9ème balade: Rue Maréchal JOFFRE, suite (4ème partie).

(Archive de l’amicale du Rio Salado.)

Bonjour. Vous qui me suivez dans mes balades, soyez les bienvenus Rue Maréchal JOFFRE. Heureuse de vous accueillir dans notre équipe. Je ne serai pas seule à vous guider. La dernière fois, des amis sont venus me rejoindre. Gérard, Michelle, Yvon, Paul m’avaient donné un sérieux coup de main. Aujourd’hui, Jeanne, le même Gérard, Nadia, Denise, Luce, Arlette, Jean-Claude, Paulette, Danièle, et Albert m’ont aidé à compléter et agrémenter mes dires. Je les en remercie.

Mes amis, mes sources. (Archive de l’amicale du Rio Salado.)

Prêts? En route pour cette 9ème balade Rue JOFFRE. Refermons doucement le portail de la villa de François, Gigi, Pierre et Marie Josée MACIA, et traversons la rue. Derrière nous, nous avons la maison de la famille DIAZ, que nous avons visitée. A côté, celle de Fernand LAMBERT et d’ Hermine NAVARRO, son épouse. Tiens! Coïncidence! Le portillon vient de s’ entrebailler. C’est Jeanne, la fille aînée de la maison. Elle a dû nous entendre et vient faire la curieuse. A moins qu’elle n’ attende le passage de quelqu’un qui lui tient à cœur? Chut! Pas de commérages! Jeanne n’aime pas ça! Elle paraît déçue. Elle nous invite tout de même à entrer chez elle. Pas de gène entre-nous, venez! Dans notre village, tout le monde se connaît et, en fouillant un peu, je suis sûre, que nous avons tous, plus ou moins, un lien de parenté . Donc, soyez les bienvenus dans le fief de Fernand LAMBERT. La cour est agencée, à peu de chose près, comme toutes celles que nous avons déjà visitées.

Jean-Jacque, Pierre, Hélène, Jeanne et leur papa dans la cour.
( Archive de l’amicale du Rio Salado).
Jean-Jacque, Pierre, Hélène, Jeanne et leur papa dans la cour.
( Archive de l’amicale du Rio Salado).

Mais cette cour est bien animée! Ça rigole bien fort! Les garçons, devant la porte de la maison familiale, ont l’air de bien s’amuser. Jeanne va les rejoindre. Sa petite sœur, Hélène, intimidée par notre présence s’accroche à sa main. Rapprochez- vous que je vous les présente. Là-bas. le plus petit de la bande, c’est Pierre le troisième des LAMBERT, à sa gauche, son grand frère Jean- Jacques, Le garçon suivant, le plus grand de tous, c’est Louis LAMBERT, cousin germain de la famille. A côté, encore plié de rire, Jean GALLARDO. Celui qui vient de remonter son pantalon d’une façon aussi originale, c’est son frère Paul. Vous n’avez pas fait attention à son geste. Il faut absolument que je vous explique sa technique. Je la connais pour l’avoir observée de nombreuses fois, toujours avec le même amusement. Je vous assure c’est à voir! Approchez: Paul place son avant-bras droit sur son ventre, le pouce sous sa ceinture en cuir qui lui tient le pantalon, et le bras gauche dans le dos au niveau de la taille, même position. Vous y êtes? D’un rapide déhanchement gauche-droit, suivi d’une pression vers le haut, il remonte les avant-bras entraînant la ceinture et le pantalon. Un léger reniflement de contentement ou de déception c’est selon, termine la manœuvre. Le pantalon est remonté! Chouette, non? Réservé aux garçons cela va de soi! Notre ami Paul est unique en son genre. Allez trouver plus original? J’en doute! Vous paraissez sceptiques? Je ne blague pas. Demandez à Gérard!

Le dernier de la bande celui qui anime le groupe, c’est Gérard. Gérard LAMBERT bien sûr! Tout ce beau monde rigole de plus belle en écoutant l’ami Gégé.

