La saga de la famille SEROIN.

par François CARREGA.

« Au début de cette saga, voici le grand-père Anthelme SEROIN (1871-1942) qui fait son service militaire en ALGERIE. A la fin de son incorporation, Anthelme décide de s’installer auprès de sa tante Lucie GARNIER (veuve) qui a créé, avec son compagnon, Jean COMBES, un domaine agricole aux environs d’ ORAN à RIO SALADO..

En 1900, Anthelme épouse Lucie la nièce de Jean. 

A leur mort, les époux COMBES laisseront à Anthelme et Lucie 50 bons hectares mis en culture qu’Anthelme continuera à faire fructifier. Lucie et Anthelme auront 4 enfants : Marguerite, Jean, Lucien et Pierre, tous viticulteurs bien connus des Saladéens.

Villa Seroin à Rio SaladO – – Anthelme et Lucie SEROIN

C’est la famille de Lucien qui nous intéresse aujourd’hui. Lucien SEROIN, marié à Gilberte ARNOUX, ont eu trois enfants : Yves, Paul et Luce. Lucien et Gilberte habitaient RIO, place Jules FERRY, où était situé le cinéma VOX (10éme balade dans RIO., place Jules Ferry).

Lucien (1910-1967), Paul et Gilles SEROIN (archive amicale du Rio Salado).

Je vous propose de mettre le cap sur la CORSE . Plus exactement près de SARTÈNE à SANT ARMETTU chez Paul et Gilles SEROIN. En 1964, après la fin de notre ALGÉRIE, Lucien et Paul, s’y sont installés, ont crée et développé ce qui est devenu un magnifique domaine viticole actuellement exploité par le petit -fils et fils, Gilles, en attendant la relève de la prochaine génération qui se prépare déjà.

Je vous invite à découvrir les produits hauts de gamme, et le vignoble

de la famille Lucien SEROIN

Bonne visite à Sant ARMETTU.

François CARREGA.

https://www.santarmettu.com/

et également …

https://www.vinatis.com/maisons/domaine-sant-armettu?r=googlemerchant&ids=perfmax-highmarge

10ème BALADE –Le CINÉMA « Le VOX » . (3ème partie)

Hello! « Salut Nostalgie »! Nous venons te rendre visite, avant que nos souvenirs ne se perdent dans les méandres de notre mémoire. Il est temps de reprendre nos balades. L’été va arriver et, avec lui, la chaleur qui anéantira notre énergie.

Alors, Bonjour les Amis, vous qui nous suivez depuis mal de temps dans nos promenades à travers RIO SALADO.

Je vous avais promis une séance -cinéma, au VOX. Alors, allons-y!

Archive Marie-Thé RICO POMARES

Après Le « CASINO« , 1er cinéma du village depuis 1939, voici « Le VOX » installé place Jules FERRY. Place du VOX si vous préférez. Je vous rappelle que le troisième était « le TRIUMPH » (1960-61) qui appartenait à Alfred SALA et Aimé VIRUEGA. D’ailleurs, si le cœur vous en dit, allez vous prélasser dans ses fauteuils en velours rouge, dans « Boulevard National : 2ème BALADE ».

Plan du village : la place Jules FERRY (Archive de l’amicale du Rio Salado).

En attendant, jetez un œil sur cette place Jules FERRY délivrée de son marché. Après la route d ‘HAMMAM BOU ADJAR que nous avons traversée, vous pouvez admirer les deux jolies villas jumelles de Pierre et Lucien SEROIN. Elles ont été bâties en 1954-56, et sont l’ œuvre des architectes Lucien et André BOHÉ. Ceux là-même qui ont construit le stade FOUQUE Du PARC d’ ORAN. Les enfants SEROIN sont dans le jardin. Marie-Pierre, dans le premier, Paul et Luce dans le second. Yves, l’aîné, « est parti « il y a longtemps, maintenant.

Villa SEROIN (archive de l’amicale du Rio Salado)
Paul et Yves SEROIN (archive de l’amiclae du rio salado)
Archive de l’amicale du Rio Salado.

Traversons la route qui mène à la gare, où nous irons nous promener la prochaine fois. Nous voilà à la boulangerie de M. RIPOLL. José et Francine, leurs enfants, vous y attendent. Continuons notre balade.

Non! Non! Michelle! on ne s’engage pas encore dans la rue maréchal FOCH. Ce sera pour une autre visite. Pour l’instant, nous nous contenterons de la traverser. Nous aurons ainsi fait le tour de la place Jules FERRY. Nous voici au cinéma VOX. Il appartient à Lucien et Raymond FUENTES. La famille FUENTES habitait dans la cour mitoyenne du cinéma. Madame Antoinette FUENTES, leur mère, était marié en première noce à M. Jean PEREZ, mort au champs d’honneur durant la guerre 14-18, la laissant veuve à 23 ans avec deux enfants Marie-Jeanne PEREZ, mariée à Aimé RICO, et Jean PEREZ ( Janou), époux de Dolly MARTINEZ, parents de Richard et Pierre. Après ce « retour-arrière », revenons à notre cinéma VOX. Il était, sans conteste, plus moderne que le CASINO, mais plus petit. Ce cinéma était sur deux plans : un rez de chaussée, « le parterre » et une galerie, « le balcon« . Tous deux pourvus de rangées de fauteuils confortables. ».

Archive de l’amicale du Rio salado.

Comme le CASINO, le VOX n’a pas servi uniquement à la projection de films.

Jean Claude CARREGA m’a raconté que, le lundi de Pâques 1961, pour motiver la jeunesse, des parents attentionnés, donnèrent un bal, un peu spécial , précédé d’une chasse aux trésors. J’ai, dans les archives de l’ AMICALE, de petites coupelles peintes dans l’atelier de céramique du village qui étaient distribuées aux participants de cette course. Celle que nous possédons, c’est Monette ROSELLO qui nous l’avait offerte.

Coupelle offert par Monette ROSELLO (archive de l’amicale du Rio Salado)

La journée se terminait, me disait Jean-Claude, par un bal donné au VOX. Je ne vous donne que l’essentiel de ce fameux bal. L’animateur, sollicité pour cette « sauterie », imprégné par la célébrité débutante d’ Yves SAINT LAURENT, avait disposé des coupons de tissus et des épingles à différents endroits de la salle. Les cavaliers, le temps d’une danse, devaient habiller leurs partenaires le plus artistiquement possible. « Une bonne tranche de rigolade » m’ a rapporté Jean-Claude. Je ne peux vous en dire plus, hélas! le temps écoulé a effacé inexorablement d’autres témoignages!

Je vous rappelle cependant, que la mère de notre célèbre couturier « venait à RIO rendre visite à des dames saladéennes, qu’elle rencontrait chez « MADAME » la boutique « chic » d’ ORAN.» ( Y. Saint LAURENT). D’où cette journée centrée sur notre illustre couturier . J’ajouterai pour être plus crédible, l’avoir vu, jeune garçon, au CASINO de TURGOT PLAGE, chez mes parents, en compagnie des demoiselles NAVE d’ Oran. Ceci étant dit, nous continuons notre visite .

