4- Sassel: le bal du dimanche soir.

Un orchestre-ou plutôt des joueurs d’accordéons- anime le bal sur la place cimentée entre la plage et la maison du maire. Il fait noir, les couples dansent la valse, le paso-doble et le tango. Des danses qui plaisent bien aux parents… et je danse avec mon père qui me les apprend ou avec ma cousine Lucette.

Photo archive Colette INFANTES.

Au cinéma à Sassel et à Er-Rahel.

C’est très agréable le dimanche soir de voir les images sur l’ écran en entendant le bruit des vagues dans le dos. Le cinéma en plein air à la plage de Sassel se trouve là-bas au fond, de l’autre côté de la plage, à côté des viviers, ces grands trous maçonnés sur le quai au bord de l’eau et remplis par la mer. Et ça sent l’iode en regardant le film.

A Er-Rahel c’est plutôt le dimanche après-midi que je vais au cinéma. En première partie il y a « les actualités » puis des dessins animés « Tom et Jerry » ou un « Charlot ». A l’entracte, l’ ouvreuse propose un esquimau.
Je me souviens des films « péplums »: « La vallée des rois », « Romulus et Rémus »,ils sont si beaux ces romains, la peau bronzée et luisante, et les femmes aux longs cheveux blonds, la poitrine qu’on devine ferme sous les voiles colorés…
Et ce film d’horreur qui m’a bien marquée: « Les yeux sans visage ». J’ai revu ce film à la télévision dans les années 90. Ainsi j’ai su que l’acteur était Pierre Brasseur et l’auteur Georges Franju. Un film de 1960.
C’est dire si l' »on était à la page » à Er-Rahel dans les programmations!
Mais je n’ai pas pu voir « Carthage en flammes », affiche bien alléchante sur le trottoir devant le cinéma .
« Tu auras l’occasion de le voir plus tard » me dit maman.
Et non !…

Photo archive Colette INFANTES.

Pâques: en parlant de cloche.

Est-ce l’humeur du temps et …sa semaine sainte qui me rappellent ce souvenir extirpé des « années métropolitaines débutantes »?

Dans les années 1960-70, nous sommes installés à Rillieux la Pape (contraction des deux noms de villes: Rillieux et Crépieux la Pape) dans le Rhône. Au cours d’une de nos promenades dans cette ZUP récente, nous passons devant une église moderne comme seules ces années ont pu en ériger dans ces « quartiers champignons ».

Ce n’est pas sa modernité qui nous a poussés à nous rapprocher mais une cloche devant l’entrée, a droite, plus exactement. Curieux, nous nous sommes approchés. Et voilà ce que nous avons vu!!!

(Archive du site de l’amicale du Rio Salado)

Nous n’avons pas suivi l’ « actualité » de cette cloche et sa bien curieuse vie. A en croire l’inscription sur la photo ci-dessus, elle a été transportée, transférée, reléguée (*) au cimetière de cette ville. On peut être sûr qu’elle n’a plus jamais été autant visitée par nos compatriotes depuis lors.

En échange, on peut suivre l’actualité bien perturbée de cette église.

https://www.leprogres.fr/faits-divers-justice/2020/10/03/voitures-brulees-et-pompiers-caillassees-a-rillieux-la-pape

Autre temps autres mœurs, dirons-nous.

(*) garder le verbe précis.

Souvenirs… souvenirs: Pâques 1983.

Chaque année les retrouvailles entre amis de nos trois villages se déroulaient à PENTECÔTE.

Cette année 1983, elles eurent lieu le lundi 3 Avril 1983, un lundi de Pâques.

Je laisse notre Président ,Ernest REYNE, vous en parler: (tiré de « Amicale du Rio Salado: 40 ans d’histoire »).

« Pour 1983 toutefois, nous décidons de faire une pause. Aucun rassemblement cette année, mais, sur proposition de Jacques SALVA, une « journée capacete » au domaine KELLER, à POMEROLS, près de MEZE est programmée. M KELLER met à notre disposition un grand hangar et quelques commodités pour réunir le conseil élargi à nos parents, enfants et amis (nous étions tout de même plus de 150). L’Amicale prend en charge l’apéritif et le disc-jockey. Les participants arrivant avec le repas dans le « capacete ». Cette journée du 3 avril 1983 fut largement animée par Yvon SEGURA arrivé en grande star (Roland Magdane) et accompagné, en voiture de police, jusqu’à la porte du hangar par des agents bienveillants. »

Chacun mit du sien pour que cette journée soit mémorable. Les coutumes de nos lundi de Pâques resurgirent. On vit apparaître des visages enfarinés, au grand étonnement et à la grande joie de nos jeunes venus accompagner leurs aînés à cette fête de Pâques 1983.

