Samedi 9 et dimanche 10 Septembre 2017, PORTIRAGNES-PLAGE a célébré la FÊTE du VENT. Nous ne pouvions laisser passer cet événement. « Magnifique » nous avaient assuré Danièle et Yves ANDREO.
La FÊTE du VENT, c’est quoi au juste?
C’est la rencontre des passionnés de cerfs-volants pour un championnat international haut en couleur. Ces amoureux particuliers ne se contentaient pas de les faire voler. Ils faisaient exécuter à ces papillons multicolores des danses aériennes. On pouvait les admirer virevoltant, valsant, plongeant d’un coup pour se redresser ensuite au rythme de la musique. EOLE, bien entendu, était de la fête. Son turbulent fiston, le sieur MISTRAL, vint semer le trouble et tout gâcher. Certaines compétitions furent annulées. Les grosses pièces gisaient sur le sable, tressautant tirant sur leurs cordes comme des animaux pris au piège. Malgré tout, le ciel de PORTIRAGNES-PLAGE était constellé de personnages, d’animaux de figures géométriques.
Attention! Ne vous méprenez pas : nous avions là des cerfs-volants de toutes tailles très élaborés, pas du tout nos petites BILOCHAS! Ah! BILOCHAS ! Encore un mot sorti de notre patois oranais. Ne le cherchez pas dans le dictionnaire « espanol-francés 1950 ». Ce nom s’écrit BIRLOCHA. Mais de génération en génération, il a perdu une lettre : il est devenu, pour nous tous, BILOCHA. Plus facile à prononcer peut-être? Peu importe! BILOCHA tu fus, BILOCHA tu resteras! Nous les fabriquions avec du papier journal, et un roseau coupé transversalement assemblés avec une colle de notre composition faite de farine et d’eau. Et vous aviez là un beau BACALAO (forme losange). Avec 6 côtés vous possédiez un « BARILÉTÉ ». Le secret d’un vol réussi passait par la queue, longue, équilibrée. Ce qui n’était pas facile à réaliser. Pour preuve, cette anecdote qui m’est revenue pendant que nous regardions ces ballets aériens.
En 1965, Jacques voulant initier notre fils (3 ans) aux joies du cerf-volant, (enfin si l’on veut) en avait fabriqué un. Le vent étant propice, nous étions allés à TURGOT PLAGE pour ce premier vol. Nous voilà partis, le cerf volant à bout de bras, sa queue bien repliée, suffisamment de ficelle enroulée autour d’un morceau de bois pour le laisser monter très haut et de nombreux télégrammes . Oui! Des télégrammes : de petits carrés de papier qu’on enfilait à la ficelle directive et que le vent emportait en tournoyant jusqu’à la star du jour. Temps superbe, une plage déserte, idéale pour cette démonstration. Bref! Tout y était! Je m’éloignai le tenant par le roseau en croix et après un tonitruant » Vas-y lâche le! », le cerf volant amorça une envolée. Mais voilà! Il avait de la « CUMBA « . Il oscillait à droite, à gauche sans jamais prendre de la hauteur. Pas assez de queue! L’ingénieux Jacques eut alors l’idée d’attacher, faute de mieux, une de ses espadrilles à la queue faiblarde. Miracle! Il s’éleva dans les airs à la grande joie de notre fils. Tout aurait été formidable, si la queue n’avait pas rencontré les fils électriques de la compagnie EGA, le cerf volant et l’espadrille restèrent prisonniers des câbles électriques. Jacques rentra à RIO avec une seule chaussure.
Ceux qui pratiquaient cette « activité » dans notre village savaient de façon certaine que le temps des bilotchas se situait incontournablement à Pâques. Pourquoi à Pâques? Probablement parce que c’est, chez nous, une période de vent et que seul le vent constituait le moteur de nos appareils. En effet, pas de vent, pas de vol de cerfs-volants. Mêmes les grands cerfs-volants fabriqués avec tout le savoir des générations passées ne pouvaient décoller du sol.
Il ne me semble pas avoir vu dans notre ciel des cerfs-volants autrement qu’à Pâques. Encore une coutume qui nous vient de nos ancêtres. Sans explication aucune car le vent ne soufflait pas qu’à Pâques.
Peut-être quelqu’un d’entre nous connaît-il la vraie origine de cette « activité »? Je serais curieux de l’apprendre.