Les fêtes de fin d’année approchent à grandes enjambées. Notre ville de SETE se pare de guirlandes. Les devantures des magasins brillent de mille feux. De toutes parts, on s’agite, on s’anime, on se prépare à cette fête familiale qui réunira grands et petits autour des mamies, papys, oncles et tante…Et, voilà! c’est à notre tour maintenant d’être….. « en bout de table ».
Où sont nos Noëls d’antan!!! Nostalgie? Non, simple retour arrière. Un genre de pèlerinage dans ce monde qui fut le nôtre quand nous avions l’âge de nos petits enfants.
Alors, je retourne à nos archives, essayant de glaner ça et là, anecdotes, photos, articles qui remettront en mémoire nos Noëls d’autrefois donnant vie pendant ce laps de temps, à toutes ces fêtes qui firent vibrer notre village.
La « pêche » fut bonne! Me voilà dans les années 45 ou 46, lorsque le CASINO , le cinéma de Mr. ROCHER, se transformait en salle de fêtes. Les écoles, sous la houlette de nos enseignants, donnaient un spectacle en cette fin d’année. Madame CRESPO, institutrice du CE1 ou CE2 présentait les Contes de Perrault qui réunissaient des élèves de toutes les classes : sur scène :
Nicole CARDONA, Danielle BENHAMOU, Clémence POUYAU, Renée QUILES, Josette SEMPERÉ, Jadette VALERO, Jean LOUIS LOZANO, Louis CHORRO.
Quelques années plus tard, toujours dans notre salle de fête occasionnelle, Melle FERNANDEZ faisait danser « Noël au Mexique » à Lydia DIAZ, Anne Marie MARTOS, Henriette MUNOZ, Michelle CHORRO, Jeanine CERNA.
Anne Marie ANTON, Jeanine FILIPI, Jeanine ESTEVE, Luce SEROIN interprétèrent dans un gracieux ballet : »les voix du printemps » de J. STRAUSS.
En poussant plus loin mes investigations, j’ai lu un article de M. ROBERT, instituteur à l’école de garçons, paru dans le bulletin paroissial « LE SEL » de 1957: « NOËL DANS NOS ÉCOLES. »
«Après une séance récréative où les écoliers ont manifesté leurs talents artistiques, la distribution de jouets et de friandises a connu l’enthousiasme habituel.
Le corps enseignant offrait ensuite à M. SEMPERÉ premier adjoint, représentant le maire, et à une délégation de la municipalité, un vin d’honneur témoignant de la parfaite entente entre l’ école et la commune».
Les dernières fêtes de Noël à l’école se passèrent en classe maternelle. Melle MARCIANO assurait la direction de l’école. Parmi ses élèves, on reconnaissait Guy BERTHALON, Jean CANDELA, Hélène ADAM, Maggy MARTINEZ.
Mes recherches m’emmenèrent alors en 1951, loin de l’école, rencontrer l’abbé LAMOUR . Bien sûr, nous fêtions Noël à l’église !!! Donc en 1951, notre bon abbé nous présenta un tableau : « Mission de Noël » avec :
Paul PARRES-Jacqueline QUILES- Michelle CHORRO- Michelle MACIA-Cathy NAVARRO (?)
Plus tard, le 24 décembre 1956, l’abbé PLENIER, offrait aux paroissiens une PASTORALE pour fêter la naissance de l’ enfant JÉSUS.
«…. Dès 22 heures, l’église est pleine. A 23h15, on chante pour la dernière fois les cantiques de l’ Avent. A 23h30, les enfants s’ avancent en cortège , ils vont jouer aussi une PASTORALE :
Un rideau a été tendu devant l’autel. Le sanctuaire est devenu scène. Les enfants jouent leur jeu avec émotion et recueillement. L’assistance elle-même est émue.
La PASTORALE :La Vierge Marie : Renée PASTOR– Saint Joseph : Georges VALERO– l’âne Tanou VIDAL– le bœuf (?)- les anges : Suzanne SALVA– Lilia LOPEZ– Jeanne ROSELLO– Luce ARACIL– Marie Jeanne ARACIL– Michelle LAFORGUE.
