10ème BALADE : RUE de LA GARE. Les DISTILLERIES (3ème partie).

Bonjour et bonne année à vous qui nous suivez dans nos promenades à travers les rues de ce village où nous étions jeunes et sans soucis!

C’est, je pense, l’ occasion de reprendre nos balades,vue la rapidité avec laquelle le « Temps » passe et nous plonge dans la désillusion et la tristesse.

Évadons nous ! Allons nous promener « route de la Gare « , comme nous la nommions. Le voulez-vous?

Plan route de la gare
(archive de l’amicale du Rio Salado)

Il fait beau. Pas le moindre petit nuage. La journée sera belle. Alors en route! Empruntons allègrement cette rue que nous dévalions, toujours pressés, pour ne pas rater ce train qui nous conduisait au pensionnat à ORAN, pour une semaine d’étude . Oui ! Vous avez raison ! Tous les jeunes ne prenaient pas le train. Nous pratiquions « le covoiturage » sans le savoir d’ailleurs! Effectivement, Titou, Gyslaine, Nadia, Blondine, Chantal et moi, nous nous entassions dans la 203 Peugeot commerciale de mon père et en route pour ORAN. Bien sûr, pas de ceinture, trois personnes à l’avant et … pas de contrôle routier ! Et nous arrivions à moitié endormis, mais à l’ heure, au lycée de garçons pour laisser Titou et au collège pour nous les filles !

Le boulevard national à Rio. À droite la 203 de M VALERO
(archive de l’amicale du Rio Salado)

Après cette mise au point pleine de souvenirs, revenons à notre sujet : la distillerie. Nous avons laissé l’huilerie SEROIN. En face, ce portail ouvert, donne accès à la distillerie de M. AVIZOU qui l’avait achetée à M. GRAS. Vous êtes des nôtres ? Vous nous suivez ? Le lieu à l’air d’être abandonné. Détrompez-vous : la famille CLÉMENT a habité un logement dans la cour. Alors, rapprochez-vous et laissez-moi vous conter l’histoire de cette distillerie.

Comme je vous l’ai précisé plus-haut, le propriétaire était M. AVIZOU. M. et Mme AVIZOU habitaient, non pas dans la cour de la distillerie mais plus loin, face à la place Jules FERRY. Pardon ? La place Jules Ferry ne vous dit rien ? Évidemment ! Je rectifie : Place du VOX comme la nomme les Saladéens ! Vous situez mieux la maison ! Je dois vous avouer que le principal défaut -enfin l’ un des principaux défauts des Saladéens- est de rebaptiser les lieux et les gens sans tenir compte des règles établies par les lois du pays.

Donc, revenons à notre distillerie. M. AVIZOU la faisait fonctionner. Il récupérait les marcs de raisins des viticulteurs de la région dans ces bassins de décantations que vous apercevez là-bas, au fond la cour . Il les remplissait ensuite d’ eau, pour laver les marcs et distiller le mélange eau-alcool dans l’ alambique. N’ayant pas de descendance et le travail s’alourdissant, M. AVIZOU vendit la distillerie aux frères CASTAÑO Antoine et Mathias. Là, s’arrêtent mes informations. Plus personne hélas! pour nous parler des frères CASTAÑO. J’appris par la suite qu’au bout de quelques années Mathias céda ses parts à Gaston GARAIT.

Gaston GARAIT était le frère aîné de Lucien, Henri, Émile (Mimilo, le journaliste) et Marguerite, l’épouse de Manolico SANCHEZ. Marié à Marie NAVARRO, Gaston faisait fonctionner la distillerie avec l’aide de son comptable: Louis GONZALES. Louis était responsable de la déclarations de la production des alcools auprès de l’ administration. Louis était l’époux de Carmen VARGAS, et parents de Paulette et de Louis-Philippe. C’est de Paulette que je tiens ces informations. Merci Paulette !

(archive de l’amicale du Rio Salado)

Elle m’apprit aussi que la distillerie ferma ses portes en 1957… Pourquoi ? Question sans réponse, hélas!…

Louis GONZALES, encore jeune, passa le permis de conduire, pour continuer à travailler. Il trouva un emploi à la banque C.F.A.T (Crédit Foncier d’Algérie et de Tunisie). Cette banque se trouvait à l’angle du boulevard National et de la rue du cimetière, en face de la villa des grands-parents LOZANO. Vue ? .Et la distillerie resta fermée, comme vous pouvez le constater.

(archive de l’amicale du Rio Salado)

Mais RIO, région de la vigne et du vin, ne disposait pas que d’ une seule distillerie. Vous vous en doutez bien ! Comme nous avons le temps de flâner, permettez-moi de vous parler de ces distilleries qui s’étaient établies dans RIO. Je vous présente tout d’abord celle de Guillaume DETORRES.

Comment me sont parvenus ces renseignements ? Par nos amis René et Françoise REQUENA. René m’avait remis les écrits d’ André COUTELIER, son cousin par alliance, et neveu de Guillaume DETORRES. André était fils d’ instituteur, résidant au faubourg CAMALONGA .Voici ce qu’ André écrivait:

« Mutilé de guerre à VERDUN, Guillaume DETORRES, à l’esprit d’entreprise hors du commun malgré son bras en moins décida d’installer une distillerie à RIO. Guillaume était marié à Edmée REQUENA,…..Marcelle ,sa sœur devint ma seconde maman…« .

(archive de l’amicale du Rio Salado)
(archive de l’amicale du Rio Salado)

Là aussi, je ne peux satisfaire votre curiosité : plus personne n’est en mesure de me fournir de plus amples informations.

