Nous connaissons tous LA MITIDJA : le hameau, la briqueterie, le pont et bien sûr l’Oued et les marécages de la zone inondable où nous apercevions les cigognes qui venaient à la recherche de nourriture. Mais qui pourrait me dire d’où vient ce nom !! . J’en ai une idée mais est-elle la bonne ?? Le débat est ouvert. Merci de votre contribution. Amicalement René
Je ne me souviens pas d’avoir appris quoique ce soit, à l’école, concernant notre oued, il est vrai que l’école et moi…bref! Passons! Je savais comme tout un chacun que notre rivière était salée. L‘oued El MALAH pour les pionniers espagnols devint el RIO SALADO.
Alors, j’ai recherché dans les archives de l’Amicale un quelconque renseignement. J’ai découvert, avec beaucoup de plaisir, une monographie scolaire: «CARTOGRAPHIE de L’AFRIQUE du NORD» appartenant à Mathilde DAVOS, datée de 1936, lorsqu’ elle était en classe du certificat d’études, chez mademoiselle LALA.
Ce cahier était édité par P. DAMVILLE, directeur d’école.
Quel instituteur ou institutrice d’Algérie a pu oublier cette méthode d’enseignement?? Mais revenons au cahier de Mathilde, on pouvait lire: MONOGRAPHIE de RIO SALADO COURS D’ EAU: L‘oued MELAH ou RIO SALADO (qui signifie en espagnol rivière salée) et son affluent l’oued CHABBAT. Ces cours d’eau roulent beaucoup d’eau en temps de pluies, mais sont presque à sec en été.
Je ne sais toujours pas si les faiseurs de pluie y étaient pour quelque chose, mais les pluies s’annonçaient dans les mois qui suivaient ces festivités. Elles arrivaient quelques fois abondantes, parfois trop abondantes ce qui entraînait notre oued dans des « débordements » désordonnés. Ces crues, Maud ARNAUD, arrière petite fille d’Henri DE GOURNAY, premier délégué de l’administration de RIO en parle dans son roman «La fleur de l’aloès ». Roman qui raconte « l’épopée pionnière d’une branche de sa famille en terre d’ALGERIE, dans les années 1850». «...Après des mois de sécheresse et d’un ciel uniforme, brusquement, des nuages sombres avaient diffusé une lumière grise. Des pluies diluviennes avaient ployé la végétation, transformé le sol en sable mouvant. L’Oued EL MALAH n’était plus reconnaissable. Devenu fleuve fantastique et rapide, ses eaux boueuses décapaient les berges avec un grondement sourd. Henriette angoissée, surveillait la montée des eaux. Rambert était venu lui annoncer qu’une partie du pont en bois avait été emportée par cette crue soudaine. Il paraissait soucieux, étonné par la puissance subite de l’oued. – La route est coupée. Si la pluie continue avec cette violence, le pont sera complètement bousillé. Quel foutu pays!…..»
J’ai reçu, il y a quelques temps, un mail de notre ami René. Il s’inquiétait du manque d’eau chez nous et nous proposait de faire appel à…
MADAME BONO.
Vous souvenez-vous lorsque l’été, prenant ses aises, se prolongeait jusque vers la mi-octobre? Quand la terre assoiffée réclamait de l’eau. Nous avions nos « faiseurs de pluie » qui arrivaient au village. Nous les appelions « MADAME BONO ». Entendez par là « MADAME BONNE EAU ». Pour appeler la pluie sur la commune, ces musiciens arabes, au nombre de trois, déambulaient en cortège, derrière un jeune taureau. Celui-ci d’un pelage noir était « caparaçonné » de tapis colorés et couvert de colliers de perles ou de rubans. Ils avançaient dans les rues du village, jouant de leurs instruments si caractéristiques: la GAÏTA, le GALAL et le TAR. La GAÏTA, vous vous en souvenez peut-être, est un genre de flûte en bois, aux sonorités si particulières. Le deuxiéme, le GALAL, est un tambour en bois lui aussi. Le troisième, le TAR, est un tambourin agrémenté de cymbales. Les « faiseurs de pluie » précédés du jeune animal, allaient de maison en maison, jouant cette musique criarde et aiguë à la fois qui annonçait leur arrivée. Ils demandaient aux villageois de se joindre à eux dans la prière quémandant quelques pièces en offrande, et chantant cette mélopée:
« YA, MADAME BONO, ATENI SUELDO YA, MADAME BONO ATENI SUELDI »