La rue Maréchal Joffre.
Bonjour Vous Tous! Vous m’attendiez depuis longtemps? L’agua-limon de Mme BERNABEU était-elle bonne? Comme d’ habitude, bien sûr! Désolée pour mon retard : je me suis arrêtée au coin de la rue, à la boulangerie de Maurice EMBERNON, qui, pour je ne sais quelle raison, était Jerry Lewis pour ses clients. Savez- vous que cette Boulangerie a connu pas mal de boulangers ? M. RUIZ et, avant lui, M. DEMAYA. Dans les années 20, c’était le grand-père de Jacques, Jaïme SALVA, qui était le boulanger du quartier. En continuant mon chemin, j’ai fait une halte dans le couloir à côté qui donne accès à l’appartement de Pépico et Purica POVEDA. En avançant quelques pas de plus, je suis arrivée , dans le magasin suivant. Vous montiez trois marches, plutôt hautes, et vous étiez dans le paradis des bonbons où vous attendaient des rouleaux de réglisse noire avec une bille chocolatée au centre et des petites boites de cachous. Le pire, mes amis! C’est que, cette épicerie se trouvait sur le chemin de l’école!!!! Que de tentations!!!! Bon, soyons sérieux! Saviez-vous, qu’autrefois, dans les années 40, ce magasin était un studio-photos? Il appartenait à M RAUTURIER. Cet homme si aimable qui nous accueillait à la pharmacie ! Dans ces années-là, Mme RAUTURIER terminait ses études de pharmacie pendant que M. RAUTURIER développait des photos. Je tiens cette information de Marcel, leur fils. Quand sa mère a été reçue aux examens, ils se sont installés et ont ouvert la pharmacie, boulevard national. M. RAUTURIER a abandonné son métier pour lui donner un coup de main. Cela se passait dans les années 45. Les enfants de NANTES, repliés à l’abri de la guerre à RIO, sous la houlette de M et Mme DUCHEMIN sont retournés dans leurs familles. Vous les avez rencontrés lors de la 7e balade. M. et Mme DUCHEMIN, leur travail accompli, auraient dû repartir, eux aussi. Mais voilà, M. DUCHEMIN, violoniste sur un bateau de croisière, a préféré s’établir dans notre village. M. RAUTURIER, avec lequel il s’était lié d’amitié, lui a dévoilé les ficelles du métier. Il est alors devenu le photographe attitré des Saladéens. Qui n’ a pas son portrait en communion pris par:
«Jean DUCHEMIN le studio POLYPHOTO
Tous travaux, Portraits, identités, livraison rapide»
Ce retour-arrière, a été bien long, c’est vrai! mais me voilà arrivée parmi vous. Avez-vous remarqué la maison à votre gauche? Celle de Mme. et M, KRAUS , belle maison! N’est-ce pas? J’ai appris par Tétou KRAUS que l’ architecte s’appelait Georges BLANCARD de LERY, architecte du collège de jeunes filles d’Oran que nous connaissons bien pour y avoir passé quelques années. J’aurai voulu vous parler de son style architectural, peu commun dans notre village. Hélas! je ne suis pas calée en histoire de l’Art mais plus à l’aise dans « l’histoire des Trois Ours ». Désolée! je peux vous dire cependant, que durant toute une année, Renée KRAUS, leur fille aînée et moi-même , avons partagé la même table, dans la classe de Mme BERTHALON. Nous nous entendions bien, même très bien. Ce qui n’était pas du goût de notre institutrice. Aussi avait-elle une façon bien à elle de mettre fin à nos conciliabules. D’un geste précis, elle envoyait sur nos crânes la grosse gomme qui trônait en permanence sur son bureau. Elle faisait mouche chaque fois, mettant fin à nos bavardages. Je n’ irai pas jusqu’ à dire « heureux temps». Non, loin de là! Quand à son jeune frère, Tétou KRAUS, vous le trouverez chez Jean-Claude CARREGA, où toute une bande de copains caracolent à bride abattue, dans le jardin de la maison, à la poursuite d’un éventuel hors la loi.(3ème balade).
