Des nouvelles du cimetière de Rio !

Mon mari et moi-même rentrons d’une semaine en Algérie au cours de laquelle nous avons passé une journée à El Malah sur les traces de ma famille maternelle (pour mémoire, ma grand-mère, Madame Irène Sanchez, tenait un bureau de tabac-librairie-papeterie sur le Boulevard National).

Grâce à Jadette Valéro-Salva, directrice d’école à El Malah après l’Indépendance, nous avons été mis en contact avec Fatima Benaoumer, une de ses anciennes élèves. Celle-ci m’ayant conseillé de m’adresser à l’APC (mairie) afin de pouvoir visiter le cimetière, c’est ce que nous avons fait sitôt arrivés.

La chance a voulu que je tombe sur la « bonne personne », Monsieur Benamar à l’accueil de la mairie qui m’a demandé de le rappeler dans l’après-midi le temps de préparer notre visite. Après un excellent déjeuner chez Fatima et son fils Yacine, professeur d’EPS à Er Rahel, nous avons retrouvé Monsieur Benamar qui nous a conduits au siège de la sûreté du Daira (commissariat de police, ex Villa Lozano ? – à vérifier).

Là, on nous a pris nos passeports, dûment recopiés, et posé des questions sur nos ascendants. Ensuite, Monsieur Benamar nous a conduits chez le gardien du cimetière, M. Ahmed Bouamra, détenteur de la clé. En arrivant sur place, ce dernier m’a expliqué qu’un chantier de réhabilitation avait été initié en 2015 dont sa fille Amina était responsable.

De droite à gauche Mme Benaoumer, M. Benamar, M. Bouamra et moi

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La rue de Turgot

Gazette d’Aïn Temouchent du 11/01/1923

Poursuivant ma revue de presse « anachronique » je suis tombée sur cette tribune parue dans la Gazette d’Aïn Temouchent du 11 janvier 1923 pour déplorer l’état des routes de Rio Salado et notamment, la rue de Turgot.

Ce nom m’a ramenée très loin en arrière quand, enfant, ma mère m’attrapait au moment de sortir et me lançait : « Ma fille, tu ne peux pas sortir comme ça, ta raie on dirait la rue de Turgot ! »

Aussi, quelle n’a pas été ma surprise des années plus tard de constater que ladite rue de Turgot était, comme la plupart des rues du village, parfaitement rectiligne ! (voir en jaune sur le plan emprunté à l’un des livres de l’Amicale).

La fameuse injonction maternelle aurait dû être : « Eh ben ma fille, ta raie c’est pas la rue de Turgot ! »

Comment on refait l’histoire …

 

 

Cuisiner pour se souvenir

livre-de-recettesLa mémoire est une chose étonnante. Il arrive qu’elle vous frappe soudain, à travers une odeur, un goût, une chanson… De mon côté, j’ai la chance d’avoir reçu une double culture, basque par mon père, pied-noire par ma mère. Chez nous, la pipérade avait autant de succès que la frita. D’ailleurs, ces recettes ne sont-elles pas toutes deux à base de tomates et de poivrons ?

Comme beaucoup d’entre vous, je pense, j’ai acquis ce merveilleux « Cahier de cuisine des grands-mères du Rio Salado » que l’on doit à Jadette Salva, « mémoire vivante » et archiviste hors-pair de Rio et à Danielle Rodriguez-Long. On le parcourt avec gourmandise et, à la seule lecture de la table des matières, on se surprend à saliver, chacun selon ses propres souvenirs.

Ainsi, pour moi, « melsa », « potaje », « sardines à l’escabeche » me ramènent immédiatement dans la cuisine de ma grand-mère Irène, près de Nîmes. Je revois le fascinant spectacle des escargots qu’elle faisait dégorger avec de la farine dans une grande cage avant de nous les servir avec une sauce bien relevée dont elle avait le secret.

Je repense, les jours de fête, aux gaspachos qui mijotaient dans une grande paella posée sur un feu de bois dans la courette de la maison et sur lesquels veillaient les hommes tandis que femmes et enfants « tchatchaient » en effritant les galettes…

Maman est pour sa part davantage associée à tous les gâteaux qui nous attendaient mon frère, ma petite soeur et moi pour notre quatre-heures quand nous rentrions de l’école : « mantecaos », « roicos », « borrachuelos », « pets de nonnes » et bien sûr, les succulentes oreillettes de Pierrette ! La « mouna » sera toujours pour moi associée à Pâques même si je l’achète maintenant chez mon boulanger.

Ce billet, plus long que de coutume, j’aimerais le dédicacer à Rosette Chorro que je ne connais pas mais qui, grâce à son « thon aux câpres » (p.66), m’a permis hier d’ajouter une recette facile, rapide et goûteuse à mon carnet de recettes personnel !

