Un coq spécial

René raconte une autre histoire :

Il arrivait certains samedis d’hiver, à mon père et à quelques amis d’aller à la plage pour un week-end (on ne connaissait pas ce terme à l’époque) entre copains. On s’en doute, ce n’était pas une retraite au monastère.
Certains allaient à la chasse dans la plaine à Camalonga comme Pep le mécanicien.
D’autres plaçaient des pièges aux eucalyptus comme Filippi.
D’autres plaçaient le boliché devant le casino à l’embouchure de la rivière comme Louis De Torres.
D’autres calaient les filets à Cueva Roja comme Antonio Manriqué.
D’autres pêchaient les bézougs et les pageots à Playa Grande comme Pepico Poveda.
Et comme ils craignaient toujours de manquer de quelque chose pour la traditionnelle paella du dimanche (des fois que la pêche et la chasse auraient été mauvaises. Pure hypothèse. Jamais vu pour ma part), ils ramenaient du village des provisions de toutes sortes.
Le dimanche, chacun avait son rôle pour la préparation de la paella. Ce dimanche, c’était à M. Filippi qu’il revenait de couper la viande. Parmi la volaille, il y avait un coq déjà plumé. Pépico Povéda, qui ne ratait jamais une occasion de faire une blague, a pris un œuf et l’a introduit dans le ventre du coq. Bien sûr, toute l’assistance avertie observait la scène discrètement. Quand M. Filippi l’a vidé et qu’il a vu l’œuf, il a pris la tête du coq pour vérifier la crête puis s’est mis à crier :
– Tché, si je ne vois pas je ne le crois pas. C’est la première fois que je vois un coq avec un oeuf.
Tout le monde a éclaté de rire. Lui, vexé de s’être fait berner, s’est mis à insulter comme on savait le faire à RIO.
La paella a néanmoins été excellente et la journée s’est très bien terminée. Sauf au moment de partir : il paraît que c’était trop court et qu’il fallait revenir le plus vite possible.

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