FLASH Special : notre guerre de 1914-18.

          Bonjour tout le monde! Me revoilà parmi vous, prête à vous emmener faire un nouveau plongeon dans le passé. Aujourd’hui, nous n’irons pas à la rencontre de nos deux derniers édiles. Figurez-vous que, par le plus grand des hasards, par pure coïncidence, appelez cela comme vous voulez, j’ai en ma possession une banale boîte en carton plein de… « petits trésors », comme  dit Jean-Claude. Ces petits « trésors » sont des cartes postales. Attendez ne vous emballez pas! Ce ne sont pas n’importe quelles cartes postales. Celles-ci datent des années 1914-18. Années de la Grande Guerre. Et écoutez-ça: écrites par des jeunes gens de 20ans et plus, domiciliés à….RIO SALADO. OUI! Domiciliés à RIO SALADO! Je ne vous raconte pas d’histoires. Voyez l’heureuse coïncidence, comme il me plaît à dire: alors que nous venions de « rencontrer » ces Délégués Spéciaux qui avaient contribué à la création et à la bonne marche de notre village, voilà que nous arrive cette banale boîte en carton pleine de cartes postales oubliées depuis un siècle, et qui rappellent que les administrés de Joseph MILHE POUTINGON étaient en route ou déjà au Front, prêts à se lancer dans la Grande Guerre. N’est-ce pas fantastique? Et attendez la suite! Les expéditeurs de ces courtes missives sont, pour certaines d’entre elles, envoyées par de futurs arrières-grands-pères, et arrières-grands-oncles. Je vous avoue  que c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai parcouru les quelques mots écrits au dos des cartes. Elles étaient destinées, la plupart du temps, à la famille, aux amis et surtout  à M. François MACIA, forgeron,  boulevard national à Rio Salado.  Elles  étaient signées: Paul AVIZOU, Jules JACOBIN, Albert MACIA, Constant KRAUS, Vincent CARDONA, Raymond RIERA, Joseph ARACIL, Paul ARACIL, Antoine ARQUERO, François STARCK, Joseph CAHUZAC, François RODRIGUEZ, Albert TISSINIÉ, Gabriel DE SALAS, Marcel ANTON, Diego PASCAL, Manuel ANDREU, Michel MARTINEZ, Auguste DEGOURNAY, ROSELLO (sans prénom) et un certain  HENRI sans patronyme. Et d’autres  encore dont la signature était illisible, effacée par plus de 100 ans d’existence. Tous ces jeunes Saladéens étaient cantonnés  à MARSEILLE, SAINT DIZIER, STRASBOURG, BIZERTE, MILIANA, ALEXANDRIE, SALONIQUE….. Ils appartenaient au 33ème Régiment d’Artillerie Lourde, au Régiment de Territoriaux, à l’École des Mécaniciens 2ème compagnie basée à LORIENT, à la 1ère Escouade du 3ème Zouaves de SÉTIF, au 9éme tirailleurs, au 6ème Groupe d’Artillerie d’ AFRIQUE. L’un était infirmier, un autre mécanicien à bord du cuirassier VOLTAIRE, un autre sapeur-mineur dans la 19ème Batterie du Génie….Vous comprenez mon émotion! D’ailleurs, je dois vous confier que, pendant de la préparation de ce texte, ils étaient tous autour de moi. Par discrétion, je ne vous donnerai pas les textes de ces missives. Je me contenterai de vous dévoiler certains passages puisés dans toutes ces lettres étalées devant moi:

       « TOUL, 4 décembre1914: Je vous fais savoir que depuis que  je suis arrivé ici à TOUL, j’ai juste eu 2 jours de soleil, il pleut tous les jours, ça ne vaut pas le bon soleil que nous avions en ALGERIE. Je vous fais savoir aussi que tous les jours on nous fait piocher comme des marocains, et plus de 4 fois on nous traite de …, moi, je croyais qu’ici nous étions en FRANCE» 

       « JERRYVILLE, 22 mars 1915...C’est à une distance de 1600km que je t’envoie de mes nouvelles et pour te dire que j’ai eu un voyage long et pénible mais en récompense  nous sommes beaucoup mieux qu’à ORAN nous sommes avec un régiment de territoriaux tous de corses et très chics…..