Les Galeries de France. Vue des deux trottoirs.

Le cinéma VOX servit aussi à réunir des Saladéens sous la houlette d’un conteur volontaire ou d’un critique-amateur qui développait le thème d’un film ou racontait un voyage , genre ciné-club. Mes parents y allaient quelques fois en compagnie de M. et Mme DUCHEMIN, le photographe du village.

Revenons à notre cinéma et à sa troisième fonction qui était, avant tout bien sûr, de projeter des films plus ou moins récents. Nous attendions notre dimanche après-midi avec impatience.

En sortant de la messe, le dimanche matin, nous prenions la direction du cinéma VOX pour retenir nos places pour la séance de l’après-midi. Les sièges, dernières rangées du balcon, étaient très prisées par tous les jeunes. D’où notre empressement à aller faire nos réservations.

Allez, suivez moi! Je vous emmène au cinéma. Je vous ai réservé les premières places au balcon juste devant la balustrade . En vous penchant un peu, vous pourrez voir arriver les familles. Vous ferez ainsi la connaissance des villageois. Je vous les présenterai.

Vous remarquerez les deux premiers rangs devant l’écran, occupés par la jeunesse saladéenne, qui, par mesure d’économie, ou parce que arrivée trop tard, devait se contenter de ces places, restées libres. Bien entendu, fin de séance, le torticolis était assuré!

Que voulez-vous, les distractions dans ces années-là étaient limitées .Le cinéma était notre seul plaisir … en attendant l’été !

Allez! Entrez!Présentez votre ticket à l’ouvreuse, Hélène POMARES, ouvreuse de service, vous la connaissez ? Madame POMARES,Hélène pour nous tous, était l’assistante maternelle à l’école. Marie Thé , sa fille, est là pour lui donner un coup de main.

Archive Marie-Thé RICO POMARES

Bon ! Assez papoté ! Dépêchez-vous ! La séance va commencer ! Ne soyez pas en retard. Vous nous obligerez à nous lever pour vous permettre de regagner votre places. Voyez ! Les lumières s’éteignent. Bien sûr, quelques retardataires s’avancent, accueillis par un tollé de protestations qui fusent à droite et à gauche. Normale ! Vous nous privez du générique de ce documentaire qui, histoire de nous épater, nous fait découvrir une île paradisiaque!…

Mais, avant toutes choses, laissez-moi vous conter comment se déroulait une séance de cinéma, dans ces années-là. Après le court métrage, arrivaient les actualités en noir et blanc,

Vidéo tirée de GooGle

qui nous connectaient avec le monde extérieur. Là aussi quelques sifflements traduisaient le mécontentements de certains spectateurs. Puis les lampes s’ allumaient, et sur l’écran apparaissait le petit bonhomme de Jean Mineur suivi de : » BALZAC 0001 » annonçant les « réclames ». Pardon les publicités.

Tiré de Youtube (GooGle )

« Bonbons, caramels, esquimaux,… » Si à l’entracte, prise d’une envie soudaine de croquer des berlingots ou manger un ruban de réglisse nous venait, nous descendions dans le hall du cinéma. À côté du bar, se tenait MINGO, M. ESTEVE, avec sa charrette proposant tout un étalage de friandises. Lorsqu’un film d’action réunissait dans la salle toute une bande de jeunes, les cornets de cacahouètes étaient les plus demandés. Le cauchemar de Marie Thérèse qui, pour aider sa mère, balayait la salle ! Imaginez son angoisse ! Toutes ces coques vides jonchant le sol, sous les sièges !

Puis les lumières diminuaient. La salle s’assombrissait. Il fallait regagner nos places. Le film commençait… Et la magie faisait son effet. Pas un bruit, les yeux fixés sur l’écran, nous étions tous « accrochés » à l’action qui s’y déroulait . Si le film était une comédie sentimentale, on pouvait entendre, les réflexions des plus âgés, gênés, par les « débordements » d’ un baiser trop passionné: « Y dallé! otra ves ! Tché! Qué lata! ( Encore! Quelle plaie!)». Si l’acteur par sa drôlerie, son espièglerie, nous faisait rire, alors aux rires des spectateurs, se mêlaient les éclats hilarants et bruyants de notre sympathique M. PARRES, père de Gislène et de Paul, patron du café boulevard national. Un rire que l’on pouvait cataloguer « d’homérique » tant il était sonore et communicatif. Pas la peine de demander qui s’extériorisait ainsi. Nous savions tous que M PARRES « vivait » la scène intensément.

Le bar Parres (archive de l’amicale du Rio salado).
(archive de l’amicale du Rio salado)

Que de souvenirs ! Quel heureux temps ! C’était pour nous, les 15, 17, 20 ans, notre seule source d’évasion dans ces années 59-60 !

Bon, trêve de nostalgie ! Rentrons nos mouchoirs ! Je ne vais pas vous abandonner dans cette salle. Je vais vous conduire, comme au bon vieux temps, du côté de notre palmeraie, « Faire le boulevard « , comme l’ a écrit Yves Saint Laurent: « Chez nous, on ne se promène pas, on fait le boulevard ».

Faire le boulevard (archive de l’amicale du Rio salado)

La soirée s’annonçant belle et douce, l’heure du souper n’étant pas encore arrivée, laissons-nous tenter par un pirouli ou un paquet de toraïcos de ce même MINGO, revenu attendre les promeneurs du soir sur la place.

Ou tient ! Pourquoi pas ! Allons prendre une crème glacée à la crèmerie de Simone BERNABEU ! On pourra alors écouter le dernier disque de Paul ANKA, tout en discutant du prochain film ou de l’ interro d’histoire prévue, en première heure, demain, au collège.

La crèmerie BERNABEU (archive de l’amicale du Rio salado)

Allez ! Il est temps de rentrer. Bonsoir à Tous. A plus tard pour une prochaine balade ! Au revoir !

Dernier hommage à notre président : Titou REYNE.

Mardi 13 Juin 2023, quelques amis sont allés au cimetière paysager du Grand Saint Jean d’ AIX en PROVENCE, rendre un dernier hommage à Ernest REYNE, Président de notre Amicale du RIO SALADO.

Photo Jadette SALVA
Photo Jadette SALVA
Photo Jadette SALVA
Photo Jadette SALVA
Photo Jadette SALVA

Les amis sont venus dire adieu : Jacques, Jadette, Denise, Henri, Nicole, Michelle, Jean Louis, Chantal, Carmen, Monique, Gérard, André, René et Danielle.

Photo Jadette SALVA

Repose en paix ami de toujours.

Témoignages.