Je continue donc à vous présenter les distilleries qui furent indispensables dans notre région où nos aïeux avaient « arraché à une terre criblée de terriers, des grappes de raisins à soûler les dieux de l’ Olympe » (Y.KADHRA – dans -ALGERIE)

Voici donc la DISTILLERIE AMBULANTE qui permettait de distiller la lie sur les lieux même de vinification.

C’est ainsi que Alfred SALA, époux de Maryse SALVA et son cousin, Méméto VIRUEGA, marié à Danielle GATTI devinrent propriétaires d’une distillerie ambulante, qui permettait de distiller la lie sur les lieux mêmes de vinification. Cette machine était remisée parmi d’autres engins agricoles dans un des entrepôts faubourg CAMALONGA. C’est Jean-Jacques SALA , notre neveu, qui nous a fourni les photos de cette distillerie ambulante.

(archive de l’amicale du Rio Salado)

Au gré des demandes des viticulteurs, Alfred et Méméto l’installaient dans les cours des caves de vinification et pouvaient distiller les marcs sur place.

Continuant mes recherches, je suis allée fouiller du côté de nos deux villages, TURGOT et ER RAHEL. J’ai appris en consultant le livre : « La Grande ÉPOPÉE des ORANIENS » qu’ Agnel BERNARD, en 1919, possédait une exploitation à TURGOT. Il créa de surcroît une distillerie dans sa propriété. «… et qui au cours des 4 campagnes qui viennent de prendre fin, a rendu , aux habitants de la région les plus signalés services traitant tous leurs moûts sur place.»

M. Agnel BERNARD
(archive de l’amicale du Rio Salado)
Distillerie de m. BERNARD
(archive de l’amicale du Rio Salado)

Pour clore ce chapitre « DISTILLERIE », je suis allée consulter les archives de notre Amicale. Le livre de Max MARCHAND : « ER RAHEL à l’image de la FRANCE« , documenté par M. J BERNABEU, secrétaire de mairie, m’a appris qu’il y avait une distillerie dans le village d’une capacité de production journalière d’ alcool de 160 hectolitres. Mes recherches s’arrêtent là.

Reprenons notre promenade route de la gare. Bien entendu, pas question de vous offrir une dégustation : il nous faut garder nos idées claires.

Après cette balade arrosée de vapeurs d’alcool, je vous emmène, puisqu’elle est sur notre passage, à la ferme familiale de la famille CARREGA. Cette ferme avait été celle d’ Henri LAGNEAU, grand père maternel de notre ami Jean-Claude CARREGA. Au décès d’Henri, elle fut partagée entre Rose LAGNEAU, épouse de François CARREGA et son frère Achille, sans descendance.

M. Henrir LAGNEAU
(archive de l’amicale du Rio Salado)
Rose et François CARREGA
(archive de l’amicale du Rio Salado)

Permettez-moi de vous préciser, en passant, que l’épouse d’ Achille , Marcelle LABORDE, pharmacienne à Rio vendit son officine à Mme RAUTURIER. Elle-même l’avait achetée à monsieur MENOUILLARD. Je tenais à vous faire partager cette dernière information que je viens d’apprendre. Je referme cette parenthèse.

Allons visiter cette ferme. Entrons ! Jean-Claude, de qui je tiens tous ces renseignements, nous donne son accord. Voici la cour autour de laquelle vous pouvez voir la villa, des hangars, une écurie, des bâtiments agricoles, un jardin d’agrément bien agencé et, là-bas, une assez grande cave. A partir de 1955 ou 56, elle servit de cantonnement à l’armée : une section de la compagnie du Train qui stationnait à RIO. A cette époque, notre ami Jean-Claude aimait s’y rendre avec André PALOMO, son ami de toujours. Il se souvient encore que, sur la droite, l’armée avait installé des baraquements provisoires où une partie de la jeunesse saladéenne pouvait venir danser le dimanche après midi en leur compagnie.

Jean-Claude CARREGA et André PALOMO
(archive de l’amicale du Rio Salado)

J’en parle en connaissance de cause : nous aimions bien nous y rendre pour passer un agréable moment. Le temps est magnifique et…il me semble entendre venant de très loin, des notes de musique qui m’entraîne bien loin….

Je vous suggère de nous arrêter là. N’allons pas plus loin. Savourons ces moments nostalgiques en compagnie des PLATTERS, de PEREZ PRADO, de Georges JOUVIN et de l’inoubliable Bill HALLEY.

La prochaine fois, c’est promis : nous irons à la gare.

Archive Jadette SALVA.

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3 réflexions sur « 10ème BALADE : RUE de LA GARE. Les DISTILLERIES (3ème partie). »

  1. un grand merci, Jadette, pour les bribes de ce passé que je ne connaissais pas de mon grand oncle, Guillaume DE TORRES. Je savais que mon grand père Jean/Juan était distillateur (cela apparait sur un acte d’état-civil), donc probablement dans l’entreprise de son frère, et marbrier (c’est lui qui a réalisé beaucoup de monuments dans les cimetières et les églises).

  2. A nouveau un grand bravo à Jadette pour ses recherches, commentaires et photos. Pour moi, cette promenade a une grande valeur culturelle; Mon DIEU que de souvenirs précieux.
    Je te remercie chère Jadette.
    Bonne journée.
    Paul Lozano

  3. Bravo Jadette pour tes dons de conteuse mais pas que…il t’a fallu aller chercher toutes ces precisions qui commencent à s’estomper dans les limbes de notre histoire dont tu es le dernier maillon

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