Comment ne pas évoquer ces souvenirs qui nous ont tellement marqués? Des moments de pur bonheur que l’on ne peut oublier! … Chaque année, nous étions cinq familles à nous y rendre: les Lopez, les Rico, les Millan, les Muñoz et enfin les Espagnoles, Maria Rosa et Luicita, venues de Madrid !… Nous voilà donc partis par ces sentiers tortueux regroupés dans trois camionnettes: une avec les matelas, pelochons et couvertures, l’autre avec les géricans d’eau et autres vivres, la troisième avec le restant des membres de nos familles. Arrivés à bon port, les camionnettes étaient disposées en U de façon à pouvoir dresser les bâches pour nous protéger.
Chacun avait sa petite mission à accomplir. Nos mamans : tata Carmen, Luisa, Marinette et Ascension (ma maman) s’occupaient de l’organisation, rangeaient les provisions dans un garde manger. Mais après, manger quoi ?… Le matin de bonne heure, les femmes partaient chercher les escargots de terre, accompagnées d’un homme bien sûr. Tonton Justo, fusil à l’épaule, était désigné pour la chasse au gibier. Quant à Tonton Bernard, Ramon et Antoñico, « el socatico » (mon papa), cannes et moulinets en mains, pantalons retroussés, partaient à la pêche.
…Les plus jeunes -les moins de 20 ans- ramassaient oursins, moules, arapèdes et autres pour l’apéro (l’anisette maison et l’anis Gras). Au retour, tout le monde étalait son butin sur la table. Et à partir de là, nos mamans concoctaient de bons repas: grillades, paëllas, gaspachos, caracolades etc…
Après le repas, petite sieste oblige et diverses occupations!…
Le soir, après « le souper », arrivait le moment festif: histoires, anecdotes et surtout des chants et danses avec nos Espagnoles, guitares et castagnettes en mains. « Viva la pepa »! Tout le monde s’en donnait à cœur joie. Personne n’avait envie de se coucher. Pourtant, la dernière étape de la journée devait être organisée: « la cama redonda »! Et là, c’était encore le folklore !… Bonne nuit. Faites de beaux rêves.
Henriette ARACI/MUÑOZ N.B. : Saviez-vous qu’à Punta Morena, il y avait une source d’eau douce? Pour plus d’informations s’adresser à Albert Rico.
Pour un hommage mérité à Jean Paul GAVINO et à sa fille, Michèle, qui interprètent magnifiquement cette version de « Historia de un Amor » qui a bercé notre jeunesse là-bas .
Et « Cuando calienta el Sol » , en souvenir des longues soirées sur le sable à la Plage quand nous essayions de »draguer » (avec beaucoup de maladresse).
Bonjour! La journée s’annonce magnifique. Etes-vous prêts pour cette sortie en mer? Le Triton va poursuivre sa promenade. Nous allons longer la côte, de TURGOT PLAGE à la plage de SASSEL où, une brève escale est prévue. J’espère qu’un coup de « REBOZO » ne viendra pas retarde notre départ. Le « rébozo » est le nom que nos grands-parents donnaient à ce coup de vent qui, brusquement, soufflait sur la mer, soulevant des vagues qui faisaient tanguer les embarcations. Mais tout va bien! La mer est calme!
« Embarquement immédiat, quai JACOBIN. Tout le monde est à bord? Nous levons l’ancre. «
La plage de TURGOT s’éloigne. Après la »BOULE » et la « DALLE », nous laissons derrière nous la plage de la GRAVIÈRE et les cabanons qui surplombent la falaise. Cette dernière vision va disparaître, effacée par l’avancée rocheuse qui les sépare de la plage suivante.
PLAYA MUERTOS (PLAGE des MORTS)
La PLAYA MUERTOS doit son nom, paraît-il, à un pauvre noyé anonyme venu s’échouer sur le sable de la plage, il y a longtemps, longtemps…PLAYA MUERTOS est, une belle crique sablonneuse, accessible à pied, en se frayant un passage entre menthe sauvage, lentisques et petits melons amers qui poussent sur le sable en travers du sentier. Que de belles promenades en perspectives, de bonnes parties de pêche à la ligne, et d’agréables journées à ramasser oursins et escargots……
Notre bateau continue sa course, voici:
PLAYA GRANDÉ ( La GRANDE PLAGE)
PLAYA GRANDÉ: « Les cartographes « , qui ont établi cette carte pour mémoriser leur lieux de pêche, sont nos aïeuls-pionniers, qui, pour distinguer ce chapelet de criques, n’avaient rien d’autre que leur langue maternelle, et leur imagination.