       «LEMMOS, 22juillet 1915….me voilà à LEMMOS. Tu parles d’une traversée pour la première fois que je monte en bateau. Nous nous sommes embarqués le 13 juillet et nous sommes arrivés hier à midi, huit jours en pleine  mer, que de l’eau et le ciel. Juste en arrivant près de LEMMOS nous avons aperçu beaucoup d’îles italiennes et grecques …On est arrivé depuis hier. Nous sommes amarrés  au milieu du port. Mon ami, si tu voyais les bateaux qu’il y a, incroyable! On ne peut pas les compter et tous dans le port. Hier sont arrivés 3 bateaux anglais bourrés de troupes anglaises et ils sont comme nous sans débarqués…enfin c’est triste pour nous territoriaux…

     « ALEXANDRIE, 9 décembre 1915… Voilà, nous sommes ici à  ALEXANDRIE. Je commence à en avoir assez. Je reçois des nouvelles de mes frères ainsi que de tout le village. Nous  sommes que moi et MANOLO qui a été conduit ici après avoir été blessé aux DARDANELLES…..»  

      « MOSTAGANEM, 20 janvier 1916...j’ai reçu ta carte qui m’a fait un réel plaisir de savoir que la marche-crève-marche est toujours ……ici on ne se fait pas de mauvais sang. Si tu voyais sortir en ville avec le sabre et avec la culotte rouge et les épaulettes! Se mos los amos del pueblo…….»

      « Philippeville 1916….me voilà à Philippeville. On  nous a habillés et on ressemble à des guignols. On rigolait rien que de nous  voir les uns les autres. Il y a une bande de bleus de FRANCE qui sont plus bêtes que leurs pieds. Nous sommes une bande d’Algériens et nous rigolons plus que ceux de France….

       «MARSEILLE,  9 novembre 1917 …Je suis arrivé à MARSEILLE hier à 3h. Nous avons eu la mer un peu agitée en sortant d’ORAN. Mais ça n’a pas été bien long. Nous n’avons pas vu de sous-marins que c’est l’essentiel. Enfin ça a bien marché. Mais toujours ce maudit cafard qui passe à chaque instant dans mon esprit. Ah! Quand est-ce que cette maudite guerre finira . Ce soir je prends le train pour LYON puis de là sur le FRONT. Enfin, patience et courage…….»  

       «LORIENT, 2 avril 1918……la présente pour vous dire que j’ai reçu  ce matin 3 colis : la mona les gâteaux et la charcuterie. Les culottes, je les recevrai plus tard car par la poste ça met plus longtemps. Pensez la joie que j’ai eu en recevant ces trois colis  à la fois……»

       «SAINT DIZIER, 6 juin 1918 ….aujourd’hui, nous avons repos pour laver et pour prendre une douche. A l’instant, on va prendre une douche d’eau chaude……»

       « SAINT DIZIER, 8 juillet 1918….je viens de finir de souper. On avait du riz et j’ai mangé la boite de thon. Elle était excellente. Ne m’envoyer plus de conserves je peux en acheter ici. En terminant ma carte, je vais avoir un maillot de football. La revanche de l’autre fois : les algériens avec les francaouis. Mais sûrement c’est les algériens qui vont gagner…..»

      «PAMIERS, 18 juillet 1918:… je suis à l’hôpital, j’ai été blessé et enterré par un obus. La blessure n’est pas trop grave…..»        