Familles Lambert Louis et Gérard.
( Archive de l’amicale du Rio Salado).

Jeanne et Gérard.
( Archive de l’amicale du Rio Salado).

Qu’est ce qu’il peut bien leur raconter qui les réjouit autant! Hum! Je crois savoir… sûrement ses exploits scolaires! Qui d’ ailleurs ont fait le tour de notre communauté! Un drôle de loustic, vous savez! Son maître est à plaindre: il lui en a fait voir de toutes les couleurs! Attendez! Comment s’appelait-il ? Ah! Oui! M. CONTRERAS, Roger CONTRERAS. C’est vrai, ce Gérard! quel garçon turbulent! un « guisqué« , dans notre jargon. Un « poivre » diraient mes amis sétois. Bref! Un élève qui tapait sur les nerfs de ce pauvre instituteur, .Mais attention! Roger n’était pas du genre à laisser l’énergumène lui pourrir la vie? Il lui a déjà confisqué son sac de billes cousu par grand-mère Gallardo. Mais ça ne l’a pas calmé au contraire. Alors l’instit s’est énervé. En trois mouvements , il prend notre Gégé, le place sans façon sous son bras, et sans tambour ni trompette, sous le regard apeuré ou rigolard des élèves, le soulève et le pose sans ménagement, sur le rebord étroit de la fenêtre haute, protégée côté rue, par un grille. D’un coup sec, il la referme mettant fin à la récré. L’oiseau est enfin en cage! Vous imaginez le tableau! Mais ce que j’ignorais -je viens de l’ apprendre- c’est que ce coquin du haut de son perchoir avait une vue plongeante sur le terrain de basket où un match amical battait son plein. Ce qui le réjouissait énormément! Et voilà l’anecdote qui faisait tant rire nos compères. En fait, Gérard faisait partie de cette catégorie d’élèves que j’appelle des « bandits sympathiques ». Pénibles mais avec un bon sourire et le regard enjôleur. J’en ai eu des « comme ça ». Mais jamais, au grand jamais, je n’aurais employé cette méthode pour calmer les ardeurs de mes petits diables! Que voulez-vous,: les méthodes ont changé!

( Archive de l’amicale du Rio Salado).
( Archive de l’amicale du Rio Salado).

Laissons Les garçons rire de leurs frasques scolaires. Voyez au fond de la cour, après la buanderie et le WC à la turc, l’écurie, où M. LAMBERT enferme les bêtes. Les deux battants du portails sont ouverts. Jean-Jacques conduit ses amis vers l’écurie. Peut-on vous suivre? Merci! allons-y! Il y a justement une « curiosité » qu’ il va nous montrer.  » « -Hé! Les gosses, poussez pas! Nous allons tous, nous retrouver sous les sabots des mules! — -Calmez-vous, ça va bien se passer. » Dans le fond à gauche, une vieille Citroën, une traction-avant noire, couverte de poussière, repose sur la terre battue, pneus dégonflés. C’est la voiture de son grand-père: François NAVARRO. Je me souviens de cette voiture. Renée QUILES m’a raconté son histoire. Son oncle Sassa NAVARRO fut tué à SFAX en TUNISIE pendant la seconde guerre mondiale. M. NAVARRO, traînant avec lui toute la tristesse du monde, s’en alla seul jusqu’en Tunisie récupérer le corps de son fils, qu’il ramena à Rio dans cette traction noire. Sassa devait reposer dans le caveau familial du cimetière de notre village. Une bien triste relique, cette voiture!

Sortons, s’ il vous plaît! il est temps pour nous de continuer notre balade. Passons en face, nous sommes devant la cour des grands-parents POUYAU. Dans cette cour habitent la famille ESTÈVE.