Henri BOUR m’a adressé la lettre ci-dessous , écrite par sa sœur, Marie-Paule, accompagnée du commentaire suivant :

L’autre jour en mettant un peu d’ ordre dans mon bureau, j’ai retrouvé ce document qui m’a beaucoup ému. C’est un texte de Marie-Paule, ma sœur aînée, écrit dans les années 80 qui exprime fort bien, beaucoup de choses : la douleur, le désespoir, l’effort puis l’espoir, la renaissance …. Prends-le comme un témoignage de plus de notre communauté saladéenne en tant que dépositaire de notre mémoire commune ».

10ème balade (2ème partie) : la route d’ HAMMAM BOU ADJAR.

Alors, cette visite au marché a-t-elle était agréable ? Qu’avez-vous trouvé ? Des lavettes en alfa ? Des champignons de fenouil ? Des épices ? Une paire de babouches, peut-être? Bien ! Tout le monde est là ? Pouvons-nous reprendre notre balade ? Ah ! Ah ! Je regrette de vous décevoir,  nous n’allons pas au cinéma VOX aujourd’hui ! Pour l’ heure, nous continuons notre promenade sur la route d’ HAMMAM BOU ADJAR. Ah ! Cette route ! Elle me rappelle de bien mauvais souvenirs! Nous en parlions encore dernièrement avec Gérard.

« Tu t’en souviens ? Dire qu’ils n’avaient pas encore 17ans !»

Rapprochez- vous ! Il faut que je vous raconte, écoutez ! Ils  étaient nos copains depuis des années ! 

Nous nous retrouvions  le dimanche après-midi, tantôt chez les uns, tantôt chez les autres, pour les surprises-parties Nous ramenions l’unique tourne -disque de la bande et les tout premiers 45Tours de l’époque que nous possédions,  et que l’on passait deux ou  trois fois dans l’ après-midi : « l’Étranger au Paradis  » de Gloria LASSO , « Graine de Violence » de Bill Haley    en autre.  

                             

Archive de l’amicale du Rio Salado.

Et puis, en cette fin de l’été  où les vendanges  occupaient une bonne partie de la population, Richard PEREZ -une branche de la grande famille des PEREZ- reçut de son père, l’ordre de conduire un de leurs ouvriers dans l’ AUSTIN familiale  jusqu’à leur cave  de TURGOT.   Profitant de l’ occasion qui s’offrait de faire une belle balade, Richard embarqua l’ouvrier et cinq amis: Christian GARRAIT, Louis et Jean-Jacques LAMBERT, Paul et Jean GALLARDO . L’ouvrier débarqué, pourquoi ne pas aller jusqu’ à la plage ? Quelle bonne idée ! Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà nos amis  sur le chemin de TURGOT PLAGE. Une visite de convivialité à  Madame GRANDEL à la Joyeuse ESCALE, puis une autre de courtoisie au CASINO où  ma mère, les connaissant tous,  les accueillit très mal. Ils n’avaient pas 17 ans !

Archive de l’amicale du Rio Salado.

Retour à RIO. Richard au volant, Christian, devant avec Jean assis entre eux deux. A l’arrière, Jean Jacques, Paul et  Louis. Je vous entends :vous avez raison ! Richard n’avait pas le permis. Aucun d’entre eux d’ ailleurs. Mais au village,  pas mal de garçons conduisaient la voiture paternelle bien avant l’âge autorisé. C’était une coutume rentrée dans nos mœurs. Aussi, arrivés à RIO, la joyeuse bande, décida d’aller dire un petit bonjour à HAMMAM BOU HADJAR, le village à côté ! Et voilà nos amis  roulant sur cette route où nous nous trouvons. Ils étaient en vacances. Il faisait beau ! Ils étaient les rois du monde !

Hammam Bou Hadjar (Archive de l’amicale du Rio Salado).

Hélas ! Le retour fut moins heureux ! Était-ce une minute d’ inattention ? Un mouvement malheureux ? « Jean a affirmé  qu’ils ne roulaient pas vite » m’a répété Gérard.  Après le virage, à hauteur du transformateur, que s’est il passé ? Nous ne le savons pas !  L’AUSTIN a fait une embardée, a failli faire un tonneau, s’est rétablie à la dernière minute, secouant brutalement les passagers. Louis éjecté de son siège, se retrouva sur la route. Jean, Paul et Jean-Jacques complètement assommés. Pour Richard et Christian, l’aventure s’arrêtait là. Quelques jours plus tard, toute la bande de filles et garçons, en pleurs, les accompagnaient au cimetière ! Ils n’ avaient pas encore 17 ans !   

Dans le bulletin paroissial du 3 Octobre 1956, l’abbé PLENIER publiait l’article suivant :

«Au début du mois, les familles Jean PEREZ et Lucien GARAIT ont été cruellement éprouvées par la perte de leurs enfants Richard et Christian tués dans un accident d’ auto. Ce  double décès a provoqué une vive émotion dans la ville de Rio Salado, à cause de son  caractère brutal, et surtout en raison de la sympathie et de l’ estime dont jouissaient les enfants et leurs familles. Une foule nombreuse et recueillie a suivi les funérailles et les services funèbres. »

Archive de l’amicale du Rio salado
Richard PEREZ et jean-Jacques LAMBERT (Archive de l’amicale du Rio Salado)
Christian GARAIT – Blondine VALERO- Arline ABELA-
Jeanne LAMBERT-Chantal LLOPIS (archive de l’amicale du Rio Salado)

Et nous voilà, maintenant en vadrouille, au bord de cette route d’HAMMAN BOU ADJAR! Désolée d’avoir assombri votre promenade, mais comment oublier de tels     souvenirs ! Permettez-moi de respirer un grand coup et continuons notre visite.                 

  Nous sommes toujours devant  la porte d’entrée de madame PEREZ. Un peu plus loin, derrière nous, vit Fernande  CARMONA.  Justement voici sa sœur Annie  qui arrive. Suivez-moi, s’il vous plaît. Voici la maison  de   M. et Mme BOUZINAC : un couple âgé , sans enfant. M. BOUZINAC , il y a pas mal de temps, avait  une distillerie, quelque part dans le village, mais avec l’ âge …!

Plus loin, Mercedes et sa sœur sont devant la porte de leur épicerie. C’est une petite échoppe qui dépanne bien les ménagères alentours et fait le bonheur des gosses du quartier lorsqu’ils ont quelques petits sous à dépenser. Encore quelques pas,  nous voici devant le perron de mon amie et cousine,  Arlette PERES. Et oui ! Que voulez-vous ! Nous étions tous plus ou moins cousins à RIO SALADO ! Mais avec Arlette, c’est différent. Je ne vous raconte pas des salades. Nos grands-parents étaient frère et sœur !  Venez, entrons ! Nous serions mieux dans la cour. Arlette nous attend ! Je vais vous présenter la famille de Louis et Antoinette PERES, les parents.

