L’été 1950 finissait en douceur. Quelques irréductibles vivaient encore à la plage, savourant ces derniers jours du mois d’ août, bien décidés à profiter de ce beau temps.
Vers deux heures de l’après midi, ou peut-être trois, alors que nous nous laissions aller à une douce torpeur, un tapage pas possible nous tira de notre engourdissement, suivi de clameurs et d’appels lancés par BOUMÉDIENE et MIGUEL, les pêcheurs à l’ année de TURGOT-PLAGE. En un rien de temps, toute la communauté se retrouva, qui aux panneaux des cabanons, qui aux terrasses ou au balcons. Les plus curieux au bord de l’eau. Nos deux agitateurs montraient la mer en vociférant de plus belle. Soudain, à hauteur du QUAI JACOBIN, dans la baie même, une grande queue s’éleva dans les airs, retombant avec fracas dans une grande gerbe d’eau. Et, tout de suite, deux énormes « monstres » marins apparurent. Gênés par le manque d’eau où ils étaient venus s’échouer, deux CACHALOTS, de 6 ou 7m environ, s’agitaient, se démenaient dans l’eau peu profonde.
S’étaient-ils égarés? Pourquoi venir s’ échouer si près de la côte? Étaient-ils à la recherche de nourriture? Étaient-ils tout simplement malades? Jamais de mémoire de pêcheurs, nous avions eu une telle prise à portée de main. Boumédiene et Miguel réussirent à en ligoter un, qui fut tracté par toute la gente masculine sur le sable.
Ne me demandez pas pourquoi nous l’avions capturé. Pour le plaisir d’ une prise phénoménale? Pour la photo qui fut prise et envoyée au journal? Je ne peux vous répondre. L’un des cachalots réussit à prendre la fuite, l’autre finit tristement en …trophée…..
Dans la conjecture actuelle, j ‘aurai préféré vous dire que ceci est un poisson d’avril. Mais voilà nous étions dans les années 50…….
Bonsoir Jadette.
Une fois de plus, tu réveilles des souvenirs que je croyais noyés.
Je me souviens de cet événement mais je te rappelle à mon tour celui que j’ai vécu en direct.
Je pense que c’était avant ce que tu décris et très ressemblant. Je situe ça en début de saison.
Mon père et Memé Gallardo avaient calé 2 pièces de trémails du Quai de Sassa vers le Casino pour bloquer l’embouchure de la rivière. Là aussi dans le calme de l’après-midi, des cris et la « rebolica »: un gros marsouin s’était pris dans les filets.
Et ce qui serait impensable aujourd’hui, ils ont pris le bateau avec Bagali. Ils se sont approchés du filet et ont tué d’un coup de chevrotines le marsouin.
Il a été tiré sur la plage et suspendu à une corde tendue entre l’ancien cabanon de François Macia et le poteau électrique à l’angle du quai Marseille
C’était bien sûr l’attraction et chacun donnait son avis.
Si tous étaient d’accord sur la taille 2,70 m, personne n’était d’accord pour dire s’il s’agissait d’un marsouin ou d’un dauphin. Comme il avait un évent sur la tête, ils ont décidé que c’était un marsouin souffleur.
Bien sûr, tous ont voulu se prendre en photo. C’est ainsi qu’une photo de mon père et de Mémé Gallardo, armés de lancers, a trôné pendant des années punaisée au cabanon.
Je pense que je l’ai encore à Montpellier
Ce qui, je le répète serait impensable aujourd’hui, était un trophée à cette époque.
Les temps changent, nous aussi.
Bien amicalement.
René.
Abidjan.
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Je m’en souviens, mais très vaguement, par contre la prise du cachalot est restée gravée dans ma mémoire, associée à un air à la mode que nous clamait…. en boucle, ta sœur, 2 ou 3 ans à l’époque, bien installée dans les bras de ta mère : « un monsieur attendait au café du palais ….. » Bonnes fêtes Ami René!
Bonjour Jadette.
Encore un souvenir que tu évoques. Il me semble l’avoir vécu mais cela est plus que flou pour moi.
Mais encore merci pour tout ton travail de recherche.
Amicalement.