La boxe à Rio: Ambroise ASCENSIO, dit « Young », successeur de « Tony Dynamite ».

Avant de vous parler d’Ambroise, cousin germain d’ Antoine ASCENCIO,  dit Tony Dynamite, laissez-moi vous emmener, d’un simple coup de crayon, dans notre bonne ville de RIO SALADO. Nous sommes dans les années de jeunesse du cousin Antoine.

Yvon  LOZANO, notre mémoire saladéenne, me racontait que, durant les années 1915 à 1920, la boxe était un sport très apprécié par nos villageois. Les combats, véritables spectacles, se déroulaient sur la place du village. Le matin de  bonne heure, son père,  Jean LOZANO, conseiller municipal « chargé des loisirs », (dixit Yvon) venait installer le ring.  Au  centre de ce qui allait devenir le square MILHE POUTINGON, il disposait 4 tonneaux coiffés d’une estrade faite de planches Il clôturait le tout  avec des cordes fixées aux 4 piliers: le ring était fin prêt. Ces combats attiraient une foule de curieux, de tous bords qui s’agglutinait autour du ring envahissant la place. Tout ce petit monde suivait de très prêt le combat, encourageant de la voix les boxeurs. Lors d’un K.O, les spectateurs excités s’époumonaient à compter, dans un ensemble parfait, ces secondes fatidiques qui clouaient le vaincu au plancher. Le vainqueur, fatigué, quelque peu  amoché, mais heureux, était ovationné par des Saladéens admiratifs.

Plus tard, lorsque fut construit le cinéma le CASINO, pour l’occasion,  il se transformait  en salle de spectacles où se déroulaient aussi des combats de boxe. Le ring prenait place sur la scène. Encore jeune garçon, Yvon était venu, accompagné de ses frères, acclamer la vedette montante de la boxe: un enfant du village: Ambroise ASCENCIO, dit « le YOUNG« . Tout RIO était présent dans la salle, installé sur ces chaises en fer qui claquaient très bruyamment lorsqu’on se levait. Yvon, se souvenait encore de son admiration devant la musculature du boxeur: « des bras énormes qui faisaient peur à voir », me disait-il. Ambroise ASCENCIO, « le YOUNG«  comme on le surnommait, était le cousin germain d’Antoine ASCENCIO dit « TONY DYNAMITE« .

La  suite de mon article me vient de Raymond ASCENCIO, le fils d’Ambroise,

Le père d’Antoine et  d’Ambroise, ainsi qu’un troisième frère, furent élevés à l’orphelinat de MISERGHIN, dernier village avant d’arriver à ORAN.

Vous avez fait la  connaissance, dans l’article précédent, du premier des frères : le père de TONY, boucher,  déjà installé à RIO SALADO. Le deuxième frère, Ernest ASCENCIO,  épousa, le 6 septembre 1890,  Maria Ramona JAEN née à MERS EL KEBIR. Après la naissance du troisième enfant, ils quittèrent ORAN pour rejoindre La famille ASCENCIO à RIO, où ils s’installèrent eux aussi  comme artisans-bouchers. Ernest et Maria élevèrent 6 enfants, dont:

Armand, boucher à RIO.  Sa boucherie était située rue Maréchal FOCH, en face de la pâtisserie de PILAR.

– Auguste, appelé « TITO« , charcutier à RIO. La charcuterie  se trouvait rue Maréchal JOFFRE, pas très loin  du studio de photos de M. DUCHEMIN et de la boulangerie De Mme MACIA.

– et Ambroise, né à RIO SALADO, qui allait devenir durant les années 1930-1945 CHAMPION de BOXE  AMATEUR.

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Tony ASCENCIO: p’tit gars de RIO SALADO, 1er rang mondial des POIDS COQ

21 Septembre 1948! Cette date vous rappelle-t-elle quelque chose? Pour certains, sûrement, mais pour d’autres: rien, j’en suis sûre!

 Alors rapprochez-vous et écoutez!