Louis et Antoinette PERES, Paulette et Ptit Louis, Arlette, O LEGAT,Brigitte PERES, Margot LEGAT. (archive de l’amicale du Rio Salado)

Là-bas, dans cette habitation , P’tit Louis , l’aîné, et son épouse Paulette SORIANO qui n’est pas saladéenne.  P’tit Louis est allée la « chercher » à TEMOUCHENT. Mais nous « l’aimons » quand même… Ne vous offusquez pas, les Saladéens ont la réputation d’être un peu orgueilleux. Il y a des mauvais langues qui disent que nous étions des prétentieux. N’importe quoi!  Ces malfaisants colportent même des histoires de pinces à sucre, et de piano à queue. Pure méchanceté ! Il faut reconnaître quand même que nous avions le plus beau village de la région. Que dis-je : de l’ ORANIE !   Vous n’êtes pas de mon avis ? Allez le demander à notre ami René d’ ABIDJAN !  Continuons notre visite.  De ce côté-ci, Arlette et Brigitte nous ont préparé une surprise. Zut! J’ai oublié de vous présenté René, le second garçon de la famille. Je m’ en excuse : René n’est pas là. Il est sur un chantier, il conduit  la machine à défoncer.

(archive de l’amicale du Rio Salado)

Il faut que vous sachiez que M. PERES Louis et son frère Joseph, Pépico pour les amis, que nous avions rencontré boulevard National,  possèdent des machines à moissonner,  à dépiquer et  à défoncer. Machines qu’ils parquent au « Dépôt » : un grand entrepôt sur la route de la gare. Regardez à gauche, vous voyez, le grand hangar, là au fond de la cour. Il est devenu trop petit pour remiser les engins. Alors, il sert d’hébegement  les ouvriers saisonniers que Louis et Pépico PERES embauchent pour la durée des moissons et du dépicage. Ces ouvriers  viennent du SAHARA. Chaque année, ils ramènent à Brigitte,  une corbeille de dattes venant tout droit d’une oasis  de leur région. D’ailleurs, un plat de dattes est à votre disposition  . Gouttez-les!  Charnues, fondantes ,sucrées ! Un vrai délice !   

    (archive de l’amicale du Rio Salado)      
         

                                     

Bon, il serait temps de repartir . Je tiens  à vous faire découvrir  une curiosité architecturale, qui se trouve  pas très loin de  la maison de Louis PERES toujours sur cette route d’ HAMMAM BOU ADJAR.

    Tenez, la voilà!   Vous pouvez l’apercevoir maintenant. Nous nous sommes  promenés dans les rues de  Rio, nous avons pu admirer de très belles demeures de tous âges, de tous styles.

 
    (archive de l’amicale du Rio Salado)   

Regardez cette dernière villa. Elle est unique. Construite sur pilotis. Pas d’ arrondis.  Seulement des  formes rectilignes. Et d’ immenses fenêtres ! Cette villa me fascinait. Lorsque j’en parlais,  on me répondait : « c’est une maison  LE CORBUSIER». Encore fallait-il savoir qui était ce monsieur!

La villa SAVOYE, oeuvre de Le Corbusier (tiré de GooGle)

Cette maison si particulière  appartient à Huguette et Francis CARREGA. Madame CARREGA m’a dit que son architecte s’est inspiré de la villa SAVOYE, qui se trouve à POISSY près de PARIS, et qui est l’œuvre de l’architecte LE CORBUSIER.

La famille Carrega et leurs épouses Henri, Andrée,Huguette, Malvina, François et Francis.   (archive de l’amicale du Rio Salado)

Je vous laisse vous promener dans ce jardin si original. Je vous retrouverai la prochaine fois sur la place Jules FERRY. C’est promis : je vous emmènerai au CINÉMA VOX. Et, merci  de m’avoir suivie!

  10ème BALADE : la place J. FERRY.

                    Les fêtes de fin d’année sont déjà loin. Le CASINO a fermé momentanément ses portes. Les bals ne sont plus que d’ agréables souvenirs. M.ROCHER  règle  ses comptes  avec l’administration. Alors, si cela vous tente, je vous emmène, l’espace d’un instant découvrir un autre coin de RIO. Nous allons nous promener  du côté de la place Jules FERRY. Ah! La place Jules FERRY! Cela vous pose un problème, n’est-ce pas? Sachez, vous tous qui nous suivez dans nos balades, que les Saladéens sont d’incorrigibles citoyens.

 «Place Jules FERRY, s’il vous plaît ?

– Non ! Connais pas ! 

Place du VOX. Pas de problème je vous y conduis.»

L’ennui, c’est que sur un plan de Rio, vous ne trouverez jamais la place du VOX, mais bien la place Jules FERRY. J’ai  « invité » pour cette excursion,  Arlette, Denise, Christiane, Michelle, Gérard, Nadia. Etant du secteur, nos amis nous conduiront plus aisément à la découverte du quartier.

                                     

Prêts  pour ce retour dans le Rio de notre adolescence ? Alors en route ! Oubliez vos soucis et laissez-vous dériver au gré de nos souvenirs.

Nous venons de quitter Le CASINO. À votre gauche, la rue JOFFRE que nous avons sillonnée en long en large et en travers. À droite, la rue Gaëtan AMAT qui nous mène tout droit à la voie ferrée. Nous n’irons pas de ce côté -ci,  mais rien ne nous empêche de répondre aux gestes amicaux de Paul et Camille COVACHO, qui nous regardent passer depuis le seuil de leur maison.

Une petite parenthèse pour vous conter une anecdote  qu’Arlette PEREZ m’a soufflée au creux de l’oreille. Camille avait été sollicité par des parents soucieux et désireux de  combler les lacunes en anglais d’Arlette, de  Jean GALLARDO et de Jean-Jacques LAMBERT. En espagnol pas de problème, mais en Anglais ! Aïe !Aïe ! Hijo mio ! Quelle galère ! Merci M. COVACHO. Alors, imaginez les fous-rires lorsque nos amis, toujours prêts à rigoler, mélangeaient allègrement accent anglais et accent pied-noir, au grand désespoir de Camille. Je n’ai pas pu savoir si ces cours avaient été bénéfiques, mais, vue l’ambiance ! …  Fermons la parenthèse, et continuons notre visite.

 Allez, suivez-moi , prenons la rue François ARNOUX, c’est la plus directe. Sur votre droite, le fief de  la famille PEREZ Joaquin, Tchimo, pour les amis,  et Candelaria.

La cour de la maison PEREZ (archive de l’amicale du Rio Salado)

 Une grande famille a défilé dans cette cour ! L’aîné, Joaquin, et Elvire,   son épouse,  les enfants : Danielle, Roger et Yves, puis Marie-Rose et Aimé GALLARDO,… maman de Paul, Jean et Simone, ensuite Clémence et François CERNA et leurs  trois filles,  Roseline, Jeanine et Christiane, les deux derniers, Henri et André. André, vous le connaissez , il est l’ époux d’ Hermance ROSELLO. Nous avions rencontré leur fils, Marc, rue Manuel  ANDREU, devant la maison du docteur ROSELLO, son oncle. Marc jouait avec ses copains Marcel et Richard. Si la mémoire vous fait défaut  allez vous promener dans « la 6ème balade« .