      «GOUVIEUX, 3 novembre 1918 …Je suis à quelques km du FRONT. On attend du renfort pour monter en ligne. Depuis le 24 octobre, je n’ai plu de nouvelles d’Albert…»

      « ARZEW,…..depuis quelques jours je suis sans nouvelles d’ALBERT. J’ai reçu une lettre de Paul AVIZOU me disant que votre fils ainsi que JOUVE et ANDREU sont partis de L’ORIENT… Nous sommes également sans nouvelles de mon frère depuis 25 jours, et par conséquent très inquiets…»

      Et voilà, une autre étape de notre voyage à RIO qui  prend fin.  J’ai rangé, avec une pointe d’émotion, les cartes dans leur boite. Contente de vous avoir fait partager la visite de nos poilus venus à notre rencontre  nous « dire » leur angoisse, leur joie, leurs espérances, leur humour pendant cette Grande Guerre . Je dois vous dire que j’ai été heureuse de les sortir de l’oubli. Tous sont revenus  de leur « caserne du 9ème Cousous », du  » dépar. des éclopés »,  de leurs 4 années de guerre, dans notre village. Je l’ai vérifié en fouillant  les archives de l’ Amicale.

       Les cartes de nos POILUS SALADÉENS ne tomberont pas dans l’oubli. Elles iront rejoindre tous nos « souvenirs » au Centre de Documentation Historique sur l’ Algérie d’ AIX en PROVENCE, où d’autres se chargeront de les « réveiller » de temps en temps au grès d’un travail de recherche.

TRADITIONS ET SOUVENIRS DEVANT NOTRE BLASON EN C.IVOIRE

Le récent commentaire de Michel Carréga, concernant les maires deRIO, m’a fait relire « la 8eme balade ».

Je ne connaissais pas « l’histoire » du blason de Rio, bien que, comme tout un chacun, je me le sois approprié.

J’en ai fait faire des reproductions! Dont une en plâtre. Une autre sur du contre- plaqué  destinée à la plage d’ Assinie où nous passons nos dimanches.  A chaque occasion, notamment pour les Gaspachos de Pâques, je le mettais en bonne place, à la vue de tous.

Quand un compatriote, et encore plus un Saladéen,  venait me rendre visite (ce qui hélas n’est pas arrivé souvent), je l’invitais à planter un arbre devant le blason de Rio.

Le dernier à l’avoir fait est Antoine KRAUS, le petit fils de Paul et de Michelle KRAUS, venu en stage à Abidjan. Antoine s’est prêté volontiers  à la tradition. C’était le 29 Août 2009….. 10 ans déjà.

L’arbre aujourd’hui a bien grandi.
René
.

Antoine à Abidjan en 2009.
Plantation de l’arbre.
L’arbre d’Antoine : un tulipier du Gabon.
Le tulipier en fleur.
La fleur du tulipier.

8ème balade (ter): Nos maires. (1940-1949)

Nous revoilà, amis saladéens, à nouveau réunis pour « fouiller », une fois encore, dans le passé de notre mairie.

Nous sommes en 1940.

Comme je vous l’avais conté précédemment, Joseph MILHE POUTINGON « fut invité « à se  retirer  des affaires communales.  Il n’y eut pas d’élection. L’administration du régime de VICHY nomma Paul BOUR, adjoint spécial ayant toutes les fonctions de maire. Je vous l’ai présenté  en tant que Président du Syndicat Agricole de RIO SALADO. Pour ce nouvel épisode de la vie administrative de la commune, j’ai demandé à son petit fils Henri BOUR de nous venir en aide. Et c’est ainsi que j’ai appris que leur ancêtre Christophe, originaire de Lening  en Moselle, s’était engagé très jeune dans l’armée française de « colonisation » en 1854. Il obtint une concession  de 25ha à TLEMCEN. Marié à Jeanne BARTHELEMY, ils eurent plusieurs enfants dont Emile, l’arrière grand-père d’Henri, qui résida à Béni Saf. Emile et son épouse, Jeanne BERVIER, eurent trois enfants: Paul, Jean  et Louis.  Durant l’année 1900, je suppose que, Paul tout jeune instituteur demanda un poste à RIO SALADO. Possible! Pourquoi pas? Toujours est-il qu’il obtint le poste, s’y installa et épousa Mathilde ROSELLO, fille de François ROSELLO et de Camille BERMUDES.