Le 21 septembre 1948, Marcel CERDAN obtint le titre de Champion du monde.  Je ne vais pas vous parlez du boxeur mais de son entraîneur: Antonio ASCENCIO, un garçon de chez nous, né le 12 décembre 1901 à RIO SALADO. GOOGLE m’a aidé dans mes recherches.

Rio Salado. la place publique vers 1900 (Archive de l’amicale du Rio Salado)

«Antonio est le fils de Marie  et de Ramon ASCENCIO. Il fréquente l’école communale où il apprend l’histoire de ses ancêtres les gaulois ….bien vite, il s’avère que les  études et lui, ne font pas bon ménage. L’automobile se développant dans les grandes villes et les premiers tracteurs apparaissant dans les champs de RIO SALADO, il y voit un métier d’avenir. En même temps, l’enfant canalise son trop plein d’énergie dans le sport et plus particulièrement dans la boxe. Le 2 août, la mobilisation est décrétée, les français d’ALGÉRIE se préparent à faire leur devoir. Antonio continue son apprentissage. Le 4 août, les Allemands bombardent BÔNE et la zone industrielle de PHILIPPEVILLE. Écoutant ces récits lors des discussions entre son père et ses voisins, Antonio enrage. Lors  d’un voyage à ORAN, il voit les légionnaires qui s’embarquent pour la FRANCE. Les faits d’armes de la LEGION sur le Front de FRANCE sont  largement commentés par la presse Algérienne. Le jeune  Antonio force la décision paternelle et ignore les larmes de sa mère. Le 18 octobre 1917, il se présente à SIDI BEL ABBES et contracte un engagement pour la durée de la guerre. Il n’a pas encore 16 ans. Pendant 4 mois, il apprend à devenir soldat… Le 10 février 1918, le jeune légionnaire arrive au dépôt de LYON. Bien impatient à  en découdre, il rejoint le RMLE sur la SOMME… Antonio est voltigeur de pointe à la 10ème compagnie du bataillon… Le 26 à 5h15 précises, les légionnaires se lancent à l’assaut des positions allemandes… Le succès est chèrement acquis. Le légionnaire ASCENCIO gravement atteint au pied gauche, est évacué sur un hôpital où il va  demeurer jusqu’au 7 Juillet… Pleinement rétabli, il rejoint son camarade juste à temps pour assister à l’ultime offensive de LUDENDORFF……Trois jours plus tard, la division marocaine, RMLE en tête, contre attaque…. Antonio  est touché par un éclat d’obus au bras gauche. Trois mois d’hospitalisation…. Il quitte l’hôpital le 25 octobre malgré l’avis défavorable des médecins. L’armistice du 11 novembre le trouve avec le RMLE  dans le secteur de CHATEAU-SALINS.

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Le général LECLERC à Rio: suite.

Bonjour Marie Jeanne! Ton article est très intéressant, il soulève un  pan de l’HISTOIRE de RIO SALADO que beaucoup d’entre-nous ne connaissaient pas. En suivant l’exemple de notre « ouedmaster » et avec l’aide de mon fils nous avons « surfé » sur le site de:

« chars-français.net » : histoire du 12è régiment de chasseurs d’ Afrique « 

http://12rcahistorique.canalblog.com/

et nous avons recueilli de nombreuses informations concernant la venue du Général LECLERC , dans notre village que tu évoques, pour notre plus grand plaisir, dans ton article .

«….

– le 14 février 1943,  par voie ferrée,  l’ État-major, les 1er Escadrons et l’PHR rejoignirent RIO SALADO, petite commune de l’ Oranie en ALGÉRIE, pour y cantonner.…..

-Le 15 février,  le groupe autonome fut rebaptisé: 12e Régiment de Chasseurs d’AFRIQUE, et transformé en régiment de chars.

-Le 1er mars, le lieutenant Colonel de LALANDE, chef de corps, décida de remanier complètement l’organisation du Régiment:

– Chef de Corps : Lieutenant Colonel de LANGLADE à Rio Salado

– Commandant en second : Chef d’Escadrons DIDELOT à Rio Salado

– Commandant adjoint : Chef d’ Escadrons MINJONNET à Rio Salado

– Capitaine Commandant l’EHR : Capitaine STARCK à Rio Salado                                                                                                             

– Escadrons d’ Échelon :  Capitaine ROUVILLOIS à Rio Salado

– 2éme groupe cantonné à HAMMAM BOU HADJAR

– 7éme Escadron Capitaine GRIBIU, détaché pour la campagne de TUNIS à Turgot

– 1er Escadron :  Capitaine PROUHET à Turgot

 – 456 hommes pour le régiment.