Clémence CERNA, les grands-parents PEREZ et Christiane (archive de l’amicale du Rio Salado)

Reprenons  notre visite. Vous me suivez ? Voici donc le grand portail de la cour des PEREZ. Vous souvenez-vous du malheur qui  frappa cette famille ?

J’ai retrouvé dans « Le Sel« , le bulletin paroissial de l’ abbé PLENIER, un article relatant l’ évènement:

«Février 1956: décès de Candélaria PEREZ.

Madame PEREZ nous a été enlevée dans des conditions particulièrement atroces.  Elle a été bardée de coups de poignard. L’émotion a été vive à Rio, la colère aussi. Pourtant les funérailles se sont déroulées dans la plus grande dignité. Les Saladéens ont les nerfs solides et font encore crédit à la justice.

Aux familles éprouvées, le témoignage de notre sympathie et de nos prières. »

                                           

Archive de l’amicale du Rio Salado.

Triste année que cette année 1956 ! Bon ! Passons ! Laissons de côté ces pénibles souvenirs et continuons notre promenade. Sur le trottoir d’en face, à l’angle de la rue, la villa de Rose et Luisico MARTINEZ. Maguy et P’tit Louis, leurs enfants,  attirés par  notre venue, ont ouvert le portillon. La maison est bâtie  dans le jardin des parents de Rose, de Marguerite et de Guy QUILES.  Belle construction !                              

Mitoyen à la villa, rue Jean ARACIL, voici  l’atelier de M. COVACHO,  tonnelier de son  métier, et père de Paulo et Camille. Brigitte PEREZ  et Francine RIPOLL, en sortant de l’école, s’ arrêtaient un moment,  fascinées par le travail du tonnelier, prenant plaisir à le voir cercler  les douelles, et donner forme au fût.

 Nous n’irons pas plus loin dans cette rue. Retournons sur nos pas. Arrêtons -nous devant la porte d’ entrée de madame PEREZ.

Place Jules Ferry. Maison PEREZ (archive de l’amicale du Rio Salado)

 Devant vous, la place Jules FERRY. Bien sûr, elle n’a pas la classe  de la place publique, du square Milhe POUTIGON. Mais aujourd’hui, elle est  très animée. Le dimanche, c’est jour de  marché. Les fermiers arabes viennent vendre leurs produits. C’est ce qui explique l’effervescence du lieu.

Il y a  quelques années, la place ne présentait pas ce tableau coloré. Autrefois, ce marché dominical avait lieu sur le  grand  terrain   situé devant l’ ancienne école de filles près de la vieille église : une place en terre battue où se tenaient ce fameux marché du dimanche et les manèges lors des fêtes du village. En particulier,  notre fameuse « chenille » qui nous donnait des sueurs froides, lorsque la vitesse de rotation s’accentuait et que la capote bâchée se dépliait  dans l’obscurité, enveloppant tous les sièges. Alors,  les   cris de peur ou d’excitation fusaient   de toutes part, mêlés aux grincements de la chenille ondulant sur les rails et au hurlement tonitruant de la sirène qui signifiait la fin de la promenade, permettant ainsi à « d’éventuels rapprochements »  de reprendre leur place. Et oui…c’était il y a longtemps !  

(archive de l’amicale du Rio Salado)

Et puis en 1953, le 23 mars plus exactement, Mgr LACASTRE, évêque d’  ORAN, vint spécialement assister à la  pose de la première pierre de la construction de la nouvelle église Saint Michel. Et le marché du dimanche fut contraint de s’établir place Jules FERRY .                 

Place de la vieille église (archive de l’amicale du Rio Salado)
Archive de l’amicale du Rio Salado.

 Revenons sur notre trottoir. La journée s’annonce plutôt grisâtre. Sûrement l’effet des prières de nos « faiseurs de pluie« .  Tiens, justement, les voilà qui arrivent. Ecartez-vous ! Laissez passer les « Madame BONO » !   Entendez par là : « Madame Bonne Eau« .                                                                                                  

Pour appeler la pluie sur la  commune, ces musiciens arabes, au nombre de trois, déambulent dans les rues du village, derrière un jeune taureau, au pelage noir, lustré. Des colliers de perles et des  rubans, pendent à son cou. Un tapis très coloré s’étale sur son  dos. Il est le roi de la fête. Les trois musiciens ont chacun un instrument de musique différent pour accompagner la marche de l’animal :

la JAÏTA : une flûte en bois, le GALAL : un tambour, lui aussi en bois, et le TAR : un genre de tambourin muni de cymbales. La musique plutôt aiguë, couvre en partie les paroles de leur mélopée:

                        « Ya madame Bono,ateni sueldo, …. »

C’était une fête de les voir passer, lorsque nous étions enfants.

Les faiseurs de pluie (archive de l’amicale du Rio Salado)

Sur la place, les paysans ont parqué les ânes près du gros pylône électrique et plus loin, un vendeur propose  des touffes d’alfa ,en grappes sur le sol. Des « stropajos » très utiles pour faire la vaisselle.  Plus exactement, me disait Jeanine,  des « estropajos » :  des bouchons d’ alfa. L’équivalent de nos  éponges métalliques. Que voulez-vous ! Nos racines espagnoles ont eu une grande influence sur notre langage !

Un peu plus loin, sur votre droite, vous apercevez une guitoune. Pardon, une  tente blanche. C’est celle du coiffeur, ou du docteur peut-être, je ne l’ai jamais su. Ne cherchez pas le mobilier, tout se passe devant la tente. D’ailleurs regardez ! Voici un client qui s’approche. Notre chibani s’assoit en tailleur sur la natte en alfa, « la stéra ».  Le coiffeur l’ enveloppe dans une sorte de « fouta« ,  serviette en drap, et d’ un habile coup de tondeuse, lui rase le crâne. Non ! Non ! Pas de glace ni de lavabo, messieurs ! Chut ! Laissons travailler l’artiste ! Et puis, intervient le médecin. Je n’ai jamais eu la  curiosité d’aller  voir de plus près. D’ailleurs, je n’aurais osé jamais le faire. Notre ESCULAPE des rues, place des sangsues -oui, des sangsues, vous avez bien entendu-  il les dispose sur différents endroits du crâne.  Elles se chargeront d’améliorer l’état de santé du patient. Quelqu’un est intéressé? La thérapie par les sangsues revient à la mode. Il sait ce qu’il fait notre barbier-chirurgien!

Bref ! Comme   vous pouvez le voir, la place est très animée. Une agitation vive et colorée  qui faisait peur à Nadia. Enfant, elle venait  avec sa grand-mère,  fermement accrochée à sa main, affolée par l’agitation qui régnait sur la place.