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8ème balade (bis): Nos maires. (1865-1940)

Je dois auparavant vous avouer que, pour cette partie de notre balade, j’ai eu besoin d’un sérieux coup de main. Sans l’aide de Jean-Claude CARREGA, je ne vous aurez pas  entraînés dans une visite aussi détaillée et complète  de notre mairie et de ses occupants successifs.  Alors, mes promeneurs occasionnels, nous vous emmenons revivre le temps passé. Jean-Claude, je te laisse la parole:

«Bonjour à tous! Un rappel essentiel: Le territoire d’AÏN  TEMOUCHENT dont dépendait RIO (jusqu’en 1859) était très vaste. Il s’étendait jusqu’à MISSERGHIN, et comprenait AÏN KIAL, et AÏN el ARBA.. Administré par les militaires, c’était un capitaine qui faisait fonction d’officier d’État Civil. En 1860, ce territoire passa sous la responsabilité d’un administrateur civil  désigné par l’État: Émile PAYEN,  qualifié de « commissaire civil« .

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EN DESCENDANT le BOULEVARD : 8ème balade. Notre mairie.

Tient! De nouvelles recrues sont venues se joindre à nous! Soyez les bienvenues. Nous n’allons pas tarder à partir. Nous sommes à l’angle de la rue Agnel BERNARD et de la rue maréchal JOFFRE, devant la maison de la grand-mère MARZULO. On m’a soufflé, non! Soyons honnête, François et Luce m’ont suggéré  qu’il serait judicieux, puisque nous sommes face à la mairie d’y aller  faire un tour. Très bonne idée! Alors, vous qui me suivez dans ces voyages dans le temps, accrochez-vous! Pour cette 8ème balade, nous allons, l’espace d’un instant, nous plonger dans la vie administrative  de   notre village, et « réveiller  » ceux qui ont fait l’histoire de RIO SALADO.

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La Saint-Pierre 2019 à Sète.



Sortant du port de SETE, les chalutiers, avec à bord les touristes et tout ceux désirant participer à la cérémonie en mer, escortés par toutes les embarcations pouvant tenir sur l’eau, se rendent , derrière la jetée afin d’honorer les pêcheurs partis en mer et jamais revenus.


Les embarcations grandes et petites se lancent vers la sortie du port dans un grand remous d’écume.

Sortant du port une petite embarcation, avec à son bord, un couple protégé du soleil par un parasol bleu se lance vaillamment dans le remous des thoniers, des chalutiers et des plaisanciers vers le lieu de la cérémonie en hommage aux marins disparus en mer.

Remous néfaste au petit hors bord: les vagues s’invitèrent a l’arrière de la coque. Ecoper devint inutile. Heureusement, le bateau de la SNSM n’était pas loin. Intervenant rapidement, nos deux téméraires furent hissés a bord. Le petit bateau le nez en l’air, regagna le port tracté par I’Ange Gardien des Mers.

Et puis, le moment du recueillement, la gerbe jetée dans les vagues, l’Ave Maria, la Marseillaise, et pour clore la cérémonie, le concert de cornes de brune de tous les bateaux venus rendre hommage aux marins disparus en mer.

La maquette de l’église de RIO SALADO réalisée par François LAROZA.

                 

Préambule :

Histoire de la maquette de l’église de Rio, réalisée par F. LAROZA.

                  Ou comment cette maquette est sortie de l’ombre.