Puisque nous sommes bien installés sur la terrasse de ce sympathique bar. Qu’ il fait beau. Que l’heure de l’apéro approche. Je vous suggère, en attendant que l’on vienne nous servir, de porter votre regard de l’autre côté de la place. Votre imagination et vos souvenirs feront fi des palmiers qui ont un peu grandi. Vous le voyez ce trottoir? Allez jusqu’au bout. Ne traversez pas la rue. Arrêtez-vous au coin de la ruelle. Là se trouve la boutique de M. TOUATI. Un peu sombre cette boutique! L’éclairage se fait comme beaucoup de magasin à RIO, par la porte d’entrée. Il y a bien les deux vitrines de chaque côté de la porte. Mais elles sont voilées par le nombre incalculable d’articles que M. TOUATI vous propose. Entre autres choses, des pierres qui font le bonheur des garçons, et qui éclatent quand vous les jetez par terre, c’est vrai! C’est Jean-Claude CARREGA qui me l’a dit! Un autre trésor que l’on trouve chez M TOUATI: du «SENT-BON». En fin d’année scolaire à RIO, une de mes élèves m’a offert avec beaucoup de gentillesse, ce «parfum». «Du SENT-BON, maîtresse, c’est du PLOUM-PLOUM, il vient de chez M TOUATI» me dit-elle fièrement. Vous vous souvenez du Sent-bon? L’eau de Cologne de chez nous? Quand je vous dis qu’on trouve des merveilles dans la boutique de M. TOUATI! A côté de ce magasin parfumerie-droguerie–épicerie, vous entrez dans le bar de Mme MICO. Je rappelle à notre Ami René que nous sommes là dans le 9ème bar de notre village. Marie Jeanne, Vincent et Joseph ne sont pas dans les environs. Je ne les ai pas aperçus ce matin. Ce bar appartenait autrefois à M. NIETO. Comme l’apéro tarde à venir, continuons allègrement notre visite sur le même trottoir. Nous voici à l’entrée du garage CERNA. Ce même Gaston CERNA qui fit tant pour la jeunesse saladéenne. Nous en reparlerons quand nous accompagnerons la JSS aux nombreuses compétitions. En attendant, essayons de savoir où se cachent Jean-Pierre et Nadia CERNA. Jean-Pierre, je ne sais pas. Quand à Nadia, sa sœur, elle est sûrement au stade avec toute l’équipe s’entraînant pour le spectacle de Relizane.
Ne nous égarons pas. Revenons à notre garage. Son précédent propriétaire était Albert CLAVERIE. Mais en remontant plus loin, vous apprenez qu’il y avait là le premier cinéma de RIO, cinéma muet, cela s’ entend. Des bancs en bois, alignés devant un écran rudimentaire, un piano sur le côté tourné vers l’ écran et vous avez là, le décor de la salle du cinéma dans les années 20. Ma mère m’a raconté qu’un dimanche après-midi, elle était allée, avec sa petite sœur, Lily, à la séance de 15h. Isabellica qui, devait être la préposée à l’harmonium pendant la messe, était au piano, jouant inlassablement le même air, changeant de rythme suivant l’intensité de l’action. Ma mère, n’avait jamais pu voir la fin du film: Lily participait si intensément au déroulement de l’histoire qu’elle intervenait bruyamment au secours des acteurs, donnant de la voix devant leur indifférence à tenir compte de son aide. Tant et si bien que le propriétaire du lieu fut obligé de les mettre à la porte manu-militari au grand désespoir de ma mère, qui n’était pas arrivée à calmer son impétueuse petite sœur…ni à voir la fin du film!!
N’allons pas plus loin. Revenons à notre apéro. Abdellah GOURINET, le papa de ma gentille petite élève Setty, vient nous servir. Régalez-vous! Vous avez devant vous: des fèves au cumin, des anchois à l’huile, et même du poulpe en salade! Appréciez! c’est Mme BERNABEU qui a tout préparé. M. BERNABEU, Simone et Lydie sont au comptoir. Paul, le plus jeune est quelque part dans la maison. Quant à cet espiègle de Serge, on ne sait jamais d’où il va surgir.
L’heure avance. Ne nous attardons pas. Allez en route! Nous voici devant le portail de la cour qui donne, à droite, au Penalti Bar, et à gauche chez Pépé: Filipé CONTRERAS, le légumier. Bon! Le marchand de primeurs, si vous préférez! Je n’ai pas trouvé son fils Lucien. Fifine, Joséphine, sa fille, comme je vous l’avais écrit, est employée à la poste. Au fond de la cour, se trouve la forge du maréchal ferrant: Emilio ESCUDERO, Patricio pour nous tous. Voyez, le foyer là-bas, il ronfle de plus belle. Marie-Claire, sa fille, m’a dit que son père ne l’éteignait jamais, et que la chaleur était parfois insoutenable. Vous entendez le bruit du marteau retombant sur l’enclume? Justement, Patricio finit de forger des fers-à-cheval. Il doit aller dans une ferme pour s’occuper des mules. Son fils, Claude, l’accompagne. Annie, l’aînée, est à l’épicerie avec leur mère. Marie-Claire m’a raconté que son père s’occupait aussi des chevaux de course de M. TORRES. Yvon LOZANO, dans la 4ème balade, nous apprenait que les deux Frères TORRES, amateurs de voitures de courses, étaient aussi des aficionados de courses de chevaux. M. ESCUDERO se fait une joie de vérifier l’état de leurs sabots, en vue de la prochaine course à l’hippodrome du FIGUIER à LA SENIA, pas très loin d’ ORAN. Approchez-vous de l’écurie! Venez voir cette jument qui a mit bât hier dans l’après- midi. La mère et son poulain vont rester quelques jours ici. A la grande joie de Marie-Claire. M. GILOT, le vétérinaire d’ Aïn Témouchent, passera les voir avant de les rendre à leur propriétaire. Mais le temps passe! Laissons le poulain se reposer et sortant sur le trottoir. Je vous conseille de passer rapidement devant la petite boutique suivante: celle de la bijouterie CASCALES. Nous ne pouvons pas nous attarder. Si vous êtes intéressé par un bijou, M. CASCALES viendra vous voir chez vous, avec sa mallette à plusieurs tiroirs qui lui sert d’écrins. Tiens! BOUDISSA, de son prénom Abdelkader, est dans son atelier. Il est encore aux prises avec le vélo d’un de nos copains. BOUDISSA a laissé son atelier de réparation près de l’école maternelle, pour prendre la succession de M CLERC.