Le 3 mars, l’arrivée des jeunes des CHANTIERS de JEUNESSE permit de renforcer les escadrons.»

« A RIO SALADO, le RCA continua son instruction et son entraînement sur 4 vieux chars FT17 dénichés à ORAN .

-En juin 43,  le régiment avait également récupéré des camions FIAT italiens, en parfait état de marche, provenant de la reddition de leur troupes à  TUNIS , le mois précédent.

On peut lire dans le compte rendu du Général SAINT DIDIER,  commandant la Brigade Légère Mécanique en juin 1943 :

« …pour conclure, disons simplement que 19 chars sur 23 sont aujourd’hui à RIO SALADO.»

Et plus loin :

«RIO SALADO, avec sa petite église, sa mairie, le square,d’une propreté méticuleuse et à l’ensoleillement quasi perpétuel, faisait penser à une petite ville de province de la MÉTROPOLE. Les officiers et les sous-officiers étaient logés chez l’ habitant .

En ces temps difficiles, il y avait à RIO SALADO, pour chaque chasseur une « marraine de guerre » qui lui tricotait chaussettes et pulls et lui envoyait, en même temps qu’une photo, quelques gâteries: soutien moral efficace…

– Un jour du mois de juillet 43, tous les officiers et sous-officiers du régiment, environ 120 personnes, furent convoqués  au cinéma du village par le général LECLERC. Ce dernier arriva en saharienne, short, sa canne au bras, accompagné sur scène par le colonel de LANGLADE. Quelques mots, quelques détails sur la 2e DB en formation, et sa profonde conviction en la victoire finale.

– A compter du 3 août 1943, le 12è Régiment de Chasseurs d’ AFRIQUE fut formé en Régiment de Chars Légers.

– Le 9 août, le général GIRAUD vint visiter le régiment à RIO SALADO.

– Le 24 août 1943,  le Général LECLERC reçut officiellement le commandement de la 2èDB.»

Bravo Marie Jeanne! Et encore un Grand  Merci pour cette page d’Histoire de notre village que ton article nous a permis de découvrir.

Les fêtes de village : Rio Salado.

QUE LA FÊTE COMMENCE….!  (Jadette Salva)

            Après le 15 Août, les viticulteurs désertaient la plage et regagnaient RIO afin de préparer les caves en vue des vendanges. Le village resplendissait de lumières et de couleurs,  les forains étaient déjà en place, l’orchestre s’installait.

                                                 LA FÊTE POUVAIT COMMENCER !!!

C’était l’évènement dominant de l’année. Elle se déroulait pendant la dernière semaine de septembre. Les employés municipaux, sous la direction d’élus dévoués et compétents, s’occupaient de la décoration du village et veillaient au bon déroulement des festivités. Mr. DESSAUX avait la responsabilités des ateliers communaux dans lesquels il  surveillait la réalisation des décors que vous avez pu admirer durant toutes ses fêtes .

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8ème balade: la MAIRIE 1949-1958.

1ère PARTIE: LE VILLAGE EN 1949: Gontran MILHE POUTIGON

Nos promenades, dans nos villes d’adoption, étant compromises, confinement oblige,  nous avons la possibilité d’aller une fois de plus à la rencontre de notre passé. Alors, je bats le rappel, comme le faisait Charlot  DAVOS, en frappant énergiquement sur un tambour, en criant bien fort pour me faire entendre:

« Avis à la population: À vous tous qui avaient suivi mes « flash-back » , je vous propose de repartir dans le RIO SALADO des années 49-50, histoire d’ oublier pendant quelques instants, le monde chaotique où nous vivons. Notre 12éme édile, M Gontran  MILHE POUTINGON  nous y attend ».

Fin de l’annonce, roulement de tambour…..