Les bergers : Richard – Joseph RUIZ– Michel LAMBERT– René PADOVANI– Marcel BELTRAN– Jean COVACHO– Gilbert ROSELLO– Pierre ARNOUX– Marc GUTTIEREZ- Jean Louis BLASCO- Pierre LAMBERT-
L’ange Gabriel : Rose Marie CARDONA–
«Messe de Minuit – chants populaires fort bien exécutés à 2 voix par la chorale .La chorale : une révélation ! Une jeunesse disciplinée, nombreuse, sous la baguette féroce de FOLINI (celui-là, je vous le dis finira dans la peau d’un Saladéen !) nous a régalé d’un véritable concert……»
L’abbé Plénier continue plus loin :
«…Un concours de crèches avait été ouvert : Maryse JURADO, Yves PEREZ, Marie Jeanne ARACIL, Pierre ARNOUX, Michel LAMBERT, José CANDELA nous ont montré leur chefs d’œuvre …disons….familiaux.
Allez donc donner un prix, alors que tous ont mis tant de cœur et de goût !
Chacun a donc reçu un prix……»
un regard du côté de TURGOT , c’est toujours l’abbé Plénier qui écrit :
« A TURGOT, nous avons eu la chance d’avoir la Messe de Minuit. Le rituel
« Minuit Chrétiens » est chanté par M. BENELUZ très en forme. Bénédiction de la crèche par l’abbé DIEGO qui y apporte l’enfant JÉSUS. Conçue et réalisée par M. VELASCO, gardien de la ferme LIMERAT, cette crèche est une œuvre d’art qui vaut d’ être vue».
Piochant dans notre armoire à remonter le temps, je me rends compte que nous n’étions pas les seuls à RIO SALADO à être en fête en ce mois de décembre.
Dans le village, la communauté juive fêtait HANOUSKA, la fête des LUMIÈRES, je laisse Yvon BENSOUSSAN nous en parler .
«HANOUSKA, la fête des LUMIÈRES, généralement fêtée en décembre, se confondait très souvent avec NOËL. Nous allumions chaque soir une bougie sur un chandelier à 8 branches pour commémorer la destruction du temple de JÉRUSALEM par les troupes grecques. Et nous n’étions pas les derniers à attendre avec impatience des cadeaux dans nos chaussures posées devant la cheminée. Je me souviens de mon père plus impatient que nous-mêmes, nous réveillant dès l’aube afin de voir nos mines réjouies devant les présents, tombés du ciel…..Et qui arrivaient tout droit du magasin de Maurice BENSOUSSAN (sublime mécano avec lequel j’ai tant joué!!). Sur le plan religieux, nous avions réussi le syncrétisme !!
Je me souviens parfaitement, du jour (et de l’endroit) où mon ami Jean Paul VIDAL m’a déniaisé en me révélant que le Père Noël était en fait mes parents. Quelle déception ! Je lui en ai voulu longtemps !!! ».
En poursuivant mes investigations j’ai appris que chez la famille d’Abdellah GOURINET, il y avait la fête aussi.
Je demandais alors à mon amie Lahouaria BOUCIF -GOURINET laquelle de leurs fêtes se célébrait en décembre ?
«Difficile, a-t-elle répondu, la date de la fête de MAWLID ou MAOULID change chaque année. Certaine fois elle tombe en décembre.
Le MAWLID veut dire naissance du prophète. Dès l’aube, les femmes lancent des « youyous » de joie pour annoncer cet événement. Dans chaque famille, on mange le couscous et une pâtisserie la » TAMINA », gâteau de semoule grillée versée dans un mélange de miel et de beurre fondu, cuit au four. On offre des bonbons aux enfants en ce jour de fête,»
D’une fête à l’autre, j’ai vu notre village s’animer, s’agiter , chanter, préparer ces fêtes dans la joie et la bonne humeur. C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai entrepris cet article, d’autant plus que certaines de ces fêtes m’étaient inconnues, alors je vous invite à nous en conter d’autres pour notre plus grand plaisir.
