis la masse, énorme à nos yeux, assénait plusieurs coups retentissants sur cette barre encore brûlante pour lui donner la forme voulue. Ma sœur et moi, nous nous bouchions les oreilles et nos éclats de rire fusaient dans cet atelier. Que de souvenirs!!!

Plus grandes, nous ne pouvions plus y aller mais les coups de marteau parvenaient toujours à nos oreilles. Dans la cour, le nombre de charrettes, de tombereaux, de charrues augmentait durant les périodes des vendanges et des labours. Autant de lieux de jeux pour les enfants que nous étions : cachettes, maisonnettes,… Mais aussi, scènes de spectacles improvisés. Au mois de Juillet, les hommes de la forge préparaient la venue tant attendue des vendanges. Très tôt, ils allumaient les feux et remplissaient le grand baquet d’eau. Le cerclage des roues commençait. Les cercles en fer étaient chauffés et sertis sur les grandes roues en bois à grands coups synchronisés des masses. Puis, dans un grande nuage de fumée, les roues étaient plongées dans l’eau froide à proximité. Nous étions réveillés par toute cette effervescence, ces coups de marteau, et les voix d’hommes donnant des conseils ou des ordres. Pourtant,rassurée par ces bruits familiers , ce vacarme ne m’empêchait pas de reprendre mon sommeil.

Il reste que mon père faisait référence à ce bon saint Eloi. Peut-être même l’a-t-il fêté à sa manière tant son amour de ce métier l’a accompagné durant cette époque heureuse. Ces chauds souvenirs s’arrêtent là, hélas!

Qui s’en souvient?

Nous venons d’entamer le mois de Décembre et les médias nous reparlent,
comme tous les ans, du CALENDRIER de l’ AVENT.
Moi, j’étais bien jeune à Rio, (il y a bien longtemps) et, si je ne souviens pas de  »L’AVENT » par contre, je me souviens qu’au début décembre, on fêtait Saint Éloi, patron des forgerons, maréchaux-ferrants, mécaniciens et autres métiers mécaniques.

Ce matin-là il y avait chez tous les professionnels , offert aux clients , amis (en fait, à tous), un casse-croûte comme on savait les faire à Rio.
Quelle ambiance conviviale, amicale, joyeuse et moqueuse avec des plaisanteries dans un idiome bien de chez nous !!!
Pour ne  »vexer » personne, on passait allégrement de chez Firpo, chez Mourcet, chez Pep, chez Jurado et tous les autres qu’il me serait difficile d’énumérer aujourd’hui.
Au menu : c’était sardines, petits rougets, longanisse, grillés. et charcuterie . Tout ce que nous aimions.  Je ne parle pas du vin qu’on pouvait boire soit dans un verre (pas en plastique) soit (j’ai oublié le nom) à la régalade, à la bouteille avec un roseau taillé en biseau (écolos avant l’heure).

Je pense qu’à midi, au déjeuner, peu de participants devaient faire honneur au repas familial.

Aujourd’hui je ne retrouve pas sur le calendrier St Éloi en décembre . Il a peut être été…confiné ! Ou il est tout simplement resté à RIO qui savait tellement le fêter.

René CARDONA
Abidjan
05 Décembre 2020

Illustration de Jadette Salva, notre archiviste omniprésente.

1911-La forge de Grégoire VALERO. Les familles de forgerons. Au premier plan, l’enclume. (Archive de l’amicale du Rio Salado).
1931- la forge de M. FIRPO-Antoine et Tanou FIRPOBernabé SANCHEZGrégoire VALERO. (archive de l’amicale du Rio Salado)
Atelier CARREGA- M. CARREGA au centre- M. MAESO casque colonial- Tio Pépé tablier (archive de l’amicale du Rio Salado)
La forge d’ Albert MOURCETAlbert RIZOAbdellah GOURINETAlbert MOURCET (archive de l’amicale du Rio Salado)
Atelier M.MALLEBRERA (archive de l’amicale du Rio Salado)
1914- ouvriers ferblantiers du côté de la gare. (archive de l’amicale du Rio Salado)
(Archive de l’amicale du Rio Salado).
(Archive de l’amicale du Rio Salado).
Atelier Francis PEREZ (Archive de l’amicale du Rio Salado).