Nous côtoyons la suivante. Ah! une exception! vous avez là:
L’HÔTEL des COURANTS d’ AIR
HÔTEL des COURANTS d’ AIR! Drôle de nom pour une crique! Mais depuis des lustres, tous marins-pêcheurs résidant à TURGOT PLAGE, connaissaient le coin. Laissez moi vous conter le baptême original de cette crique. Vers la fin d’un mois d’août, alors que la plage s’était en partie vidée, vendanges obligent, une bande d’amis décida d’aller pêcher quelques jours, dans cette crique sauvage. Ce fut deux jours de pêche… et de rigolades, bien entendu! Mais la nuit, passée à la belle étoile, fut si froide que RAMON et JULIO el carpintero décrétèrent d’un commun accord, approuvé par toute la bande, que cette plage serait nommée: l’HÔTEL des COURANTS d’AIR. Et, lors d’une sortie, ils scellèrent une plaque en ciment sur un rocher de la crique, où l’ on peut encore lire, « ICI HÔTEL des COURANTS d’ AIR .Je tiens l’ anecdote de l’ oncle YVON.
La plage suivante est:
COVA ROJA ( CAVERNE ROUGE)
COVA ROJA: ici, une petite explication s’impose : COVA est le nom en valencien de CAVERNE. En castillan, nous aurions CUEVA. Que voulez-vous nos ancêtres sont venus de toutes les provinces d’ESPAGNE! Alors COVA ou CUEVA peu importe. Ce qui intéressait nos marins, en ce lieu, c’étaient les CORBINES que l’on pêchées sur les fonds rocheux au large de cette crique. Je dois vous dire que le vrai nom de ce poisson est COURBINE, plus exactement, le MAIGRE à cause de la fermeté et la couleur blanche de sa chaire. C’est WIKIPEDIA qui m’a renseignée.
Et nous voici maintenant devant:
PUNTA LARGA ( LA POINTE LONGUE)
PUNTA LARGA a, en toile de fond, le « BARANCO de LAURELS, et RASCAOUI ». le BARANCO de LAOUREL est un ravin couvert de lauriers- sauce qui le transforment en une forêt où bon nombre de chasseurs viennent traîner leurs guêtres espérant avoir la plus belle pièce du siècle. Quand à RASCAOUI, c’est le nom du douar déterminant cette région qui surplombe la crique. Ce nom rappelle sûrement de belles balades à Jean-Louis, Camille, Yvon… En fait, à tous les enfants LOZANO. Ainsi qu’à François et Michel CARREGA. Mais ça, c’est une autre histoire!
Le TRITON se dirige maintenant vers la PLAGEde SASSEL, une escale de courte durée est prévue.
SASSEL
Notre ami, Francis QUILES, et quelques uns de ses amis, nous attendent avec un magnifique « plat »d’ oursins fraîchement pêchés, à déguster sur place.
SASSEL dépend de la commune d’ ER RAHEL. Elle est fréquentée par les gens du village, mais aussi par ceux des villages environnants: Trois MARABOUTS , HAMMAM BOU ADJAR… et par les BELABESIENS. Outre les joies qu’apporte la vie au bord de l’eau, la population estivale peut se retrouver, au bar de la famille VELANDO, à celui de la famille CERVERA et autour du troisième bar celui de M. ESPINOSAS. M. ESPINOSAS organise, pour le plus grand bonheur des vacanciers, soirées dansantes et séances de cinéma. Ce bar se trouve près des viviers, d’après les confidences que FRANCIS m’a faites.Vous avez quelques heures de liberté. Ne vous attardez pas!
« Miguel, mets le moteur en route, nos » touristes » arrivent.! Tout le monde est à bord? Notre promenade au pays de notre enfance reprend. Comment étaient les oursins? Bien pleins? Et l’anisette bien fraîche? C’est bon, nous levons l’ancre. Merci FRANCIS, à la prochaine!
Voici la plage , plage est un grand mot, la crique:
» LES CANARETES «
( Les Petits Roseaux)
Cette crique des CANARETES doit son nom à une source d’eau douce qui jaillit en bord de mer au milieu des rochers. Ce qui permet aux roseaux de pousser librement tout près des flots. Et aux pêcheurs d’avoir de l’eau douce et fraîche. Une aubaine!
Bien entendu, le mot « CANARETES » est introuvable. Peut-être est-ce tout simplement le diminutif de « petits roseaux » que nos » grands-pères explorateurs » avaient trouvé de mieux pour immortaliser le coin. Pourquoi pas? Possible, mais pas certain! Il est un peu tard pour le savoir.