Mais savez-vous que dans les années 40, c’était Tibi CARBONEL, amateur de course cyclistes qui occupait les lieux? Tibi a fréquenté les classes primaires avec Louis DETORRES, Henri LAMBERT, Paul QUILES, Robert CONTRERAS Robert SEROIN…..Je vous raconterai son périple un de ces jours. Il nous faut continuer notre balade. Attention! Éloignez-vous du trottoir, une voiture arrive. Elle va prendre de l’essence au «lampo» de M. SANCHEZ, de Manolico «GUAPO». Vous n’avez jamais entendu parler du « lampo » d’essence? Encore une expression de chez nous que l’ on se transmet de pères en fils ! LAMPO est tout simplement la marque de l’essence distribuée. Et nous voilà arrivés à l’angle du bar de M. PARRES. Sentez la bonne odeur de viande grillée, la bonne odeur de brochettes! c’ est KADDA qui a installé son étal et son kanoun à l’angle du café PARRES. Si vous êtes d’accord, nous allons déguster une ou deux brochettes. Il y a justement un banc en face, sur la place. Installons-nous un instant. Vous pourrez vous abreuver au bar de M. PARRES. Et ainsi, je pourrai vous faire découvrir une autre partie du village, avant de continuer la balade, rue Maréchal JOFFRE.
Merci Jadette. Comme d’habitude, tu nous as fait retrouver qq souvenirs…ça fait chaud au cœur 😘
Je t’embrasse.
Nadia Cerna
Jadette
Un grand merci pour cette balade 9. Tu es une bonne conteuse .
Je me régale toujours autant en te lisant. Et j’apprends également beaucoup.
Cela nous rappelle de tellement bons souvenirs.
J’espère que tu ne vas pas t’arrêter en si bon chemin …
MC
Merci, mille fois merci.
Merci Jadette !
Quel agréable moment à te lire en te suivant dans cette rue avec tant de souvenirs.. Continue! J’attends la suite. Tu racontes tellement bien? Tu nous fais vivre ces bons moments.
Gros bisous
Bonjour
Merci pour cette balade, et je suis heureux d’avoir réussi à reconnaître mon grand-père Louis de Torres sur sa photo de classe sans tricher!!!
Bonjour. nous connaissons-nous? Je suis la fille de René DE TORRES. Merci aussi à Jadette pour le partage de ces souvenirs. Les photos laissent imaginer la douceur de vivre de cette époque. J’espère pouvoir en discuter avec mon père et peut être se rappellera-t-il de quelques personnes. Bien à vous. Isabelle
Non, Isabelle , nous ne nous connaissons pas, mais j’ai connu, et je connais très bien les cousins germains de votre père: Louis, Yvette, Marie Claude, André et Lucie. De plus, René REQUENA , un neveu d’ Edmée votre grand mère, m’avait parlé de votre grand père Guillaume DETORRES et de la distillerie qu »il avait à RIO SALADO.C’est bien ça? Je n’ai pas fait d’ erreur dans votre filiation?
J’espère Isabelle, vous »rencontrer » à nouveau sur notre Site, c’est un plaisir pour nous, de « recevoir »des enfants de saldéens.
Merci Jadette!! Quel plaisir de te lire mais quel travail aussi!! Tu es devenue l’historienne de RIO, toujours en respectant le village, son organisation, les choses et les gens ….En d’autres termes, je me tchale de te lire. Ça sent bon la melsa et les brochettes. Grosses bises. Paul.
BONJOUR JADETTE. TOUTE MA RECONNAISSANCE POUR LA QUALITÉ DE TON TRAVAIL. NOS ENFANTS ET PETITS ENFANTS AURONT UN RECUEIL DE NOS SOUVENIRS, DE NOTRE HISTOIRE D’ALGÉRIE ET SURTOUT DE NOTRE BEAU VILLAGE ROI SALADO.
Merci, Jadette, une super balade. Et des photos qui nous replongent dans nos chers souvenirs.
M.J
A vous Tous qui suivaient mes promenades, je vous remercie de participer à la survie de notre SITE. Vous dire que je suis insensible à vos remerciements serait vous raconter des blagues. Mais, Apprendre que mes balades rappellent des souvenirs aux uns, font découvrir notre village aux autres, est un plaisir pour nous tous.
Bonjour Jadette
il est évident qu’avec l’âge le passé remonte à la surface. Ta balade dans Rio-Salado fait
office d’ascenseur, et dans ce cas il intensifie nos meilleurs souvenirs.
Bises à toi ma Jadette.
Un régal , tes balades , Jadette ! Nous avons passé un moment formidable avec Yvan et M -Thérèse
à revivre ces souvenirs que tu nous rappelles d’ une façon tellement vivante ! ! !MERCI