Le bureau de l’Amicale du Rio Salado était en réunion. Nous devions préparer notre rassemblement de Pentecôte. Auparavant, nous devions rendre compte de notre entrevue avec le Président du Centre de Documentation Historique sur l’Algérie (CDHA) au sujet d’une éventuelle maquette représentant un endroit de notre village cher aux Saladéens (la place du village, haut lieu de tous les faits marquants de notre communauté) qui serait placée dans la salle d’exposition du CDHA. La réalisation s’avérant hors de prix, nous pensions abandonner le projet lorsque Gérard LAMBERT nous parla de la maquette de l’église de Rio réalisée par François LAROZA. L’idée nous enchanta. Il nous suffisait d’aller exposer le projet à M. PEREZ, président du C.DHA. Comme le lundi, nous devions, Jacques et moi, nous rendre, sur son invitation, à la faculté de médecine de Montpellier, assister à l’inauguration d’une exposition sur les Médecins de la colonisation de 1830 à 1962 en Algérie , nous en avons profité pour lui parler de la maquette. L’affaire étant en bonne voie. Danielle LONG- RODRIGUEZ, présente au CDHA en tant que bénévole, prit la relève, fixant les rendez-vous entre  M. PEREZ et notre président E.REYNE.

Grâce à la bonne volonté de Gérard et Monique LAMBERT, qui allèrent  chercher la maquette dans le  Lot, nous avons pu l’admirer lors de notre rassemblement de Pentecôte.

L’interview de François LAROZA :

J’ai voulu en apprendre davantage, afin de vous faire connaître cette œuvre d’art. Le mot n’est par fort, loin de là. J’ai donc pris contact avec François.

Alors nous t’écoutons François. Raconte-nous comment l’idée t’est venue de faire une telle maquette:

«Je vais essayer de faire au mieux pour vous donner une idée du parcours de la maquette de l’église de Rio. Alors? Par où commencer? (un temps de réflexion et François reprend). Au printemps 1958, j’avais 16ans, j’ai construit, pour occuper mes après-midis, une petite pagode népalaise en utilisant uniquement des allumettes. Le résultat fut, on va dire, sympathique. C’est là que l’idée de réaliser une maquette -une grande cette fois- a commencé à germer dans mon esprit. Rapidement, j’ai pensé à l’église du village. Je l’ai toujours trouvée belle. Je l’ai toujours admirée. Comme j’en parlais à une de nos voisines qui observait ma petite pagode, elle me répondit d’un air moqueur: «J’aimerai bien voir ça!». Je n’hésitai pas à prendre ma décision. Aussitôt,  je me mis au travail. Très vite, j’ai compris que je me devais de respecter les règles élémentaires de solidité de la maquette: les proportions, l’échelle etc., etc. Du coup, je me suis rendu compte que le support prévu était beaucoup trop petit. En effet, chaque détail devait occuper l’espace qui devait être le sien dans l’ensemble réalisé pour que la structure reste cohérente. Avec quelques astuces et je pense, un peu de réflexion, j’ai toujours trouvé des solutions et c’est ainsi que mon affaire démarra.

Mon premier but fut de commencer à dessiner sur un carnet les détails du « bâtiment » point par point. Tout y passait: portes, fenêtres, rosaces, clocher, toitures ….Cela m’a pris beaucoup de temps, j’allais m’asseoir sur le seuil de chez M. DUCHEMIN, avec crayons et cahier. Je prenais les mesures, un œil fermé, bras tendu  me servant de mon pouce,  comme je l’avais appris en classe de dessin, notant tout dans les moindres détails. Ça en valait  la peine, car je ne savais pas à ce moment là que je ne terminerai pas ma maquette en Algérie, mais en France.

Cette construction me prit beaucoup de temps (de 1958 à 1963). Il  fallut faire appel à ma famille, mes voisins, mes amis pour amasser les allumettes indispensables à la réalisation de  la maquette. Et, en possession des « matériaux » et des « plans » que je m’étais fabriqués, je commençai les « travaux ». Sur le périmètre que j’avais tracé, les murs ont commencé à s’élever et les détails ont trouvé peu à peu leur place. Pour les parties les plus délicates  à installer, comme les toits, par exemple, j’ai dû  improviser et poser une charpente faite de planchettes. Elles servaient de support aux allumettes qui en l’occurrence firent office de tuiles. Dans ce cas particulier, les allumettes étaient collées sur l’arête et non à plat, contrairement aux autres parties de la construction.

