La grande aventure de la vigne….Robert WARNERY

Pour terminer notre périple dans l’histoire des raisins de Rio, et les repas cordiaux de fin de vendanges. J’ai trouvé dans les  archives de l’amicale, « la grande aventure de la vigne…. »de Robert WARNERY. Il nous entraîne sur les traces de FISTON, son père, pour nous faire remonter le temps en nous parlant de ces vendanges qui ont tant compté dans le village.

«La GRANDE AVENTURE de la VIGNE……..» Robert  WARNERY                 Ce métier de la vigne, ne se fait pas sans une immense passion de la terre et une résistance à l’échec à toute épreuve. Le temps, le soleil et les soucis du lendemain incertain, burinèrent le visage de nos pères et tannèrent leurs peaux, rude écorce peu sensible aux éléments. Ils avaient la vie chevillée à l’âme par ce combat de tous les jours pour une existence qui n’ avait pas toujours été tendre avec eux. Mon père était de cette trempe. Les techniques d’exploitation plus aisées que par le passé, n’enlevaient rien à l’ardeur et à la ténacité qu’il employait pour continuer l’œuvre d’Eugène WARNERY, mon grand père, cet ingénieur diplômé de l’ école d’ agriculture de Montpellier. Les pépinières RITCHER approvisionnaient mon père en jeunes plants plus résistants qui lui permettaient de renouveler certaines parcelles.                                                                                    «La culture de la vigne, me disait FISTON, est un travail de tous les jours. Les jeunes plants demandent une surveillance de presque tous les instants, afin de mener à bien sa maturité.»

Et là, arrivait le cortège de traitements des maladies habituelles qui s’égrenaient tout au long de l’ année : l’OÏDIUM, le MILDIOU, les ALTISES…. Plus d’une fois, je le vis consulter le sacro-saint et mythique calendrier      » le ZARAGOZANO » qui lui donnait la météo sur un an! (enfoncés les prévisionnistes les plus performants de Météo-France sur une semaine           !!)                                                                                                           Puis arrivaient les vendanges, et il disparaissait, perdu dans l’organisation de la composition de coupeurs et porteurs. Les camions récupérés sur les stocks laissés par l’armée américaine, faisait son affaire. Il  y avait là, des véhicules pouvant circuler sur tous les terrains et par tous les temps.

Et les vendanges commençaient fiévreusement dans des odeurs de grappes mûres qui embaumaient l’atmosphère des vendanges. Mon père se passionnait dans la recherche des techniques de fabrication d’un vin qu’il appelait « vin médecin ». Ce vin médecin apportait un complément à certains vins dépourvus de  » corps ». J’aimais par dessus tout déambuler dans la cave, assourdi par le bruit des pressoirs entraînés par l’enchevêtrement des courroies qui, toute la journée, sans interruption tournaient, tournaient….. Et au-dessus de ce charivari, je m’imprégnais de l’odeur des grappes pesées, et des marcs qui parfumaient la cave.

Et 1963 est arrivé…..

Le colon contemple pour la dernière fois le domaine viticole qui préserve au plus profond de ses ceps de vigne, ses meilleurs souvenirs d’hommes heureux, de luttes contre les fatalités de la maladie et autres formes de fléaux contre lesquels il n’avait jamais baissé les bras afin de préserver son patrimoine. Le soleil se lève doucement pour faire encore une fois de cet endroit où il est né : « un des endroits des plus beaux matins du monde».  Il va sur ses 50 ans d’une vie laborieuse vouée à sa terre, à sa famille, à ses parents, à ses amis, à la vie associative de son village…….il laisse derrière lui le cimetière où reposaient trois générations de ses pères. Il ne reste dans les rues de son village que quelques vieux pour se rappeler encore son nom. Le vent qui se lève ne mettra pas longtemps à effacer sa trace dans le sable des dunes proches.

« IL EST LÀ POUR QUELQUES INSTANTS ENCORE, ET BIENTÔT POUR PLUS JAMAIS! »                                                                                                                           Robert WARNERY

 

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