L’été à Turgot-Plage

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Echo d’Alger du 29 juillet 1933

Dans la perspective du retour des grands froids et pour répondre à l’appel lancé par Christine Plaza, voici un petit entrefilet paru dans l’Echo d’Alger qui devrait réchauffer les Turgotiens … et les autres.

Fin juillet 1933, ceux qui ne partaient pas « en France » (sic) venaient s’installer dans leur cabanon de Turgot-Plage. On les appelait alors les « estiveurs »…

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« Mon Turgot » – Eté 1960

La piste aux étoiles

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Article de l’Echo d’Alger du 25 mai 1932

Vous commencez un peu à me connaître, je suis une petite curieuse… Aussi, quand je suis tombée sur cet article de l’Echo d’Alger daté du 25 mai 1932, j’ai voulu en savoir plus sur ce fameux cirque Honorato.

J’ai d’abord appris que la ville de Sidi Bel Abbes s’enorgueillissait de compter parmi ses ressortissants célèbres, Honorato Cerdan, né à Alicante en 1865, décédé à Bel Abbes en 1924, considéré comme le « premier homme projectile » ou « homme obus » de l’histoire du cirque. C’est lui qui fonda en 1892 le Cirque Honorato.

Ses cinq enfants, Alphonse, Arthur, Joseph (Pepito) et Honoré (Tonto) et leur sœur Eléonore reprirent le flambeau, les garçons au trapèze, la fille comme danseuse.

Jusque dans les années 1940, c’était un cirque qui se produisait en Afrique du Nord en plein air (le climat s’y prêtait) puis sous chapiteau. Doté de quatre mats, celui-ci faisait 30 mètres de haut et pouvait accueillir 2000 spectateurs !

Ils étaient tellement célèbres que lorsque Marcel Cerdan commença à faire parler de lui, on lui demanda s’il était de la famille des « Honorato » (en fait, c’était un petit cousin…).

Une seule de mes questions n’a pas trouvé de réponse : l’article dit que Mademoiselle Honorato était native de Rio, qui peut le confirmer ?

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Les enfants Honorato – Sources : Facebook/CirqueHonorato/photos/

Avis de recherche

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Gazette d’Aïn Temouchent du 22/03/1923

Parmi les rubriques de la Gazette d’Aïn Temouchent d’entre-deux-guerres, l’une devait sans aucun doute être très attendue des lecteurs du journal. Intitulée « Silhouette », elle décrivait une personnalité – souvent une femme – de Temouchent et de ses environs.

Si la personne n’était jamais nommée, la description qui en était faite était suffisamment détaillée pour qu’on la reconnaisse sans peine. Le billet était signé d’un énigmatique pseudo tel que Miss-Thé-Rieuse ou Le Fils de la nuit.

Le 22 mars 1923, sous la plume de Charles IX c’est au tour d’une jolie brunette de 19 ans de Rio Salado d’être « épinglée ». L’article nous apprend que sa mère et sa grande sœur tiennent un commerce de « nouveautés » tandis que son frère gère « avec brio » les propriétés familiales. On peut donc en déduire que le père de famille n’est plus de ce monde…

On sait aussi que la demoiselle est instruite puisqu’elle a fréquenté le lycée (d’Oran ?) comme pensionnaire. Ma curiosité est aiguisée, la vôtre aussi sans doute ? Alors, aidez-moi à identifier cette jeune fille née en octobre 1903 qui arpentait un soir d’été en robe bleu « céleste » le Boulevard National avec ses amies…

 

De « meskine » à MSKN

Dans le cadre de mes recherches généalogiques, les registres d’état civil sur l’Algérie française (Anom) étant assez pauvres, je me suis rabattue sur la lecture des journaux de l’époque d’où l’idée de cette revue de presse « anachronique » que je me propose de partager avec vous.

Je tombe par exemple sur cette brève parue dans la Gazette de Mostaganem du 27 février 1921. Ne connaissant pas le mot « meskine », bien que le contexte de l’article en laisse deviner le sens, je me mets en quête d’une définition. Celle de l’ABC de la langue française est assez lapidaire : pauvre, malheureux. Et précise que le mot est emprunté à l’arabe dialectal. Je poursuis mes recherches et quelle n’est pas ma surprise de voir que ce mot oublié (ni mon Petit Larousse ni mon Petit Littré ne le mentionnent !) est maintenant repris sur les réseaux sociaux. Très répandu chez les adolescent(s) sous l’acronyme MSKN, meskine ou miskine nous dit Terrafemina.com vient de l’arabe meskine ou meskina qui signifie le / la pauvre. Le hashtag #MSKN mis à toutes les sauces veut dire en somme « pov fille ! » ou encore « petit boulet ». On est bien loin du « fou » qui s’introduisit dans une maison saladéenne dans les années 1920 créant un véritable vent de panique…

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Gazette de Mostaganem du 27 février 1921