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Un autre champignon.

Un autre champignon ……

Le champignon de fenouil n’ayant pas dévoilé ses secrets, je voulais vous parler d’un autre champignon que j’ai connu chez nous, à Rio Salado. Un champignon que ma grand-mère maternelle cultivait, ou pour être plus exacte, élevait avec un soin tout particulier,   A l’abri des courants d’air, de la lumière, et de la chaleur, dans un récipient  en verre relativement grand. C’était une espèce de membrane gélatineuse, baveuse, visqueuse, pas jolie à voir, qui ressemblait à la mère que l’on trouve dans le fond des bouteilles de vinaigre. Ma grand-mère le nourrissait à grand renfort de cuillerées d’eau sucrée, et chaque matin, j’avais l’obligation d’ingurgiter de gré ou de force, le nez pincé, une gorgée de ce soi-disant remède miracle, produit par ce champignon qui devait me guérir du paludisme. Entre nous soit dit, après de bons mois de ce traitement, et un séjour sur les hauteurs de  Tlemcen, je n’eus plus de crise de paludisme. Bave du champignon ou quinine? Je ne saurais dire. Longtemps j’ai cru que ma grand-mère était la seule dépositaire de cette potion magique.  D’où tenait-elle ce champignon ?  Là aussi mystère. Jusqu’au jour où bavardant avec la maman d’une de mes élèves, pharmacienne de formation, j’appris que ce champignon miracle est en fait un KOMBUCHA. J’eus tout de même un  petit pincement au cœur , un peu déçue, je venais d’ apprendre que ma grand-mère n’avait pas l’exclusivité de ce champignon. 

Pour parfaire vos connaissances, consultez le sage de l’ Ami René,  le » Sidi Ould Google ». Il vous en dira  plus, sur le kombucha, champignon médicinal.

Vous pouvez aussi aller sur le site dont voici le lien :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Kombucha

Qui pourrait me dire: les champignons de fenouil.

René, c’est moi qui vais te mettre mettre à l’épreuve, à vous aussi qui visiter notre Site. En Sardaigne, lorsque j’ai eu la joie de retrouver ces »abuelitas », j’ai fait une deuxième découverte dans la vitrine d’une épicerie, découverte qui m’a fait un réel plaisir: il y avait là, devant nous: des champignons de fenouil! Te souviens-tu, de ces champignons de fenouil que l’on achetait à BRÉDÉA, en revenant d’ORAN ? Des gamins nous attendaient au bord de la route, avec dans leur sac de jute, ces beaux champignons blancs, que nos aînés avaient baptisés : champignon de fenouil. Pourquoi? là est la question! Alors peux- tu me dire, pouvez-vous me dire, le nom exact de ce champignon. J’ai toujours eu la même réponse: « Je ne connais pas ce champignon je ne vois pas ce que c’est» Alors je vous mets tous à contribution, peut-être aurez-vous plus de succès que moi. Un conseil: n’oubliez pas de vérifier votre réponse sur internet, chose que, dans ma naïveté, j’avais oublié de le faire pour le « capuchon de moine ». Maintenant, je vous laisse je vais préparer une omelette aux champignons ………de Paris.

FLASH Special : notre guerre de 1914-18.