Je vous laisse vous balader dans ce marché. Des souvenirs enfouis rejailliront sûrement, avec plaisir j’espère. Je vous retrouverai plus tard  pour continuer  notre balade dans  ce coin de RIO.

Alors  Buen paseo!

                           

  

Hérisson ou châtaigne ?

Jacques a trouvé cette « chose-là ». Est-ce qu’elle vous parle ? comme disent nos amis Sétois? …

Hérisson ou châtaigne ?(photo Jadette SALVA).

                                  

Non, non, vous faites erreur! Ce n’est pas un petit hérisson. Encore moins une grosse châtaigne. Mais un gros oursin de profondeur. C’est un oursin émoussé. C’est son nom. C’est un oursin comme ceux que l’on pêchait aux « BLANQUISSARDS » , une crique entre BOU HADJAR et SASSEL . Pas très loin du CAP FIGALO.

Les oursins que Jacques a trouvés ne viennent pas de là-bas, mais de CONCARNEAU. Bien sûr, ils n’ ont pas le goût, la saveur de ceux de la MÉDITERRANÉE. Mais ils sont chargés de belles gonades, et … d’agréables souvenirs.

                                       

un plat d’oursins (photo jadette SALVA).

                                        

Un plat d’oursins bien appétissant (photo Jadette SALVA)

La PATATE DOUCE : « le MONIATO de chez nous ».

Au retour d’un marché, j’ai oublié au fond de mon panier une patate douce. Quelques jours plus tard, je retrouvais la patate. Dans l’obscurité et la chaleur du panier, elle commençait à germer. Aussitôt, ce moniato germé me transporta vers un autre horizon, de l’autre côté de la Méditerranée où, sur une étagère de la salle à manger, il poussait allègrement le long d’un meuble, un brin de laine le ramenant vers un circuit plus convenable. C’était un plaisir de le nourrir et de le voir grandir.

Peut être les prémices de mon goût pour le jardinage?

Archive de jadette Salva.

Cette patate oubliée a gagné ma terrasse et grimpe avec le même enthousiasme à l’assaut du mur de la loggia. Je la regarde pousser, et d’agréables souvenirs me reviennent chaque fois.

Le bal des conscrits – classe 42.

Bonjour Vous Tous qui me suivez dans nos balades à travers RIO SALADO. C’est avec plaisir que je vous invite, aujourd’hui, à continuer notre voyage dans le temps. Êtes-vous prêts ? Alors, en route ! Nous nous rendons de ce pas au…

BAL des CONSCRITS,

classe 42, plus exactement : classe 42 – 62/1/A
 

Mais auparavant, je vous invite au Conseil d’ Administration qui a réuni, en « une table ronde », par Internet, quelques-uns de nos conscrits. Écoutez-les évoquer, chacun à son tour, leurs souvenirs. Vous apprendrez comment s’est effectuée la mise en place de ce bal, si important pour ces garçons.

Chers Amis, je vous présente la classe 42, accompagnée de quelques sympathisants.

*-Un peu de silence, s’il vous plaît, Messieurs. La séance est ouverte. Je vais prendre la conduite des débats. Je vous rappelle que la correction est de mise. Je vous présente les intervenants:

*Henri BOUR, tu as quelque chose à dire? Concernant le bal des conscrits, je vais te décevoir car je n’ai pas d’infos à fournir, pour une simple et bonne raison, je ne suis pas de la même classe. Je suis né en 43 !

*André BLASCO? Désolé, trop loin pour moi!

* Jean Paul VIDAL? Oh! La! la! Rien à dire !

La séance s’ annonce mal! *Voyons, Joseph PLAZA, tu es photographié dans le groupe? J’étais là en ami. Je ne suis pas de la classe 42, mais 41.

Décidément! J’espère que notre « table ronde » finira par « tourner » normalement. *Paul LOZANO, la parole est à toi. Peux-tu nous en dire un peu plus au sujet de cette fameuse journée? – Je vais essayer de rassembler mes souvenirs. Pardon pour mes imperfections de style et … Allons-y ! Le Conseil de révision s’est déroulé au printemps 1961. Je pense qu’il fut le dernier du genre car « l’orage » grondait déjà ! C’était donc à AÏN TEMOUCHENT, à la sous-préfecture, que nous nous sommes retrouvés, ceux de RIO, TURGOT, ER RAHEL, et LAFERRIÈRE. Le contrôle s’est passé assez vite. Les jeunes des douars environnants étaient là aussi. Beaucoup n’avaient jamais quitté leur village. Je me souviens de leur stress! Cette classe portait le matricule 61/1/A, un beau millésime! Après le Conseil, certains ont été voir ce qui se passait du côté du Château d’eau (tu vois ce que je veux dire!). D’autres ont envahi les cafés. Les plus sages, dont je faisais partie bien sûr, accompagnés de Paul CARDONA et d’André BLASCO, avons virevolté dans les villages en question, jusqu’ à TURGOT -PLAGE où nous nous sommes retrouvés tous devant des verres d’ Anisette, à la « JOYEUSE ESCALE » chez GRANDEL. Des photos ont été prises. Je ne les ai plus. Sûrement l’un d’entre nous a dû les garder. Je nous revois tous, ou presque, allongés sur le sable, discutant de ce qui allait suivre.>>

*- Robert WARNERY aurais-tu quelques informations supplémentaires à nous communiquer ?

<<Quand la mémoire n’est plus tout à fait au rendez-vous, on risque de faire appel à l’ imagination. Je vais éviter de tomber dans ce travers, parce que, ce moment de mon existence m’a bien marqué, et je m’ en souviens assez bien dans les grandes lignes. En effet, …Voici à peu près le scénario de ces jours mémorables:

Au tout début, le jour J, tous les futurs conscrits de la classe 42 avaient été amenés, encadrés par les gendarmes de RIO SALADO, vers le centre de sélection de la section d’ AïN TEMOUCHENT. Le but de la manœuvre étant de valider médicalement et physiquement nos futures aptitudes à servir la Patrie. A ce titre, il me semble me souvenir que la totalité des participants avaient été déclarés aptes à la future pratique du service militaire. Dans la foulée immédiate de cette consécration, et dans l’ esprit de la tradition mise en place par nos aînés, nous avons rendu visite à la villa ROSETTE dans la ville d’AÏN TEMOUCHENT pour ne pas déroger à l’esprit de nos anciens. Je ne suis pas sûr du prénom de notre accueillante, mais par contre je me souviens bien des pensionnaires de l’établissement qui pratiquaient un art consommé à commercer et à vendre leurs charmes. Nous avons donc obtenu pour la plus – part d’ entre nous- le passe- sanitaire nécessaire à notre future pratique du métier de militaire.

-L’ un d’ entre-vous pourrait-il nous parler de ce fameux bal? Robert?