Un autre point délicat fut la rosace à cause de ses formes rondes. En effet, si on essayait d’arrondir une allumette, elle cassait. La solution en fait, était simple: il suffisait de les mettre à tremper pendant quelques heures, et elles s’assouplissaient. On pouvait alors les « forcer » et leur donner la courbe nécessaire sans les casser.

Bien sûr, tout ne fut pas simple. La maquette inachevée quitta Rio Salado dans un conteneur. Elle arriva plus que dégradée : DÉMOLIE! Il ma fallu quasiment reconstituer mon église! Heureusement, j’avais mes croquis pour m’aider!

Au départ d’Algérie, je n’avais pas encore réalisé la partie supérieure du clocher, comme vous le montre la photo prise en France. Mes petits dessins, et une carte postale de l’église sont venus à mon secours. En 1963, dans mon village d’adoption, j’ai pu terminer -enfin!- la maquette de notre belle église (la vraie bien sûr), Mon pari était gagné : j’avais réalisé mon rêve.»

J’ai demandé à François de nous donner quelques renseignements supplémentaires concernant cette magnifique œuvre d’art. Puis, je  l’ai remercié au nom de tous les Saladéens  pour cette réalisation vraiment très réussie de notre belle église SAINT MICHEL.

Sur le plan technique voici  quelques détails:

*  Épaisseur des murs: 3 allumettes minimum.

*  Épaisseur au niveau du clocher: entre 4 et 7 allumettes.

*  Vitraux: papier hygiénique teinté à la peinture à l’eau

*  Découpe: des dizaines de lames de rasoir.

*  Colles utilisées:

  – gomme arabique en morceaux de chez M TISSINIER,

  – tubes de colle Scotch de chez M. SANCHEZ,

  – colle à bois blanche M. Bricolage,

* Nombres d’heures passées: 3000 heures environ.

* Nombre d’allumettes: 55000 environ.

Un grand merci à mes fournisseurs d’allumettes usagées.

*La maquette a été exposée 5 fois:

       – 4 fois à SAINT CÉRÉ dans le Lot  dont une fois à la MAISON des CONSULS, lieu officiel d’Expo.

       – 1 fois à MORANGIS dans l’Essonne (ville qui à offert la vitrine d’Expo)

Et François s’en est retourné dans son village où il exerce outre la fonction de maire adjoint, et celle, à la grande joie des habitants, de directeur dans  différentes activités. 

La maquette, elle, a changé d’horizon. Gérard LAMBERT et André BLASCO sont allés la chercher chez François, afin de la déposer au CENTRE de DOCUMENTATION HISTORIQUE sur L’ALGÉRIE (C.D.H.A) d’Aix en Provence. Ernest REYNE,  président de l’AMICALE du RIO SALADO  les y attendait. Danielle LONG prit les photos. Replacer la protection en verre fut un problème vite résolu. Et la magnifique maquette de François, un petit morceau de notre village, est maintenant au C.D.H.A où elle y séjournera pendant longtemps, exposée aux regards des visiteurs.



Le lien ci-dessous vous transportera au CDHA qui a réceptionné la maquette.

http://www.cdha.fr/leglise-saint-michel-de-rio-salado-au-cdha

EN DESCENDANT le BOULEVARD : 7ème balade.

          Et nous voilà, sirotant un café, grignotant un longuet au comptoir du BAR MACIA, prêts à nous lancer, pour la septième fois, à la découverte d’une rue de notre village. Nous allons essayer de remuer les cendres  de notre jeunesse passée la-bas. Alors? Vous me suivez?