Et pendant tout ce temps passé, à faire revivre notre passé, moi, j’ai oublié que je me trouve maintenant … « en bout de table ».
Bonjour Jadette.
Encore une fois, tu nous offres un documentaire exceptionnel de nos souvenirs et traditions que j’avais pour beaucoup oubliés.
Ce n’était pas toujours du grand luxe dans la décoration mais elle était faite avec tant de conviction et …d’amour de bien faire pour notre village qu’elle n’avait rien à envier à bien d’autres.
Bonnes Fêtes et amitiés à tous.
René Cardona
En complément d’information Jadette, pour la danse Noël au Mexique il y avait (entre autres) entre Anne Martos et moi, Annie Escudéro.
Au fond, en première ligne, Luce Yvars et derrière en 3ème ligne, Marie-Hélène Bour .
Pendant que nous dansions et chantions, Mme Fernandez nous accompagnait en jouant du piano (en bas de la scène à droite).
Les répétions se faisaient dans la salle qui se trouvait derrière le préau de l’ancienne école de filles.
Pour les autres, les noms m’échappent.
Mais un super grand merci à toi Jadette pour tous ces merveilleux souvenirs.
Encore merci
Je te remercie Michelle de compléter mes souvenirs. Il me revient en mémoire une autre « pièce »jouée pendant ces fêtes de Noël au CASINO.
1er acte : sur la scène à demi-éclairée, un berceau en osier, et une maman (Marie Christine AMAT) berce un enfant (un poupon).
2éme acte : le bébé est couché, la maman part. En fond sonore une chanson : « La révolte des joujoux »
d’André DASSARY:
On vient d’ éteindre la lumière,
Bébé succombe à son sommeil,
Mais les joujoux très en colère
Dans leur placard tiennent conseil.
Les joujoux font grève, ils en ont assez…..
A ce moment sortant de l’ ombre, arrive le défilé des jouets. Je ne me rappelle plus qui est le pompier, le cheval, ou le tambour. Tout est très flou. Je sais que les « jouets » sont nombreux. Je ne me souviens que de la poupée noire jouée par Blondine. Je m’en souviens parce que ma mère, dans un souci de bien faire et de faire plaisir, a demandé à madame RAUTURIER, la pharmacienne, de lui préparer une teinture qui ferait de ma sœur une poupée noire. Ma sœur est donc badigeonnée des pieds à la tête juste avant l’entrée en scène. Puis vêtue d’un pagne en raphia, Blondine va « manifester » avec les autres jouets.
Il y a une consigne : la pièce finie, il faut la débarbouiller .
La « révolte des joujoux » est très applaudie. Hélas!je n’ai aucune photo de ce spectacle.
Bonjour JADETTE,
Encore merci pour ton minutieux travail de recherches afin d’essayer de maintenir le souvenir de notre village que nous trimballons, malgré nous, tous les jours au fond de notre mémoire.
Je me souviens d’avoir dansé sur la scène du Casino habillée en champignon : longue chemise de nuit blanche et un grand chapeau rouge, plat et parsemé de pastilles blanches. D’autres enfants étaient habillés en petits lapins blancs. Le tout pour simuler la forêt. Il me semble que c’était l’année de NOËL AU MEXIQUE. Nous étions les enfants de maternelle, vous étiez les « grandes ».
Bonnes fêtes à vous tous et encore MERCI.
Bises CHRISTIANE.
Aucun souvenir Christiane! Mais j’espère qu’un de ces lapins ou un de ces champignons qui a dansé avec toi sur scène, un jour de Noël, aura l’amabilité de se manifester et de nous en dire plus. Ce serait dommage de rester dans le « flou ».
Aucun souvenir de mon époque de fêtes de fin d’année. Je pense qu’elles ne se faisaient pas parce
c’était la guerre 39/45 et que des pères ou des fils de notre village étaient au front.
J’en profite pour souhaiter à tous nos amis et amies de notre Amicale de bonnes fêtes de Noël et de fin d’année, entourés de tous les leurs, petits et grands….