<<Ensuite, nous sommes passés à des choses plus sérieuses, à savoir l’organisation du légendaire bal des Conscrits qui allait nous mettre en compétition avec nos aînés des classes précédentes. Nous nous sommes donc réunis, le jour suivant, sur la terrasse de Fédo CANDELA père, pour nommé notre Président: Fédo CANDELA fils. Il m’avait missionné pour superviser et coordonner les différentes tâches qui avaient été dévolues à chacun des conscrits qui avaient accepté de s’ en occuper. Les rôles dans l’ organisation du bal nous avaient donc été distribués, à ce moment- là, pour que chacun d’ entre-nous puisse prendre connaissance de sa part de travail.

*- Je vois que tu t’agites, Paul LOZANO, quelque chose à dire?

<<Nous avions décidé d’ établir notre PC chez Constant KRAUS, au bas de leur grande maison. Là, nous avons discuté des différents « task-forces »: toi,tu feras ça avec …! Qui a une voiture? etc..etc.. bref! L’organigramme fut établi, mais ce fut laborieux car il fallait décider sans que ce soit le « foutoir »! A ce stade, je rends un hommage appuyé à Jean Paul VIDAL pour son sens de l’ organisation et sa connaissance des affiches, et de tout ce qui tourne autour des timbres fiscaux et de bien d’ autres choses encore! Après deux mois de travail, nous avions décidé d’ organiser le Bal des CONSCRITS au CASINO, de profiter des moyens de ceux qui le pouvaient et d’ avoir recours à la Mairie.>>

*- Robert WARNERY , tu demandes la parole? Nous t’écoutons!

<<Je dois avouer que, n’ayant jamais été confronté à ce type d’organisation, nous avons quelque peu tâtonné pour finaliser tout ce-ci , à savoir:l’accueil des invités payants avec recherche d’ un imprimeur pour éditer les billets. – la mise en place de la caisse à l’entrée. Discussions autour du prix du billet. – – Disposition des tables mises à notre disposition par la Mairie. – Recherche des artisans susceptibles de nous fournir les boissons et autres produits consommables à table. A ce titre, nous avons fait appel à un très bon professionnel pour assurer le service des tables : Abdellah GOURINET, dit Butagas, et ce, au dernier moment car nous avions mésestimé la difficulté de cette fonction. <Merci Abdellah!). – Enfin, pour la décoration de la salle, nous avons fait appel à Mme Odette BOUR qui s’ est servi de ses relations pour nous dénicher l’oiseau rare auprès du commandement militaire présent dans notre commune à ce moment-là. Je me souviens bien de ce jeune militaire du contingent mis à notre disposition, manifestement plus apte au métier de décorateur qu’à la pratique du service militaire. Ce charmant et sympathique garçon, prénommé André, avait eu la géniale idée, mais un peu osée, de mettre en scène des jeunes conscrits en train de pisser sur le mur du CASINO, mais heureusement… vus de dos ! La fresque de 2mètres de haut, dessinée et peinte par notre décorateur, sur tout le pourtour des murs du CASINO, avait été suspendue sur des fils par nos soins. Je dois dire que cette idée de décoration avait un peu surpris les convives arrivants, mais de suite , avait fait rigoler tout le monde. « 

*Quelque chose d’ autre à ajouter Gérard LAMBERT?

<< La décoration murale, en hauteur, couvrait le périmètre de la salle. C’étaient des peintures qui avait été réalisées sur papier et ensuite transportées au CASINO et placées sur le mur. Des militaires avaient fait ce travail dans la maison qui servait aux réunions de nos mères, et d’atelier de poteries et de faïences. Pour le bal, tu peux te renseigner auprès de Dédé BLASCO, qui, si ma mémoire est bonne, était Président du Comité des Conscrits. Je peux ajouter que, avec Petit Louis MILLIAN, frère de René et de Cilo, nous étions, comme disait P’tit Louis: « Comisarios de sala« . C’est à dire que notre rôle était d’assurer l’accompagnement jusqu’aux réservations de tables et des loges du CASINO, nos concitoyens nous faisant l’honneur de venir à notre bal. >>

* La parole est à Robert WARNERY, nous t’écoutons. Parle-nous de l’ orchestre.

<<Le choix de l’ orchestre s’est porté sur le groupe de M. CORBALAN qui a animé toute la soirée. Il avait la particularité, quand il avait une série de slow, de susurrer dans le micro le légendaire:  » Aimez-vous les uns les autres! ». En milieu de soirée , et en « vedette américaine », un quatuor témouchentois dénommé les CHACARERROS avait exécuté quelques airs mexicains dont une fabuleuse interprétation de la Bamba.>>

* Bien sûr, Paul LOZANO, tu as quelque chose à dire. Tu as la parole!

<<Pour la mise en place de la fête, un orchestre a été retenu, il s’agissait du Gaby GAY qui avait une certaine renommée. Là aussi, il a fallu reformater les équipes: la vente des billets, la buvettes des non-alcoolisés, celles des alcoolisés, la sécurité, la salle, les tables, l’emprunt des chaises, le nettoyage… Le Jour « J », tout est en place, la salle se remplit. Les gens regagnent leur place, l’odeur des parfums commence à couvrir celui de la poussière. Les commandes de champagne fusent. A la buvette, les bières sont demandées.L es cuviers pleins de glace se remplissent de BAO, PILS MÉTÉOR, puis aussi de VERY GOOD, et autres sodas et même d’ eau minerale ( Les noms, me sont inconnus!). Dédé BLASCO et Paul CARDONA dans le petit local vendent les tickets d’entrée. Les Billets sont rangés dans une boite en carton. Il y a de l’ ambiance. De temps en temps, une bouteille se brise. Il faut vite intervenir, ramasser les débris de verre. Pendant ce temps, Gaby Gay joue des morceaux reposants: c’ était nécessaire! Je me souviens particulièrement de ce morceau de Jazz: « HARLEM NOCTURNE » que tout le monde appréciait car il invitait les couples à danser. Mais moi, pas question de danser, j’étais affecté aux tables et chaises et pas que ça, un peu à la sécurité et ….au nettoyage ….des toilettes. Il fallait bien que quelqu’un le fasse! A un moment donné, le responsable du C.O.P (Centre opérationnel de protection) était présent avec ses commandos car il y a eu quelques alertes. Il s’en est bien tiré. Dehors les gendarmes de l’ adjudant ARFI, bien armés, veillaient au grain. Quant à la police municipale, elle faisait ce qu’ elle pouvait. A l’intérieur, l’ambiance était à son maximum. Gaby GAY assurait en pro.>>

*- Gérard , une anecdote encore à nous raconter?

<<Nous étions, nous le « Comisario de sala », chargé de maintenir l’ordre partout dans la salle et surtout au bar, où nous avions eu une embrouille. Je ne sais plus avec qui, ni pourquoi. Mais heureusement, deux personnalités du village qui se trouvaient là, sont intervenues et ont calmé le jeu .>>

*-Tu t’en souviens Robert?