Voilà justement MINGO qui arrive avec sa drôle de charrette: une « vitrine » sur roues. Qui est-ce Mingo? Mais, Domingo ESTÉVE, le sacristain. Celui qui annonce au son des cloches les mariages et les décès du village. Mingo, c’est aussi le pourvoyeurs en TORAÏCOS, TRAMOUSSOS, PEPITES SALÉES, BERLINGOTS et POMMES d’ AMOUR. Ces pommes enrobées d’un caramel rouge qui craque sous la dent. Et, fin du fin, vous trouvez sur le présentoir fixé à sa charrette des PIROULIS! Ah! Ces piroulis! Une sucette en forme de cône, ressemblant à un petit parapluie multicolore. Ben voyant, bien sûr! Avec un manche! D’une douceur dont on se délectait assis au bord d’un banc de la palmeraie… Bref! Revenons sur terre. J’étais persuadé que « PIROULI » était un terme de chez nous sorti tout droit de notre dialecte pied-noir, comme MOUNA ou TORAÏCO. INTERNET m’a prouvé le contraire. Mais oui! Vous voilà déçus comme moi. Ce mot désigne toutes sortes de choses, depuis un gâteau, une sucette plate glacée, un vêtement et même… une pièce de lingerie. Sacrilège! J’ai quand même consulté le Petit LAROUSSE de l’année 2000. J’en étais sûre: pas de trace de Pirouli! Bon, Peu importe! Je continue: les PIROULIS de chez MINGO sont uniques! Seule madame ESTÈVE savait les faire aussi bons!. Si vous voulez les goûter, Mingo est installé sur la palmeraie, en face du Petit Louvres, le magasin de Mme NAVARRO. Moyennant quelques sous, vous pourrez déguster un pirouli. Et ne croyez pas, parce que Mingo a un problème aux yeux, que vous pouvez le berner! Que nenni! Il a une telle façon de compter les piécettes placées dans le creux de sa main, portée à hauteur de son œil que l’erreur n’est pas de mise. Un sacré bonhomme , Mingo! Le Pirouli n’est pas la seule spécialité de Mme ESTÈVE. Il faut avoir dégusté ses beignets ! Ah! Ces beignets! Un délice! Onctueux, moelleux, dorés à point, grands comme une assiette à dessert, qu’elle vous tendait dans un morceau de papier pour éviter les brûlures et les tâches!

Ah! Non! Ne me dites pas ça! Ils n’ ont rien à voir avec les donuts! Voyons! Quelle idée! Laissons-la préparer sa pâte. Ne la retardons pas. Elle doit être vers 4h sur la place, afin de préparer le feu et la grande poêle pour frire ses beignets. Je suis sûre qu’il y a déjà des amateurs qui attendent sa venue.

Et nous, l’eau à bouche, un peu frustrés, nous continuons notre promenade. Dans la maison à côté, vous ferez la connaissance de Lysiane QUILES et de sa sœur Colette. Comme nous arrivons au coin de la rue, allons en face ,voir l’épicerie de David et Salomon COHEN, située près de la cour de la famille LAMBERT. Un des deux frères prendra possession de l’épicerie qui tenue par mes parents, boulevard national. Le magasin suivant, en contre-bas, accessible par deux marches appartient à M. ELBAZ. Regardez l’enseigne de cette boutique: « Au bradeur Populaire« . Oui, c’est bien le nom de sa boutique! C’est écrit sur sa porte. Vous trouvez de tout, au « Bradeur Populaire ». C’est un genre de magasin Tatie…mais en tout petit. Au-dessus, à l’étage, loge Primitivo , le coiffeur .

Pour terminer la balade, il ne nous reste plus qu’à aller rendre visite à M VIDAL. M. VIDAL Antoine a son atelier de réparation de cycles, juste à l’angle. Vous ne voyez pas qui est ce M. VIDAL? « Antonio Largo« , comme le nomme ses amis. Le père de Danièle et de Tanou, grand amateur de course de vélo.

