Et nous voilà, sirotant un café,
grignotant un longuet au comptoir du BAR MACIA, prêts à nous lancer,
pour la septième fois, à la découverte d’une rue de notre village. Nous allons
essayer de remuer les cendres de notre
jeunesse passée la-bas. Alors? Vous me suivez?
Tout d’abord, je tiens à faire amende
honorable: La famille JUAN compte quatre garçons: Emile, Christian,
Jean-Paul et le dernier Yves que j’avais oublié. Heureusement,
parmi nos « promeneurs », Marie Claire et Gérard m’ont
rappelée à l’ordre. Que voulez-vous, ma mémoire a besoin d’un coup de main de
temps en temps.
Donc, si vous le voulez bien, continuons notre promenade. Le Bar MACIA, disais-je, est tenu par Mme Juan et la grand-mère MACIA qui, infatigablement va du bar à la boulangerie, de la boulangerie au bar, au service des clients. Une porte mitoyenne permet le passage de l’un à l’autre. M. JUAN est au fournil, qui n’est pas dans l’arrière-boutique, comme vous le pensez, mais rue Marcelin ALBERT. Gérard me l’a dit, Émile me l’a confirmé. Bien sûr, rue Marcelin ALBERT ne vous « parle » absolument pas. A moi non plus d’ailleurs. Pourtant, si je vous annonce: le four est dans la rue qui est derrière l’école de garçons et qui conduit au stade de basket, là, vous la localisez mieux, n’est-ce pas? C’est normal, nous ne connaissions pas le nom des rues de notre village. Sortons du bar. Attention! Il y a trois marches à descendre. Tient! Voilà M. JUAN qui revient du fournil avec la deuxième fournée de la journée, il va décharger sa charrette et la remiser dans la cour de la boulangerie où se trouvent plusieurs appartements.. L’un, occupé par la famille MACIA-JUAN, propriétaire des lieux, les autres par les MILLAN et leurs fils Cilo et René. Puis par Lucienne ESCUDERO la tante de Marie Claire, les CARICONDA, les BOBOTE, et une dernière famille, dont le nom m’échappe (leur fille Aïcha et leur garçon employé communal). Refermons le grand portail. C’est bientôt l’heure de la rentrée. Les garçons, dont l’école toute proche n’a qu’un étroit trottoir, préfèrent attendre l’ouverture des portes, ici, sur ce trottoir plus large où ils peuvent jouer tout à leur aise. Allez! Nous partons? Méfiez-vous! N’allez pas marcher sur les « pignols » qui jonchent le sol. Les pignols? Des noyaux d’abricots! Pourquoi pignol? Bonne question! Peut-être une « importation » lointaine de nos grands-parents espagnols. Je n’en sais pas plus! D’ailleurs, impossible de trouver « pignol » dans les dictionnaires castillan ou valencien. Considérons donc, que ce mot fait parti de notre parler « Pied-Noir » comme pas mal d’autres. Bien sûr, j’accepte avec plaisir toutes autres explications. En attendant, faites attention où vous mettez les pieds : la partie est bien avancée à ce que je vois! Gérard, Tétou, Robert, Jean-Paul, et quelques autres camarades de classe, disputent très sérieusement ce jeu d’ adresse: renverser le « montonico » formé par trois « pignols ». Ce qui permettra au plus habile d’entre eux de récuperer tous les noyaux. Gérard excelle dans ce jeu, c’est lui qui rafle rapidement tous les pignols. Il les enferme , dans le petit sac que grand-mère GALLARDO lui a donné. Un petit sac qui vante une marque de riz ou de pâtes, je ne sais plus. Il est organisé notre Gérard , qu’est ce que vous croyez! Les autres, tête-basse, serrent dans leur poche les quelques noyaux restants qu’ils agitent nerveusement. Jean Paul transformera son dernier pignol en sifflet en le frottant sur un muret cimenté afin de l’user des deux côtés. L’amande centrale éliminée, il pourra siffler à tue-tête et casser les oreilles de sa famille. François est ravi: il a empoché la « madré » et une belle quantité de pignols. Ces coquins ont installé leur jeu devant la mercerie de Mme ORSERO.
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