Tout d’abord, je tiens à faire amende honorable: La famille JUAN compte quatre garçons: Emile, Christian, Jean-Paul et le dernier Yves que j’avais oublié. Heureusement, parmi nos « promeneurs », Marie Claire et Gérard m’ont rappelée à l’ordre. Que voulez-vous, ma mémoire a besoin d’un coup de main de temps en temps.

Donc, si vous le voulez bien,  continuons  notre promenade. Le Bar MACIA, disais-je, est tenu par Mme Juan et la grand-mère MACIA qui, infatigablement  va du bar à la boulangerie, de la boulangerie au bar, au service des clients. Une porte mitoyenne permet le passage de l’un à l’autre. M. JUAN est au fournil, qui n’est pas  dans l’arrière-boutique, comme vous le pensez, mais rue Marcelin ALBERT. Gérard me l’a dit, Émile me l’a confirmé. Bien sûr, rue Marcelin ALBERT ne vous « parle » absolument pas. A moi non plus d’ailleurs. Pourtant, si je vous annonce: le four est dans la rue qui est derrière l’école de garçons et qui conduit au stade de basket, là,  vous la localisez mieux, n’est-ce pas? C’est normal, nous ne connaissions pas le nom des rues de notre village. Sortons du bar. Attention! Il y a trois marches à descendre. Tient! Voilà M. JUAN qui revient du fournil avec la deuxième fournée de la journée, il va décharger sa charrette et  la remiser dans la cour de la boulangerie où se trouvent plusieurs appartements.. L’un, occupé par  la famille MACIA-JUAN, propriétaire des lieux, les autres par les MILLAN et leurs fils Cilo et René. Puis par Lucienne ESCUDERO la tante de Marie Claire, les CARICONDA, les  BOBOTE, et une dernière famille, dont le nom m’échappe (leur fille Aïcha et leur garçon employé  communal). Refermons le grand portail. C’est bientôt l’heure de la rentrée. Les garçons, dont l’école  toute proche n’a qu’un  étroit trottoir, préfèrent attendre l’ouverture des portes, ici, sur ce trottoir plus large où ils peuvent jouer tout à leur aise. Allez! Nous partons? Méfiez-vous! N’allez pas marcher sur les « pignols » qui jonchent le sol.  Les pignols? Des noyaux d’abricots! Pourquoi pignol? Bonne question! Peut-être  une « importation » lointaine de nos grands-parents espagnols. Je n’en sais pas plus!  D’ailleurs, impossible de trouver « pignol » dans les dictionnaires castillan ou valencien. Considérons donc, que ce mot fait parti de notre parler « Pied-Noir » comme pas mal d’autres. Bien sûr, j’accepte avec plaisir toutes autres explications. En attendant, faites attention où vous mettez les pieds : la partie est bien avancée à ce que je vois! Gérard, Tétou, Robert, Jean-Paul, et quelques autres camarades de classe, disputent très sérieusement ce jeu d’ adresse: renverser le « montonico » formé par trois « pignols ». Ce qui permettra au plus habile d’entre eux de récuperer tous les noyaux. Gérard excelle dans ce jeu,  c’est lui qui rafle rapidement tous les pignols. Il les enferme , dans le petit sac que grand-mère GALLARDO lui a donné. Un petit sac qui vante une marque de riz ou de pâtes, je ne sais plus. Il est organisé notre Gérard , qu’est ce que vous croyez! Les autres, tête-basse, serrent dans leur poche les quelques noyaux restants qu’ils agitent nerveusement. Jean Paul transformera son dernier pignol en sifflet en le frottant sur un muret cimenté afin de l’user des deux côtés. L’amande centrale éliminée, il pourra siffler  à tue-tête et casser les oreilles de sa famille. François est ravi: il a empoché la « madré » et une belle quantité de pignols. Ces coquins ont installé leur jeu devant la mercerie de Mme ORSERO.

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