Joyeuses Pâques chez nous.

Jeudi Saint: semaine sainte pour certains Turgotiens et d’autres. Des femmes et des enfants vont se recueillir en l’église Saint Léon.

Cependant ce qui était attendu, c’était le Lundi de Pâques. Bien sûr, le traditionnel retour des cloches de Rome, nous, enfants nous y croyions profondément. Le samedi, vers 10 heures, l’envolée de la cloche de notre paroisse retentissait joyeusement. Et là, les coutumes des familles surgissaient: – Va te laver les yeux à l’eau claire de la fontaine, disait ma mère. – Jette des petits cailloux (ramassés dans la cour)… – Fais des petits tas… Nous attendions le dimanche de Pâques pour remettre nos vêtements neufs étrennés le dimanche des Rameaux : robes, chaussures, sandales sans oublier les foulards portés sur la tête lors de la cérémonie pascale. Enfin le lundi matin, c’était la fête pour tous. On déposait la cocotte de frita et le poulet rôti dans un grand panier en osier accompagnés de tomates, de tartes à la confiture,de monas. Sans oublier l’eau et le vin. En carriole ou dans le camion du voisin, nous partions passer la journée à la plage. Quelle joie! Marcher sur le sable chaud! Tremper ses pieds dans l’eau de mer un peu fraîche! Ramasser les coquillages. Grâce à nos casques et nos casquettes enfoncés sur nos têtes, nous étions protégés du soleil. Ne pas oublier nos descentes, nos montées, et nos glissades sur les pentes des dunes de la SOCOMAN. Le soir, las et tellement heureux, il fallait cependant enlever avec du beurre les plaques de goudron collées aux pieds et parfois aux vêtements. Après la toilette, nous pouvions aller nous coucher, la tête pleine de souvenirs et les yeux pleins d’étoiles.

Dans nos mémoires ainsi que dans nos cœurs, tous ces lieux tant aimés sont ancrés à jamais.

Tout cela pour vous souhaiter de BONNES FETES de PAQUES, chers amis Saladéens, Er Rahéliens. Avec une pensée toute particulière pour mes chers Turgotiens.

Ceci n’est pas un poisson d’ Avril!!!!

L’été 1950 finissait en douceur. Quelques irréductibles vivaient encore à la plage, savourant ces derniers jours du mois d’ août, bien décidés à profiter de ce beau temps.

Vers deux heures de l’après midi, ou peut-être trois, alors que nous nous laissions aller à une douce torpeur, un tapage pas possible nous tira de notre engourdissement, suivi de clameurs et d’appels lancés par BOUMÉDIENE et MIGUEL, les pêcheurs à l’ année de TURGOT-PLAGE. En un rien de temps, toute la communauté se retrouva, qui aux panneaux des cabanons, qui aux terrasses ou au balcons. Les plus curieux au bord de l’eau. Nos deux agitateurs montraient la mer en vociférant de plus belle. Soudain, à hauteur du QUAI JACOBIN, dans la baie même, une grande queue s’éleva dans les airs, retombant avec fracas dans une grande gerbe d’eau. Et, tout de suite, deux énormes « monstres  » marins apparurent. Gênés par le manque d’eau où ils étaient venus s’échouer, deux CACHALOTS, de 6 ou 7m environ, s’agitaient, se démenaient dans l’eau peu profonde.

S’étaient-ils égarés? Pourquoi venir s’ échouer si près de la côte? Étaient-ils à la recherche de nourriture? Étaient-ils tout simplement malades? Jamais de mémoire de pêcheurs, nous avions eu une telle prise à portée de main. Boumédiene et Miguel réussirent à en ligoter un, qui fut tracté par toute la gente masculine sur le sable.

Ne me demandez pas pourquoi nous l’avions capturé. Pour le plaisir d’ une prise phénoménale? Pour la photo qui fut prise et envoyée au journal? Je ne peux vous répondre. L’un des cachalots réussit à prendre la fuite, l’autre finit tristement en …trophée…..

Dans la conjecture actuelle, j ‘aurai préféré vous dire que ceci est un poisson d’avril. Mais voilà nous étions dans les années 50…….