          Bonjour tout le monde! Me revoilà parmi vous, prête à vous emmener faire un nouveau plongeon dans le passé. Aujourd’hui, nous n’irons pas à la rencontre de nos deux derniers édiles. Figurez-vous que, par le plus grand des hasards, par pure coïncidence, appelez cela comme vous voulez, j’ai en ma possession une banale boîte en carton plein de… « petits trésors », comme  dit Jean-Claude. Ces petits « trésors » sont des cartes postales. Attendez ne vous emballez pas! Ce ne sont pas n’importe quelles cartes postales. Celles-ci datent des années 1914-18. Années de la Grande Guerre. Et écoutez-ça: écrites par des jeunes gens de 20ans et plus, domiciliés à….RIO SALADO. OUI! Domiciliés à RIO SALADO! Je ne vous raconte pas d’histoires. Voyez l’heureuse coïncidence, comme il me plaît à dire: alors que nous venions de « rencontrer » ces Délégués Spéciaux qui avaient contribué à la création et à la bonne marche de notre village, voilà que nous arrive cette banale boîte en carton pleine de cartes postales oubliées depuis un siècle, et qui rappellent que les administrés de Joseph MILHE POUTINGON étaient en route ou déjà au Front, prêts à se lancer dans la Grande Guerre. N’est-ce pas fantastique? Et attendez la suite! Les expéditeurs de ces courtes missives sont, pour certaines d’entre elles, envoyées par de futurs arrières-grands-pères, et arrières-grands-oncles. Je vous avoue  que c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai parcouru les quelques mots écrits au dos des cartes. Elles étaient destinées, la plupart du temps, à la famille, aux amis et surtout  à M. François MACIA, forgeron,  boulevard national à Rio Salado.  Elles  étaient signées: Paul AVIZOU, Jules JACOBIN, Albert MACIA, Constant KRAUS, Vincent CARDONA, Raymond RIERA, Joseph ARACIL, Paul ARACIL, Antoine ARQUERO, François STARCK, Joseph CAHUZAC, François RODRIGUEZ, Albert TISSINIÉ, Gabriel DE SALAS, Marcel ANTON, Diego PASCAL, Manuel ANDREU, Michel MARTINEZ, Auguste DEGOURNAY, ROSELLO (sans prénom) et un certain  HENRI sans patronyme. Et d’autres  encore dont la signature était illisible, effacée par plus de 100 ans d’existence. Tous ces jeunes Saladéens étaient cantonnés  à MARSEILLE, SAINT DIZIER, STRASBOURG, BIZERTE, MILIANA, ALEXANDRIE, SALONIQUE….. Ils appartenaient au 33ème Régiment d’Artillerie Lourde, au Régiment de Territoriaux, à l’École des Mécaniciens 2ème compagnie basée à LORIENT, à la 1ère Escouade du 3ème Zouaves de SÉTIF, au 9éme tirailleurs, au 6ème Groupe d’Artillerie d’ AFRIQUE. L’un était infirmier, un autre mécanicien à bord du cuirassier VOLTAIRE, un autre sapeur-mineur dans la 19ème Batterie du Génie….Vous comprenez mon émotion! D’ailleurs, je dois vous confier que, pendant de la préparation de ce texte, ils étaient tous autour de moi. Par discrétion, je ne vous donnerai pas les textes de ces missives. Je me contenterai de vous dévoiler certains passages puisés dans toutes ces lettres étalées devant moi:

       « TOUL, 4 décembre1914: Je vous fais savoir que depuis que  je suis arrivé ici à TOUL, j’ai juste eu 2 jours de soleil, il pleut tous les jours, ça ne vaut pas le bon soleil que nous avions en ALGERIE. Je vous fais savoir aussi que tous les jours on nous fait piocher comme des marocains, et plus de 4 fois on nous traite de …, moi, je croyais qu’ici nous étions en FRANCE» 

       « JERRYVILLE, 22 mars 1915...C’est à une distance de 1600km que je t’envoie de mes nouvelles et pour te dire que j’ai eu un voyage long et pénible mais en récompense  nous sommes beaucoup mieux qu’à ORAN nous sommes avec un régiment de territoriaux tous de corses et très chics…..

       «LEMMOS, 22juillet 1915….me voilà à LEMMOS. Tu parles d’une traversée pour la première fois que je monte en bateau. Nous nous sommes embarqués le 13 juillet et nous sommes arrivés hier à midi, huit jours en pleine  mer, que de l’eau et le ciel. Juste en arrivant près de LEMMOS nous avons aperçu beaucoup d’îles italiennes et grecques …On est arrivé depuis hier. Nous sommes amarrés  au milieu du port. Mon ami, si tu voyais les bateaux qu’il y a, incroyable! On ne peut pas les compter et tous dans le port. Hier sont arrivés 3 bateaux anglais bourrés de troupes anglaises et ils sont comme nous sans débarqués…enfin c’est triste pour nous territoriaux…

     « ALEXANDRIE, 9 décembre 1915… Voilà, nous sommes ici à  ALEXANDRIE. Je commence à en avoir assez. Je reçois des nouvelles de mes frères ainsi que de tout le village. Nous  sommes que moi et MANOLO qui a été conduit ici après avoir été blessé aux DARDANELLES…..»  

