Parmi les rubriques de la Gazette d’Aïn Temouchent d’entre-deux-guerres, l’une devait sans aucun doute être très attendue des lecteurs du journal. Intitulée « Silhouette », elle décrivait une personnalité – souvent une femme – de Temouchent et de ses environs.
Si la personne n’était jamais nommée, la description qui en était faite était suffisamment détaillée pour qu’on la reconnaisse sans peine. Le billet était signé d’un énigmatique pseudo tel que Miss-Thé-Rieuse ou Le Fils de la nuit.
Le 22 mars 1923, sous la plume de Charles IX c’est au tour d’une jolie brunette de 19 ans de Rio Salado d’être « épinglée ». L’article nous apprend que sa mère et sa grande sœur tiennent un commerce de « nouveautés » tandis que son frère gère « avec brio » les propriétés familiales. On peut donc en déduire que le père de famille n’est plus de ce monde…
On sait aussi que la demoiselle est instruite puisqu’elle a fréquenté le lycée (d’Oran ?) comme pensionnaire. Ma curiosité est aiguisée, la vôtre aussi sans doute ? Alors, aidez-moi à identifier cette jeune fille née en octobre 1903 qui arpentait un soir d’été en robe bleu « céleste » le Boulevard National avec ses amies…
Difficile cette mystérieuse « dame brune ». Il faudrait logiquement remonter le temps et questionner nos aînés. Seul un membre de cette famille ayant reconnu son arrière-arrière tante dans cette description et pourvu d’une excellente mémoire peut répondre. Pour les autres, le parfum du mystère est déjà excitant.
Jadette, la « mémoire saladéenne » peut-être ? Il suffirait de retrouver qui avait un bazar / magasin de « nouveautés » à Rio dans les années 1920…
En effet, notre incontournable archiviste peut puiser dans ses documents abyssaux et nous tirer de cette énigmatique impasse. Pas sûr qu’elle soit … connectée. Je vais de ce pas la mettre au courant.
Il y a peu de temps encore j’aurais pu résoudre l’énigme de la jeune fille à la robe bleue, j’avais des informatrices des amies précieuses, qui évoquaient pour notre plus grand plaisir les souvenirs de nos mères et grands-mères, mais voilà, elles s’ en sont allées loin de nous.
Alors, après des recherches voilà ce que j’ ai pu trouver:
Nous avions à RIO deux grands magasins de nouveautés. Le premier était celui de la famille CARREGA: »La MERCERIE CARREGA » spécialisé en » Nouveautés, Mercerie en Gros et Détail, »qui devint par la suite le magasin de M. BENSOUSSAN, situé à l’ angle du boulevard national, en face du café de M. Reyne.
Le second, le « Grand Magasin » boutique de prêt à porter et Mercerie, appartenait à La famille NAVARRO et se trouvait boulevard national en face de la place du village .
Renée QUILES CALLAMAND l’ avait décrit ainsi: On y trouvait de quoi s’habiller, se chausser, se parfumer et même se déguiser… » M. et Mme NAVARRO avaient cinq enfants: Marie Louise, Lucie, Sassa, Hermine et Solange. Voici ce que Renée écrivait: » Ma grand-mère intelligente et courageuse dirigeait l’ affaire. Elle n’ avait pas besoin d’ un Séguéla pour la publicité. Elle avait l’ art d’ attirer la clientèle et de la rendre fidèle. Mon grand-père, adjoint de direction, s’ occupait de la comptabilité. »
Il me semble que nous avons là pas mal d’ élements qui nous aideraient à résoudre l’énigme.
Mais qui était la mystérieuse jeune fille à la robe bleue «céleste» ? Marie Louise ou Lucie ?
Qui pourrait encore nous le dire?
Ah! Enfin notre inénarrable archiviste intervient dans les commentaires. Encore une fois, elle a puisé dans son insondable mémoire pour éclairer nos lanternes. Preuve et résultat d’un travail de mémoire de plus de cinquante ans sur nos villages!!
Les internautes intéressés et « connectés » te connaissent depuis fort longtemps et savent que dès aujourd’hui le site est sous ta protection.
Merci, Jadette.
J’ai bien connu cette rubrique »devinette » et la seule personnalité que j’avais réussi à reconnaître était le sympathique et charismatique
Joseph (Pépét) SEMPERE le 1er adjoint au maire et si ma mémoire ne me trahit pas trop le Président de la JSS et bien sûr très impliqué dans le comité des fêtes du village (j’ajoute car comme vous le savez à Rio nous n’étions pas des fanfarons ) les MEILLEURES DE L’ALGERIE)
Je situe ça entre 1957/58)
Merci René pour ce commentaire. Je me doute bien que cette « devinette » devait avoir son petit succès. Ce qui est dommage c’est que les journaux archivés par le site de la BNF (Gallica.bnf.fr) s’arrêtent en général en 1946. Je suppose que tout ce qui a moins de 70 ans n’est pas dans le domaine public pour la bonne raison que les protagonistes sont souvent encore vivants (et c’est heureux !). Peu de chance donc d’identifier une « silhouette » des années 1950/1960 🙁
Jadette, j’étais sûre que tu ferais merveille à ce petit jeu 🙂
Je prends le pari sur Lucie Navarro vu que l’article mentionne une « grande soeur », on a donc affaire à une cadette a priori…
Possible . Mais qui confirmera ?