La voilà la dure réalité avancée par Paulette! Les temps de guerre! Cette guerre qui changeait toutes les habitudes. La vie du village complètement chamboulée par ce malheureux événement. Y compris le rituel des fêtes tant attendues de Noël.
Voilà encore un thème qui pourrait être développé par notre archiviste. Je suis sûr qu’à la lecture de ce commentaire son esprit chercheur va se mettre en marche.
M’étonnerais pas qu’un article paraisse sous peu.
En attendant bonnes fêtes de fin d’année à tous.
Merci Paulette, bonne année à toi aussi. La maison a retrouvé son calme, je vais pouvoir répondre à ton commentaire et y ajouter quelques anecdotes. En effet, les fêtes de Noël en temps de guerre n’ont pas du être « joyeuses ». Je suis née un 8 décembre 1939, mon père était au Front, tu imagines la fête!!! Noël au village se passait dans la tristesse et l’angoisse. Cependant dans les archives de l’Amicale, j’ai retrouvé dans le cahier de cuisine de Jeanne ARNOUX, la grand mère de Luce SEROIN, une recette « Gâteau de Noël ». Noël se fêtait en famille autour d’ un repas. Je me souviens des repas chez ma grand-mère où mes cousines, ma sœur et moi-même recevions en cadeau, du linge de maison pour notre « futur trousseau de future jeune mariée ». Nous acceptions : c’était la coutume!
Le premier poupon que j’ai eu à Noël, à la maison, était en carton pâte! Plus tard, j’eus un baigneur en celluloïd, le premier ayant mal supporté son unique bain. Une amie me racontait qu’elle eut une poupée. Celle-ci aussitôt déballée eut droit à une belle coupe de cheveux. Ils étaient si longs! Elle traîna lamentablement cette pauvre chose chauve et mal en point pendant des années!
André Montero raconte dans son livre « RIO SALADO » un noël de son enfance dont voici un passage:
«….l’arbre de Noël de tante Marianne et de grand-mère, était aux dires de monsieur le curé, le plus beau, le plus généreux. Je le revois ce majestueux sapin trônant entre les deux volières de la véranda. Il n’y avait de cadeaux que pour les enfants, les adultes ayant d’autres préoccupations que de s’offrir des babioles. Mais «les enfants» étaient pris au sens large du terme. Il y avait bien sûr tous mes cousins, mais aussi les petits arabes que ma tante et ma grand-mère connaissaient. Et puis les fils d’ouvriers ou tâcherons espagnols qui, comme mon père, une génération auparavant, ne trouvaient rien dans leurs chaussures. Les parents les accompagnaient quelquefois, massés sous les arcades où le lierre s’agrippait. Les haïks étaient aussi nombreux que les manteaux de drap…….»
Ce noël devait se passer aux environs des années 35 ou 36. Bien sûr, nous n’avions pas tous le même noël dans le village. Cependant le repas familial était de toutes les maisons. Ma mère nous disait, certains soirs de Noël, vue notre conduite, que nous aurions le même cadeau qu’elle recevait quand elle avait notre âge: une sardine salée! Ce qui nous calmait immédiatement. Des sardines! Oh! Encore une idée de mon facétieux grand père!
Il fallait bien rire de temps en temps!!!
Des années après, un soir de Noël, à Celleneuve, mon oncle, ahuri devant la multitude de cadeaux de nos enfants, décida que le noël prochain ils auraient un jouet qui avait beaucoup compté dans son jeune âge. L’année suivante, il arriva, père noël d’occasion, avec dans sa « hotte en carton » des jouets à traîner faits de boites de conserves vides et de fil de fer. Tu te souviens de ces œuvres d’art faites de boites de lait Gloria transpercées par un fil de fer qui transformait la boite de conserve en roue motrice! Aussi, lorsque nos enfants sortirent dans la résidence pour faire rouler leur « voiture d’un autre âge », ce fut la fête!!! Les petits voisins vinrent voir si un jouet ne restait pas encore dans la hotte. Mon oncle était aux anges! Et nous aussi d’ailleurs.
Tu vois: on s’arrangeait et, bon gré mal gré, nous fêtions Noël!