      « MOSTAGANEM, 20 janvier 1916...j’ai reçu ta carte qui m’a fait un réel plaisir de savoir que la marche-crève-marche est toujours ……ici on ne se fait pas de mauvais sang. Si tu voyais sortir en ville avec le sabre et avec la culotte rouge et les épaulettes! Se mos los amos del pueblo…….»

      « Philippeville 1916….me voilà à Philippeville. On  nous a habillés et on ressemble à des guignols. On rigolait rien que de nous  voir les uns les autres. Il y a une bande de bleus de FRANCE qui sont plus bêtes que leurs pieds. Nous sommes une bande d’Algériens et nous rigolons plus que ceux de France….

       «MARSEILLE,  9 novembre 1917 …Je suis arrivé à MARSEILLE hier à 3h. Nous avons eu la mer un peu agitée en sortant d’ORAN. Mais ça n’a pas été bien long. Nous n’avons pas vu de sous-marins que c’est l’essentiel. Enfin ça a bien marché. Mais toujours ce maudit cafard qui passe à chaque instant dans mon esprit. Ah! Quand est-ce que cette maudite guerre finira . Ce soir je prends le train pour LYON puis de là sur le FRONT. Enfin, patience et courage…….»  

       «LORIENT, 2 avril 1918……la présente pour vous dire que j’ai reçu  ce matin 3 colis : la mona les gâteaux et la charcuterie. Les culottes, je les recevrai plus tard car par la poste ça met plus longtemps. Pensez la joie que j’ai eu en recevant ces trois colis  à la fois……»

       «SAINT DIZIER, 6 juin 1918 ….aujourd’hui, nous avons repos pour laver et pour prendre une douche. A l’instant, on va prendre une douche d’eau chaude……»

       « SAINT DIZIER, 8 juillet 1918….je viens de finir de souper. On avait du riz et j’ai mangé la boite de thon. Elle était excellente. Ne m’envoyer plus de conserves je peux en acheter ici. En terminant ma carte, je vais avoir un maillot de football. La revanche de l’autre fois : les algériens avec les francaouis. Mais sûrement c’est les algériens qui vont gagner…..»

      «PAMIERS, 18 juillet 1918:… je suis à l’hôpital, j’ai été blessé et enterré par un obus. La blessure n’est pas trop grave…..»        

      «GOUVIEUX, 3 novembre 1918 …Je suis à quelques km du FRONT. On attend du renfort pour monter en ligne. Depuis le 24 octobre, je n’ai plu de nouvelles d’Albert…»

      « ARZEW,…..depuis quelques jours je suis sans nouvelles d’ALBERT. J’ai reçu une lettre de Paul AVIZOU me disant que votre fils ainsi que JOUVE et ANDREU sont partis de L’ORIENT… Nous sommes également sans nouvelles de mon frère depuis 25 jours, et par conséquent très inquiets…»

      Et voilà, une autre étape de notre voyage à RIO qui  prend fin.  J’ai rangé, avec une pointe d’émotion, les cartes dans leur boite. Contente de vous avoir fait partager la visite de nos poilus venus à notre rencontre  nous « dire » leur angoisse, leur joie, leurs espérances, leur humour pendant cette Grande Guerre . Je dois vous dire que j’ai été heureuse de les sortir de l’oubli. Tous sont revenus  de leur « caserne du 9ème Cousous », du  » dépar. des éclopés »,  de leurs 4 années de guerre, dans notre village. Je l’ai vérifié en fouillant  les archives de l’ Amicale.

       Les cartes de nos POILUS SALADÉENS ne tomberont pas dans l’oubli. Elles iront rejoindre tous nos « souvenirs » au Centre de Documentation Historique sur l’ Algérie d’ AIX en PROVENCE, où d’autres se chargeront de les « réveiller » de temps en temps au grès d’un travail de recherche.