Antoine VIDAL remettant le bouquet au vainqueur de la course.
( Archive de l’amicale du Rio Salado)

Saviez-vous que, lors des fêtes communales, les municipalités organisaient des courses de vélos qui traversaient le village à la plus grande joie de la population. Les Saladéens se massaient alors, au bord de la route, une pied sur le trottoir l’autre dans le caniveau, dans la rigole, si vous préférez. Attendant le premier peloton où l’on espérait reconnaître parmi les coureurs: Antoine VIDAL, Pierrot DAVOS, Joseph CANOVA, TIBI,… Cette fois ci, pour apercevoir le chef de famille, Mme VIDAL et ses deux enfants, Danièle et Tanou, sont au premier rang, tout au bout du village, devant la villa de M. MILHE POUTINGON. Ils ont, serré dans leurs mains, un morceau de sucre ,qu’il glisseront dans celle de leur père , pour lui « redonner des forces », du « punch » comme on dit aujourd’hui. Soudain, le peloton est annoncé. Les curieux ou les « aficionados » se penchent, tendent le cou, s’interpellent. Et tout à coup, une clameur ébranle les spectateurs:

« ils arrivent! Les voilà! Les voilà! » Canovica est en tête suivi de près par Antonio Largo! Mas prisa! mas prisa! Plus vite Papa! Plus vite! » Les deux enfants s’époumonant de plus belle encouragent leur champion.

Les coureurs sont passés. La foule se disperse et nous faisons de même. Nous nous retrouverons au CASINO pour le bal de Carnaval. Soyez à l’heure nous ferons la fête!

8 réflexions sur « 9ème balade: Rue Maréchal JOFFRE, suite (4ème partie). »

  1. Chere Jadette ..
    Ton récit ou tes recits réveillent en moi tellement de souvenirs! Comme si j’y étais …. Que dire d’autre qu’un grand bravo! Je t’embrasse.
    Paul.

  2. MERCI à Jadette notre conteuse intarissable . . . Nous attendons avec impatience chacune de tes balades car tu fais « remonter » tous ces beaux souvenirs de notre vie d’avant !

  3. Merci à Jadette pour cette photo de classe, il me semble qu’à l’époque on disait la 8ème et non pas CE2,la 7ème j’étais déjà au lycée Lamoricière dans le cour des petits, c’était donc ma dernière année à Rio.
    Y a t il des volontaires pour documenter les numéros manquants?

    1. Contente de t’ avoir Thierry! Tu as raison, j’ai pensé en instit. et non en élève. Effectivement l’appellation CE2, parait-il, existait, mais n’était pas employée. Vous étiez Gérard, toi, et les autres en 8ème. J’espère que nous aurons quelques noms supplémentaires sur la photo.
      Merci .

  4. Un grand merci Jadette pour ta promenade.
    Que de souvenirs! Je me suis vu entrant dans la cour de chez Jeanne Lambert. Embrassant sa maman, Hermine, cousine germaine de mon papa.
    Tu nous fais revivre tous ces bons moments en descendant cette rue.
    Continue de nous faire rêver.
    Bravo! Je t’embrasse fort.
    Denise Martinez.

  5. Un grand merci JADETTE pour ton article,
    Tu m’as rappelé le quartier de mes grands-parents PEREZ et surtout de ma pauvre grand-mère CANDALARIA (vous connaissez tous sa fin tragique).
    Merci pour ton courage et ton travail. Peut-être nous reverrons nous prochainement?
    Je t’embrasse très fort.
    CHRISTIANE.

    1. Bonjour Christiane, nous passerons devant la maison de ta grand mère, au cours d’ une de nos prochaines balades. A bientôt Bonjour à Jeanine et à Roseline.

  6. Bravo Jadette pour tous les articles parus qui nous font revivre tant de souvenirs ! Je te remercie de retrouver les noms de tous les gens de Rio et de nous faire redécouvrir notre cher village…
    Ma sœur Brigitte se régale aussi de te lire.
    Je t’ embrasse ainsi que les partenaires de l’amicale et tous ceux qui nous reconnaîtrons.

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