Tout au fond de la crique , vous pouvez apercevoir une plage de sable: la PLAGE du CANON, où un canon du XVIIIè siècle avait été trouvé.
Tout va bien? La mer est calme! Pas de problème?
la CRIQUE du CHAMPIGNON »
Nous voici devant la CRIQUE du CHAMPIGNON en compagnie de notre ami YVON LOZANO. Elle doit son nom au rocher planté dans l’eau à quelques brasses de la plage. Ces endroits magnifiques, ces noms imagés qui ponctuent notre promenade ont été colportés de pères en fils, de frères en copains et c’est ainsi que nos ancêtres ont crée leur propre cartographie des lieux. Bien-mal venus celui qui changerait les noms!
Un peu plus loin voici:
CHAPA la SAL ( la PLAQUE de SEL)
Nom mythique que ce CHAPA la SAL. Véritable expédition pour certains de nos bateaux pas assez grands pour affronter une mer houleuse soulevée par un soudain coup de REBOZO .
CHAPA la SAL est une dalle de rochers à fleur d’eau, balayée par les vagues. En se retirant, la mer laisse une écume qui en séchant devient une pellicule de sel qui peint en blanc toutes les anfractuosités de la dalle. Pas une algue, pas un escargot ne peut survivre sur cette plaque de sel? Seuls quelques crabes la traversent à toute allure. Voilà CHAPA la SAL.
Je me souviens d’ une sortie? en fin de mois d’août, où les irréductibles de la plage, les familles FABRE , FONT, VALERO et les derniers pensionnaires du CASINO, Roland CAMALLONGA et son épouse en autres, avaient organisé une journée à CHAPA la SAL. Nous avions deux bateaux, le GOLEAND de Charles FABRE capable de subir le REBOZO et le nôtre, le CASINO, bien plus petit mais piloté de mains de maître par mon père. Quelle journée, mes Amis!! Quel joyeux casse-croûte! Oursins, arapèdes, pain frais…omelette … le vin et l’eau rafraîchissant dans les vagues! Bref. Nous avions tous les « ingrédients » pour passer une journée mémorable qui mettrait fin à la saison de plage.
Je ne vous en dirai pas plus. MIGUEL et son mousse BOUMEDIENE s’agitent, Miguel vient de me chuchoter que le temps change: « Le LÉVANTÉ se lève »! Miguel et la mer ne font qu’un: je lui fais confiance. Nous allons rebrousser chemin et rentrer dare-dare à TURGOT PLAGE. En effet, la mer monte doucement, poussée par ce LÉVANTÉ, ce vent venant du NORD. Continuer, c’est embarquer de l’eau. Retourner: nous aurons le vent dans le dos. Il nous poussera vers notre plage. Ah! Ce LEVANTÉ! Ce vent qui se réveille à la mi-journée et qui empoisonne la vie des petits pêcheurs! En fait, ce n’était pas le LÉVANTÉ comme le disaient nos pères, mais le NORTÉ qui soufflait. Que veut dire « LEVANTÉ: dondé se lévanta el sol! » .Or, le soleil se lève le matin derrière les dunes, à l’EST, et se couche dans la mer à l’OUEST. Alors pourquoi cette erreur? Mettez-vous quelques secondes à leur place. Ils arrivent, pour la première fois à la plage, sur le coup de midi. Ils se rendent compte qu’un vent venant de la mer leur souffle au visage, comme en terre espagnole. C’est donc le lévanté qui souffle ici aussi, comme Là-Bas! Avaient-ils oublié que l’ ESPAGNE était de l’ autre côté? Je ne le pense pas. Toujours est-il que ce vent venant du NORD a gardé le nom de LEVANTÉ. C’est une habitude qu’ils nous ont transmise. Pour nous, ce vent restera le LÉVANTÉ! Que voulez-vous, une façon comme une autre de ne pas oublier nos racines !
Alors Bon retour! Je ne sais si le temps permettra que l’on reprenne le bateau pour aller voir les BESULAS, Le MONSIEUR, la MADAME, les BLANQUISSARDS en compagnie d’Yvon LOZANO, et sa bande d’amis partie à la recherche de l’épave à PORTIJOL ou visiter la GROTTE des VEAUX MARINS, avec Claude CALLAMAND et pour finir en beauté, chasser de belles pièces avec nos pêcheurs, René GARAIT, Louis et René PEREZ, Guy et Georges DESSEAUX et tant d’ autres.