<< Un petit iota en cours de soirée quand des militaires du contingent se sont invités au bal. Des propos ont été échangés avec Paul STARCK, il n’était pas dans son tort, Paul! J’ai dû employer toutes mes ressources de négociateur pour éviter une bagarre générale entre militaires et certains de nos aînés présents, qui n’ étaient pas manchots!

*- Pour qui le mot de la fin? Paul? Gérard? Robert? Tu as la parole, Robert!

<< Finalement, les dividendes que nous avons récoltés en fin de soirée, tous comptes faits, ne nous ont pas permis de rentrer dans FORBES (Magazine économique américain, pour tout savoir sur les milliardaires). Néanmoins, dans l’ ensemble, notre organisation avait bien fonctionné. Au dire de tous, le bal des Conscrits avait été un véritable succès par son originalité, et la qualité de sa convivialité. ”

*-Paul LOZANO, veux -tu bien clore la séance!

<< Et puis le jour est venu. La salle s’ est vidée peu à peu. Nous étions fatigués, mais il a fallu débarrasser, charger les camions et rendre le mobilier. Quel boulot mes amis! Voilà! Je suis conscient d’avoir oublié pas mal de choses mais ce dont je me souviens, ce sont ces quatre ampoules de faible voltage qui pendouillaient au centre et aux quatre coins de la salle, pendues à un coffre, sensé être quatre dominos, ce n’était pas très beau, mais c’ était notre CASINO.!>>

*-Très bien Messieurs, nous vous remercions. Nous venons de « vivre » une agréable et bien animée « table ronde » , mais je vais ajouter quelques mots de plus. Je veux bien croire que pris par vos occupations, vous ayez tous oublié de nous raconter, le « moment phare » de votre soirée: L‘élection de MISS CLASSE 42 ! !!

Pourtant ce défilé de jeunes filles, saladéennes de surcroît, aurait dû vous interpeller! Alors je vais demander à Paul CARDONA qui m’ a raconté cet épisode, de faire l’ animateur de la soirée. Paul à toi:

 » La Miss Classe 42 est……Michèle MACIA »

Un mot encore, n’oubliez pas, vous qui me suivez dans mes « remontées dans le temps, » que j’ai quémandé à ces « anciens conscrits » d’extraire de leur mémoire, des souvenirs (que j’ai retranscrits intégralement ) vieux de …61 ans!

Annexe: pour aller plus loin et pour les plus curieux, Jean-Paul AMAT s’était fendu d’un texte, le 10 juin 2016, sur le dernier Conseil de Révision classe 43.

Vous en saurez plus si vous cliquez sur le lien ci-dessous:

http://amicaleduriosalado.com/le-dernier-conseil-de-revision-a-rio-salado

Le dattier de Chine de l’ ORÉE du BOIS.

Savez-vous quel est l’arbre qui se cache sous le nom de dattier de Chine ? Vous le connaissez bien sûr. Mais chez nous, il avait un autre nom: le jujubier. Qui n’ a pas dans un coin de sa mémoire, un jujubier perdu au fond d’une cour! Le mien se trouvait dans la partie sauvage du jardin de chez mes grands-parents. On y accédait par une porte en bois. Là, il poussait libre comme l’air, sans soin, dans le plus total abandon. Mais que ces fruits étaient savoureux ! Aussi, lorsque nous avons eu notre jardin, il me fallait « obligatoirement » un palmier Phénix, comme ceux du square de RIO SALADO; un galant de nuit, ( jasmin de nuit pour les non-initiés) de la villa CARREGA, une treille de chez mon père, un figuier comme celui de la cave SALVA…..

Le galant de nuit (photo Jadette SALVA)
La treille (photo Jasette Salva)

et…un jujubier ! Vous me comprenez, vous qui venez de Là-Bas ! N’est-ce pas ? Mon beau-père a comblé toutes mes envies ou presque. Pour le jujubier, ce fut une autre affaire. Nous avons cherché longtemps cet arbre chargé de souvenirs ! Un jour, Gérard LAMBERT me proposa un rejet d’un jujubier qui poussait dans la propriété du Docteur FIESCHI, dans le VAR. Merci Gérard ! Enfin j’allais avoir cet arbre qui me tenait tant à cœur !

Le jujubier (Photo Jadette SALVA)
Jujube ou date chinoise (Jadette Salva)

Depuis, il est dans mon jardin, dans une grosse jarre en terre cuite, agrémenté d’une fine guirlande électrique qui l’ illumine à la tombée de la nuit. Il ne se contente pas de « faire le beau« , il m’ offre chaque année un panier de jujubes. Et quels jujubes ! Rouges, renflés, croquants, sucrés à souhaits ! Un délice qui me fait « voyager » chaque fois que j’en croque un. !

Admirative devant ces fruits, j’eus la bonne idée d’en offrir un magnifique à mon beau fils : -Tiens ! Goûte le jujube! Aïe! Parole malheureuse! -Pas le jujube, la jujube! me répondit-il. -Qu’est ce que tu racontes ? On dit: UN jujube, pas UNE jujube. Où tu as vu ça toi? Et nous voilà en guerre… Des jujubiers, il y en a dans SETE. Le mien n’est pas le premier. Je cours chercher confirmation dans les différents dictionnaires que je possède. Le premier que j’ouvre est un LAROUSSE en deux volumes du grand-père SALVA, une belle édition de 1923. Et là ! Catastrophe!: «  Jujube: nom féminin : la jujube fruit du jujubier«  M….!, je plonge dans le LAROUSSE 2000 : « Jujube : nom masculin: le jujube fruit du jujubier« .

Un mot peut-il être des deux genres à la fois ? GOOGLE finira de me convaincre. Et oui! Le jujubier donne un jujube ou une jujube. Notre « belle langue » française a parfois des termes qui nous déroutent: le mot JUJUBE est ÉPICÈNE . Il s’emploie au féminin comme au masculin. Voyez-vous ça ! Je vous avoue humblement que je viens d’apprendre : ÉPICÈNE ! Et notre guerre prit fin . Et mon jujubier continue à me régaler quand je déguste ses belles jujubes!

Dernière récolte (photo Jadette Salva)

Quelques conseils avisés de nos amis:

Pour Joseph: c’est à consommer avec modération.

Yves, quant à lui, les préfère « fofos » (un tantinet flétris,en français).

Quant à Petit Jacques, il recommande d’éviter de les acheter dans les magasins où l’on vous propose des jujubes verts, gros et ronds comme des prunes , durs comme des patates. Essayez de les trouver dans un marché local , mais ce n’ est pas évident.

Alors , vous voilà informés. Et mon jujubier continue à me régaler lorsque je mange ses belles jujubes.

Définition Larousse (photo jadette Salva)
Défintion GooGle (photo Jadette Salva)
Les jujubes (photo Jadette Salva)

Prêtes à être déguster (Jadette Salva)